L’ETRANGE HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON…
j’ai rarement vu un aussi beau film. Hier soir, à Pont l’Evêque, nous sommes allés dans ce bon vieux cinéma de la ville où quelques spectateurs assistaient, dans une si grande salle, à la projection. Pas de files d’attente comme à Paris, pas de prix onéreux du billet d’entrée. Bref, une atmosphère polie et bon enfant, si caractéristique de nos provinces.
L’ETRANGE HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON…
j’ai rarement vu un aussi beau film. Hier soir, à Pont l’Evêque, nous sommes allés dans ce bon vieux cinéma de la ville où quelques spectateurs assistaient, dans une si grande salle, à la projection. Pas de files d’attente comme à Paris, pas de prix onéreux du billet d’entrée. Bref, une atmosphère polie et bon enfant, si caractéristique de nos provinces.
Quelle histoire ! un bébé-vieillard naît, son père désespéré l’abandonne car il trouve que c’est un monstre et, en plus sa femme meurt en couches. Il est recueilli par une adorable femme noire qui travaille dans un hospice de vieillards. Ce bébé vieux présente toutes les caractéristiques de la sénilité ; peu importe, on le garde tout de même, on l’élève, on le nourrit. Et petit à petit il rajeunit et devient un très beau garçon Devenu moins repoussant, il découvre l’amour et c’est là le plus bel aspect, le côté romantique du film.
Après avoir été déniaisé dans des maisons qui servent, paraît-il, à cela, il suscite l’intérêt d’une très belle femme, mariée à un diplomate-espion plus âgé qu’elle, qui initie le jeune Benjamin à la dégustation du caviar, de la vodka et à l’amour… C’est très beau, très émouvant sans qu’aucune scène de nu ne soit produite, ce qui aurait affadi le film. Les merveilleuses nuits d’amour se succèdent jusqu’au jour où la belle inconnue ne vient plus. Ce n’est pas faute d’avoir prévenu : dès le premier baiser, elle avait spécifié qu’ils ne se diraient aucune déclaration ni ne se feraient aucune promesse.
Mais le grand amour de sa vie, la jeune fille qu’il avait rencontrée à l’hospice où elle rendait visite à sa grand mère, revient après une grande carrière de danseuse. Après des hauts et des bas, les vicissitudes de la vie humaine ou sociale, Benjamin et cette superbe jeune femme s’aiment et vivent comme ils l’entendent. Dans leur maison, pas de mobilier, juste un matelas, ils ne se lèvent jamais à la même heure, font continuellement l’amour… Et voilà, un bébé arrive : Benjamin, qui sait que sa vie se déroule dans le sens inverse de celui d’une montre (comme il et né vieux, au lieu de vieillir, il rajeunit), est inquiet : pourras-tu, dit-il, à sa pulpeuse amante, élever deux enfants ? Question cruciale…
Elle répondit qu’elle est follement amoureuse et qu’elle pourra tout faire, elle qui a dû abandonner la danse, la vie exaltante qu’elle menait auparavant.
Ce passage du film est le plus fort : nous voyons, nous autres hommes, que notre amour n’est jamais aussi puissant, aussi profond ni aussi violent que celui qu’une femme peut nous porter. A quoi cela tient-il ? A la sensibilité amoureuse des femmes pour lesquelles l’amour représente souvent le bien suprême…
Quand Benjamin rajeunit au point que sa femme a soixante ans et qu’il en paraît vingt-cinq, elle vient le rejoindre dans sa chambre d’hôtel. Il l’enlace amoureusement et elle dit cette phrase d’une ineffable douceur : Benjamin, mais je suis une vieille femme… Pourtant, les prises de vue lorsqu’elle se rhabille pour rentrer chez elle sont parmi les émouvantes du film. C’est le drame des couples amoureux, en dépit d’une grande différence d’âge .
La vie, nous dit-on, finit toujours mal car au bout de l’aventure, il y a la mort. Mais la seule chose qui soit vraiment immortelle, c’est l’amour : telle est la leçon que la femme donne à sa fille sur son lit de mort et en lui révélant la véritable identité de son père…
Cette belle phrase de Nietzsche (qui explique pourquoi nous, hommes, même trempés, n’oublions jamais notre maman) : Ô êtres humains, vénérez la maternité, l’homme n’est jamais qu’un hasard.