Mais que se passe-t-il en Turquie ?
Les autorités judiciaires turques ont procédé à l’arrestation de dizaines d’officiers supérieurs, d’active ou du cadre de réserve, soupçonnés de comploter contre le gouvernement actuel de tendance islamo-conservatrice. Les rumeurs les plus folles circulent sur cet incident grave qui compromet un peu plus les chances qu’aurait ce pays d’Asie à entrer un jour dans l’Union Européenne. Généraux et amiraux, environ une quarantaine, auraient mis en place un complot pour renverser le gouvernement dont ils jugent l’action contraire aux principes laïques du père de la Turquie moderne.
Au programme on trouverait des projets d’explosions dans des mosquées, des troubles graves de l’ordre public, bref la création d’une situation pré insurrectionnelle qui aurait rendu nécessaire la prise du pouvoir par les généraux lesquels auraient , en même temps, réglé leurs comptes avec les islamistes…
Voici ce qui se dit et ce que les gens peuvent lire dans la presse.
Les accusés répondent que de tels plans sont fictifs, qu’ils ne sont qu’un Kriegspiel, en anglais wargame. En fait, des plans dont regorgent les tiroirs de tous les états majors de toutes les armées du monde…
Qui dit la vérité ? Probablement aucun des deux camps ! Car le gouvernement turc actuel avait échappé à la catastrophe qu’in extremis lorsque la cour constitutionnel lui avait laissé une chance de se maintenir. Une plainte avait été déposée contre lui devant la plus haute juridiction du pays et les sages turcs avaient su maintenir un très subtil équilibre entre le gouvernement et les généraux : mandes très lourdes infligées au parti gouvernemental, interdiction d’activités politiques à l’encontre de cadres dirigeants de l’AKP, mais maintien au gouvernement des dirigeants en place.
Certains susurrent que dans l’épreuve de force engagée, c’est un parti qui essaie de prendre définitivement sur l’autre, d’où l’accusation de fomenter un complot… Qui sait ? ce qui, en revanche, est évident et ne souffre pas la moindre ambiguïté, c’est que la politique actuelle du gouvernement turc est inconciliable avec la culture de l’armée turque, muraille de fer dressé contre l’intégrisme religieux et l’islamisme… Souvenez vous du port du voile islamique : la propre épouse du premier ministre actuel ne s’en cache pas, elle le porte en public comme en privé. C’est son droit. Mais que dira et que fera l’armée qui réaffirme sans cesse son attachement à la laïcité dans la vie publique ?