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L’AMÉRIQUE DE MONSIEUR OBAMA ET LA HAINE DE SOI

L’AMÉRIQUE DE MONSIEUR OBAMA ET LA HAINE DE SOI

La lecture, hier soir, de la conférence du professeur Simon SERFATY, éminent spécialiste des relations internationales aux USA, prononcée devant le Forum du futur à Paris, m’a inspiré ce blog matinal sur un sentiment étrange qu’ont éprouvé une bonne majorité des Américains lors de la dernière élection présidentielle. Ils ont élu un homme, certes, jeune et audacieux, sûr de lui et conscient de sa valeur, mais entièrement dépourvu d’expérience et faisant avec une difficulté extrême ses premiers pas en matière de politique étrangère. Ce qui est quelque peu inattendu quand on dirige la première grande puissance mondiale…

Ce sentiment dont je parle a donné l’impression aux Américains qu’ils faisaient désormais figure d’accusés, de méchants et d’iniques sur la scène internationale. Et cette haine que le monde apparemment dirigeait contre eux, ils l’ont étrangement retournée contre eux mêmes. Au point d’en faire une haine de soi, en anglais self-hatred.

Un petit rappel historique : en 1930, un juif allemand du nom de Théodore Lessing, conscient de la détestation croissante des Allemands à l’égard de la population juive, écrit un livre pour dépeindre la fin dramatique de six grandes personnalités juives allemandes ou autrichiennes, incapables de surmonter ce violent rejet social et religieux dont ils faisaient l’objet… Et cette haine qu’on leur vouait était si forte que même après leur conversion au christianisme et leur récusation définitive de leur judaïsme ancestral, était retournée contre eux mêmes par eux mêmes… D’où la notion de Selbsthaß, chez Lessing der jüdische Selbsthaß.

En lisant cette très instructive conférence, on relève évidemment ce trait psychologique fort important et qui a été décisif dans l’élection du nouveau président pour lequel le conférencier reconnaît avoir lui-même voté. On peut donc dire que l’élection d’un homme comme Monsieur Barack Obama est avant la manifestation d’une culpabilité, d’un mal être et d’un mal vivre qu’on a cru conjurer en mettant tel bulletin et pas tel autre dans l’urne.

Il semble que la vitalité et le dynamisme des USA soient en panne. Mais près tout, les hommes passent et les pays restent. Gageons que plus tard, les USA remonteront sur leur cheval qui repartira au galop vers de nouvelles conquêtes. Pour les Américains, la notion de nouvelles frontières est cruciale : souvenons nous du mouvement vers l’ouest (westward movement) et la conquête de l’espace qui lui succéda des décennies plus tard. L’Amérique éternelle a besoin de retrouver sa bonne conscience.

 

NB: La version française de la Haine de soi (Paris, Berg International, 2001) est dispsonible chez l'éditeur au 129 Bd Saint Michel 75005 Paris

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