L’ÉCLIPSE DE JEAN-MARIE LE PEN
C’est officiel, il va partir. Pour l’histoire de l’extrême droite en France, c’est une date importante. En effet, le leader historique a, pour la première fois, annoncé son intention de ne pas se présenter aux élections présidentielles de 2012 et émis le vœu que sa fille, Marine Le Pen, lui succède à la tête du Front National.
Après avoir, à lui seul et durant des décennies, incarné les forces d’extrême droite, M. Le Pen amorce une retraite à laquelle un grand nombre de militants de son parti, entrés en dissidence, ne croyaient plus… Et pour protester contre ce qui paraissait être une main mise insupportable sur leur parti, ils étaient allés ailleurs ou avaient créé d’autres structures, plus démocratiques à leurs yeux.
On ne compte plus ceux qui se plaignaient de la conduite des affaires par M. Le Pen ; il suffit de rappeler le MNR qui fut fondé contre le parti par certains de ses anciens membres. Sans même parler des graves difficultés financières subies par le FN à la suite de ce qu’il faut nommer des revers électoraux. Aux dernières élections présidentielles et législatives, Nicolas Sarkozy avait laminé le parti d’extrême droite en reprenant habilement certaines de ses idées et en le vidant graduellement de sa substance. Pendant les campagnes électorales, le leader du FN fit mine de ne pas s’en soucier, mais en réalité il était largement dominé. Ses deux thèmes majeurs, les plus porteurs aux yeux de l’opinion, ont toujours été l’insécurité et l’immigration. Tout le discours du FN sur ces deux thèmes n’est pas entièrement faux et il suffit de voir combien le discours politique qui était inconcevable hier est devenu parfaitement acceptable aujourd’hui.
Nous nous contentons de faire un constat, il n’et pas question pour nous d’interférer dans un simple commentaire dans une situation donnée. En cherchant avec insistance à remplacer un état de fait par un discours très idéologique et en substituant aux arguments des principes contredits par une réalité criante, la gauche a montré ses limites, ce dont le parti de M. Le Pen a systématiquement tiré profit.
Pour finir, la bataille de la succession qui s’annonce fera rage, c’est incontestable. La vieille garde du parti n’acceptera jamais d’être emmenée par une jeune femme comme Marine Le Pen. D’autres considéreront qu’il est temps pour le FN d’abandonner une rhétorique stérile pour devenir enfin l’appoint d’une force gouvernementale de droite-droite…
Que va-t-il se passer ? L’avenir nous le dira. Mais le paysage politique français n’échappera pas, c’est sûr, à une profonde recomposition. Au moins, à droite.