AMIR WEITMANN, L’AFFAIRE MADOFF. LES SECRETS DE L’ARNAQUE DU SIECLE. PARIS, PLON, 2009.
Quand on repose ce livre, après une lecture qu’on voulait pourtant assez attentive, on s’interroge : mais comment était-ce possible ? Comment a-t-il pu faire ? Comment a-t)il réussi à duper tant de gens ? Nous savions pourtant qu’on pouvait tromper quelqu’un tout le temps ou tout le monde un temps, mais jamais tout le monde tout le monde… Et pourtant ; c’est bien ce qui s’est produit ! Et, au fond, qui nous dit que cela ne se serait pas poursuivi un long moment, de nombreuse années, si la crise des avoirs pourris n’avait précipité la chute de cet escroc ?
Le livre est simple et bien fait. Il semble qu’il mette vraiment à nu le système de Madoff : avoir trouvé le point d’équilibre entre une escroquerie mesurée (gagner de l’argent mais point trop pour ne pas éveiller des soupçons,) d’une part, et garder le silence sur le mécanisme de ce qu’il faut bien nommer une arnaque, d’autre part.
AMIR WEITMANN, L’AFFAIRE MADOFF. LES SECRETS DE L’ARNAQUE DU SIECLE. PARIS, PLON, 2009.
Quand on repose ce livre, après une lecture qu’on voulait pourtant assez attentive, on s’interroge : mais comment était-ce possible ? Comment a-t-il pu faire ? Comment a-t)il réussi à duper tant de gens ? Nous savions pourtant qu’on pouvait tromper quelqu’un tout le temps ou tout le monde un temps, mais jamais tout le monde tout le monde… Et pourtant ; c’est bien ce qui s’est produit ! Et, au fond, qui nous dit que cela ne se serait pas poursuivi un long moment, de nombreuse années, si la crise des avoirs pourris n’avait précipité la chute de cet escroc ?
Le livre est simple et bien fait. Il semble qu’il mette vraiment à nu le système de Madoff : avoir trouvé le point d’équilibre entre une escroquerie mesurée (gagner de l’argent mais point trop pour ne pas éveiller des soupçons,) d’une part, et garder le silence sur le mécanisme de ce qu’il faut bien nommer une arnaque, d’autre part.
L’auteur de ce livre explique aussi que les victimes portaient une part non négligeable de responsabilité, mus par ce qu’on nomme généralement l’appât du gain, une passion bien humaine, véritable moteur de toute activité de l’homme sur cette terre. Mais il ne fallait pas, à ses yeux, négliger la diversification des investissements.
Ce qui est frappant, malgré tout, c’est le placidité du personnage, qui demeure seul avec son énigme : comment Madoff a-t-il pu dormir toutes ces nuits, alor qu’il n’avait jamais investi le moindre kopek confié à ses soins ? Il se contentait de virer tous ces milliards sur un compte personnel d’une grande banque de New York et servait en fin d’année des intérêts d’environ 10%, qu’il pleuve ou qu’il vante… En d’autres termes, alors que les autres fonds étaient tous soumis aux aléas de la conjoncture économique et servaient des dividendes fluctuants, le système Madoff semblai immuable . Un trait caractéristique qui aurait dû mettre la puce à l’oreille des investisseurs. Si les fonds Madoff étaient à l’abri des fluctuations du marché absolument, c’est qu’ils n’étaient absolument pas dans le marché. Mais ailleurs. Bien au chaud sur le compte de celui qui avait monté une chaîne de Ponzi…
L’auteur a interviewé de redoutables financiers, genevois, notamment, qui lui ont avoué avoir eu des doutes mais que ces doutes furent balayés par la placidité du personnage. Pressé de questions, Madoff avait l’art de stopper ses interlocuteurs en disant que la suite revêtait un aspect confidentiel… Et les gens, séduits par l’intérieur du building, s’arrêtaient.
Quant aux victimes, certaines se sont suicidées, elles n’ont pas de mots assez durs pour stigmatiser le personnage, notamment Elie Wiesel qui n’est pourtant pas un idiot… Ce Madoff, dit-il, a escroqué toutes les grandes institutions juives américaines, sans oublier des particuliers, des personnes âgées, se retrouvant sans rien, du jour au lendemain…
Lisez, je vous prie, la déposition faite devant le juge new yorkais. C’est sidérant. Madoff avoue tout mais ce n’est pas soulager sa conscience, c’est presque un plan mis à exécution, une leçon bien apprise. On a même l’impression qu’il veut circonscrire le mal et sauver ce qui peut l’être…
Que cela serve de leçon à ceux qui pensent que l’on peut faire de l’argent comme l’autre qui multipliait les petits pains. Dans la finance, pas de miracle. Et s’il y en a, c’est un effet d’optique. Ou qu’il y a un Monsieur Madoff qui se cache derrière…