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JOHANN WOLFGANG GŒTHE : JE PREFERE L’INJUSTICE AU DESORDRE

JOHANN WOLFGANG GŒTHE : JE PREFERE L’INJUSTICE AU DESORDRE

Si vous regardiez comme moi, ce matin, toutes les chaînes de télévision donnant des informations sur la situation socio-économique de la France, vous verriez qu’il n’est question que d’une chose : les séquestrations de cadres par des salariés d’entreprises qui mettent la clé sous la porte. On ne parle que de cela, ces nouvelles rapportant des cas de séquestrations se multiplient et inquiètent. Récemment, à Genève, un journaliste ami, s’étonnait que je fasse état dans ce blog de simple faits divers. A cette allure, ce ne sont plus des faits divers, mais de fais de société.

 

JOHANN WOLFGANG GŒTHE : JE PREFERE L’INJUSTICE AU DESORDRE

Si vous regardiez comme moi, ce matin, toutes les chaînes de télévision donnant des informations sur la situation socio-économique de la France, vous verriez qu’il n’est question que d’une chose : les séquestrations de cadres par des salariés d’entreprises qui mettent la clé sous la porte. On ne parle que de cela, ces nouvelles rapportant des cas de séquestrations se multiplient et inquiètent. Récemment, à Genève, un journaliste ami, s’étonnait que je fasse état dans ce blog de simple faits divers. A cette allure, ce ne sont plus des faits divers, mais de fais de société.
Comment faut-il réagir face à cette flambée de violence qui menace notre société ? C’est ce qui m’a fait à cette phrase de Goethe, apprise lorsque j’étais jeune étudiant germaniste à la Sorbonne. A l’époque, j’était contre, je trouvais que Goethe représentait alors, à mes yeux, la suprématie des forces conservatrices au sein du corps social et cherchait à pérenniser le système ancien. Aujourd’hui, mon opinion a changé…
Comment peuvent réagir des hommes et des femmes auxquels on annonce soudainement la fermeture prochaine de leur lieu de travail et, partant, la suppression de leur emploi, donc eo ipso leur inscription au chômage ? La réaction ne peut être que le découragement, la révolte, mais pas nécessairement la violence et les  séquestrations. Car, si l’on poursuivait dan cette voie, bientôt tout le monde séquestrera tout le monde. Et je pense, bien modestement, que les pouvoirs publics n’ont pas eu raison de laisser faire ; ils auraient dû faire donner la force publique. Car, demain, des contribuables, en désaccord avec les inspecteurs des impôts, pourraient songer à les séquestrer dans leurs bureaux… La même chose pour tous les secteurs et échelons de l’administration.
Il y a aussi un dangereux précédent, c’est la mentalité révolutionnaire, voire violente, du peuple français. Loin de moi l’idée que les Français seraient plus dangereux que les autres populations de l’Union européenne. Ce que je veux dire, que la charge révolutionnaire, virtuelle dans l’histoire de ce pays, pourrait revenir comme une boomerang… Avez vu les images de la mise à sac de la sous préfecture de Compiègne ? Et les bureaux de Continental, dévastés lorsque le tribunal de Sarreguemines a débouté les grévistes ? Lorsque les  casseurs furent interrogés sur le sens de leurs actes, ils répondirent que la sous préfecture, c’est le préfet, c’est le pouvoir, donc on s’en prend à lui, puisqu’il est responsable de tout…
Ce saisissant raccourci est touchant. Peut-être y a t-il de ce point de vue un léger déficit d’information de la part du pouvoir ; expliquer et dire clairement que nous vivons une crise, un changement d’époque et q’une économie disparaît pour laisser placer à une autre… C’est triste, c’est même grave, mais que faire. Peut-être veiller à une meilleure indemnisation, à un meilleur reclassement des salariés menacés. Mais point d’actions violentes.
A plus de cinquante, on se range du côté de Gœthe : l’injustice (hélas) mais pas le désordre. C’est mieux que la boutade d’Edgar Faure : je préfère être dans une voiture sans moteur que dans une voiture sans freins…

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