L’AFFAIRE GRÉGORY, UN QUART DE SIÈCLE APRÈS…
C’est de nouveau l’affaire Grégory que l’on exhume, vingt-quatre ans après les faits. On se souvient encore de cette énorme énigme non résolue à ce jour de la justice française. Ce petit garçon, retrouvé noyé dans la Vologne, pieds et poings liés… Il y eut tant d’inculpations, de mises en détention (dont celle du père et ensuite de la mère), des successions de juges, etc… rien n’y fit. On n’a toujours pas découvert le ou les coupable(s).
Ce genre d’affaires évoque bien l’état rance ou moisi de certaines franges de la société, dans quelque pays que ce soit. Des gens déshérités, à la marge de la société, reclus, repliés sur eux-mêmes et qui deviennent les ennemis invétérés de tout, de la société, des autres, de tout ce qui n’est pas eux-mêmes. En écrivant ces lignes, je ne pense pas des personnes bien définies ayant une existence individuelle concrète. Je vise plutôt des situations, des états de fait où l’avenir est bouché et où les relations sociales (je ne dis même pas humaines) sont quasi inexistantes… Ce genre de lieux où l’existence est morne, le temps immobile et les lendemains désespérément similaires et la journée d’hier ou d’avant-hier.
Les parents ont donc demandé que le dossier du meurtre de leur fils soit rouvert pour que les progrès accomplis dans le domaine de la police scientifique (ADN etc…) soient mis à profit pour démasquer le coupable. Cette volonté est légitime et il est regrettable que des assassins courent toujours sans être punis pour un crime aussi abject.
Mais je ne puis m’empêcher de relever que la justice ou l’absence de justice, son fonctionnement convenable ou, au contraire, son dysfonctionnement, sont des marqueurs majeurs en ce qui concerne l’état d’une société, sa perfection ou son imperfection. Il suffit de constater dans quelle mesure, sans cesse croissante, la chronique judiciaire passionne nos contemporains… Est-ce un bienfait ? J’en doute.
Je pense, pour ma part, aux parents qui portent leur croix depuis un quart de siècle. Mais je pense surtout à cet enfant, à ce beau visage poupin d’un être humain que nous n’avons pas su ni pu protéger et qui , aujourd’hui, aurait eu trente ans.