HUIT CENTIEME ARTICLE
La prison : les peines de très longue durée
La récente évasion, suivie peu de temps après par la fin de cavale de deux dangereux détenus qui s’étaient enfuis de leur centrale, remet au centre de l’actualité le régime carcéral, sa destination, et ses perspectives. On a vu que l’un des détenus, criminel dangereux, ayant une longue carrière de malfaiteur et aussi, chose plus grave, du sang sur les mains, a dit qu’il ne pouvait pas vivre avec l’idée qu’il ne sortirait, au mieux, qu’en 20045 !
HUIT CENTIEME ARTICLE
La prison : les peines de très longue durée
La récente évasion, suivie peu de temps après par la fin de cavale de deux dangereux détenus qui s’étaient enfuis de leur centrale, remet au centre de l’actualité le régime carcéral, sa destination, et ses perspectives. On a vu que l’un des détenus, criminel dangereux, ayant une longue carrière de malfaiteur et aussi, chose plus grave, du sang sur les mains, a dit qu’il ne pouvait pas vivre avec l’idée qu’il ne sortirait, au mieux, qu’en 20045 !
Un être humain, même lourdement condamné pour des crimes odieux, n’en reste pas moins un homme, la justice n’étant pas la loi du talion mais l’effort consistant à faire régner l’équité, même dans les cas les plus révoltants : et je pense au procès qui a commencé dans la capitale cambodgienne, impliquant un dangereux criminel, responsable putatif de la mort de près 16 000 personnes : qu’entrevoir pour lui, si ce n’est au moins la prison à vie ?
Pour le cas qui nous occupe, celui des deux évadés heureusement repris par les forces de l’ordre, que pourra-t-il se passer ? Normalement, une tentative d’évasion est punie d’environ quinze années de prison. Pour l’un des condamnés, cela voudrait dire une sortie non plus en 2045, mais en 2070 !!! L’autre évadé doit purger une peine de 10 ans si l’on y ajoute encore 15 années, cela paraît moins désespérant. Mais tout de même…
Que faire ? J’écarte d’emblée l’option, jadis appelée par un ancien chef de l’Etat, «les prisons quatre étoiles» ; mais il faut lutter contre le surpeuplement, la violencc et le racket en prison, les brimades etc… Un détenu ayant purgé une longue peine de prison rappelait récemment que les juges l’avaient condamné à des années de privation de liberté et non pas à une humiliation permanente. C’est vrai, mais la prison doit faire peur, elle doit inspirer une phobie afin d’avoir un effet préventif. Sinon, la porte est ouverte à tous les abus.
Peut-être faudrait-il allier punition et préparation à la réinsertion pour ceux qui n’ont pas de peine incompressible excédant plus d’un quart de siècle. Mais même dans ce cas, on ne peut pas écarter des mesures humanitaires, des parloirs intimes avec leur épouse ou concubine, des visites d’enfants ou de familles, le cas échéant, et le travail en prison afin de mieux supporter la détention et de se rendre utile, de quelque façon que ce soit.
C’est difficile, on le voit bien, mais le mieux est encore de ne pas commettre de délits. On nous répondra que la violence est présente dans la société et que les délinquants le deviennent en se défendant contre elle. Personnellement, je ne trouve pas cette idée convaincante. Mais je pense, malgré tout, qu’il faut une application mesurée de la loi. Un homme coupable n’en demeure pas moins un homme…