L’INAUGURATION DE LA SYNAGOGUE DE LA HOURBA À JÉRUSALEM
Mais pourquoi tant de violence et d’émotion à l’occasion de l’inauguration d’une si vieille synagogue qui symbolise, à elle seule, le retour de l’âme juive dans sa patrie ancestrale ? C’est une synagogue, un lieu de prière, ce n’est ni une caserne ni une place forte, mais un lieu d’où se sont toujours élevées les prières d’hommes et de femmes, martyrisés et persécutés, alors qu’ils vivaient dans leur patrie…
On parle d’une mise en danger de la mosquée voisine, c’est inexact : j’y vois plutôt un rapprochement de deux cultes, monothéistes, usant de deux langues sœurs, membres du groupe linguistique du sémitique nord. Après tout le mot Allah n’est jamais que la re-vocalisation du terme hébraïque (et par delà sémitique Eloha…
Certes, sur ce problème religieux, antagonisme entre deux ethnies, se greffent des nationalismes non moins intransigeants. Je suis bien conscient que des arguments de nature historique ne font pas la décision. Et la paix elle-même ne jaillira que d’une remise à plat des structures mentales théologiques de chacun : comment le musulman voit-il le juif et inversement, comment le juif perçoit le musulman… Et aujourd’hui, nous sommes très loin du compte.
On peut regretter que des danses de joie et d’allégresse autour du rouleau de la Tora, qui a apporté au mondé le monothéisme et le messianisme provoquent une telle vague de violence. Si la paix s’introduisait enfin dans les esprits et les cœurs, telle construction ou tel établissement ne soulèverait plus tant de craintes, voire de haines.
On pourrait s’interroger sur le dessein profond d’une divinité qui se refuse à éclairer un tant soit peu tous ses enfants qui se réclament d’elle et prétendre la servir avec amour. Mais l’amour de Dieu passe d’abord par l’amour et le respect à ses créatures. Toutes ses créatures, sans exception aucune.
Mais les juifs, de tout temps, ont prié pour leur retour à Jérusalem. Et chaque année, chaque jour que Dieu fait, ils réitèrent cette prière, enfin exaucée après deux mille ans d’errance et de souffrances. Et cette année, le 29 mars, au coucher du soleil, tous ces juifs réciteront le seder de la sortie d’Egypte, qui commence justement par une supplique : le retour à Jérusalem.
Juifs et chrétiens y pensent et le savent bien. Mais ce n’est pas suffisant : tous les fils d’Abraham doivent en être convaincus. On en est encore assez loin.