Pierre BEREGOVOY, hier soir dans un téléfilm sur France 2
Seize ans, jour pour jour, après sa mort dramatique (un suicide le log des berges à Nevers, la ville dont il était le maire) Pierre Beregovoy, le vieux militant socialiste, d’origine russe, l’éphémère premier ministre de la France, contient d’intriguer et d’attirer l’attention. Le filme et le débat que lui a consacré hier soir la seconde chaîne publique française ne laisse pas d’émouvoir.
Pierre BEREGOVOY, hier soir dans un téléfilm sur France 2
Seize ans, jour pour jour, après sa mort dramatique (un suicide le log des berges à Nevers, la ville dont il était le maire) Pierre Beregovoy, le vieux militant socialiste, d’origine russe, l’éphémère premier ministre de la France, contient d’intriguer et d’attirer l’attention. Le filme et le débat que lui a consacré hier soir la seconde chaîne publique française ne laisse pas d’émouvoir.
La trame de cette histoire dramatique, celle d’un succès chèrement payé, est la suivante : un ancien ouvrier, doté d’un CAP d’ajusteur, se hisse ,à force de travail et d’efforts, au même niveau que les meilleurs lauréats des grandes écoles et accède à la direction du gouvernement. Une telle arrivée ne pouvait pas, selon l’idée directrice du film, ne pas susciter des jalousies et des haines qui finirent par causer la perte de cet homme. A cela s’ajoute un élément non négligeable : la fascination que ce monde de luxe, peuplé de puissants, voire de très puissants, ne manqua pas d’exercer sur un homme qui avait passé sa vie avec sa femme dans un pavillon de banlieue… Le problème, c’est que cela ne lui a plus suffi et, parvenu au sommet du pouvoir, ou presque (il a même caressé le rêve de succéder à François Mitterrand, malade), il ne pense plus qu’à une chose, habiter dans le plus beau quartier de Paris, là où se trouvent les plus grandes fortunes mais aussi les membres de la classe économique et politique, issus, eux, des milieux grand-bourgeois.
L’affaire est connue : au lieu de se méfier et de redoubler de prudence dans ce milieu d’affairistes de haut vol et de cyniques dénués de scruopules, il accepte un prêt fatidique d’un pauvre petit million de francs afin d’acquérir un appartement de 100 mètres carrés dans le XVIe arrondissement de Paris. S’ensuit une affaire de délits d’initiés et avec toutes ces complications, ce malheureux discours d’investiture à l’Assemblée Nationale qui fit sortir la droite de ses gonds…
Mais ce n’est pas tout. A la découverte du corps ensanglanté le long des berges de Nevers, on se rend compte qu’un petit carnet de téléphone que le premier ministre d’antan portait sur lui, a disparu. Cette disparition alimenta les rumeurs les plus folles, certaines allant jusqu'à la thèse du complot et de l’assassinat par un commando d’hommes grenouilles… En fait, c’est son directeur de cabinet de la mairie, au courant de sa double vie, qui avait pris le carnet afin que la veuve ne découvre pas certains numéros de téléphone compromettants pour la vie privée de son mari…
Mais ce n’est pas ce qu’il faut retenir, selon moi. A la mort, il ne restera de nous tous qu’un tas de petits secrets plus ou moins bien gardés… Ce qu’il faut retenir, c’est l’injustice qui a poursuivi cet homme sa vie durant, le mépris que lui vouaient ses propres amis, issus d’un milieu bourgeois et diplômés des grandes écoles. Nous n’avons rien contre cela, bien au contraire. Mais un homme comme Pierre Bérégovoy méritait mieux que cette chasse à l’homme qui finit par l’emporter. La presse fut incroyablement dure à son égard. Des plumes peuvent parfois tuer. Les haines partisanes sont plus venimeuses que la haine tout court.
Pour le reste, ce fut un grand serviteur de son pays. Naïf, trop naïf, peut-être dans un milieu où les scrupules et la naïveté constituent un véritable arrêt de mort… (J’avais déjà recensé ici même un livre qui lui avait été consacré)