LES ELECTIONS REGIONALES EN FRANCE : UNE CRISE DE LA DEMOCRATIE ?
C’est du jamais vu ! On risque d’avoir pour le second tour de ces élections, un taux d’abstention supérieur à ce que nous avons connu au cours du premier tour. Plus de 55% ! La classe politique aurait grand tort d’ignorer un tel phénomène de désaffection et le de le traiter comme un problème mineur. Certes, la lumière rouge s’est surtout allumée dans des cités et des banlieues où le bulletin de vote n’a pas encore pu s’inscrire dans les mœurs des gens qui sont, pour la plupart, des immigrés ou des Français de fraîche date. Que l’on me comprenne bien : je ne reproche rien à personne, je dresse un simple constat à la suite de tant de spécialistes de sociologie politique.
On peut aussi formuler l’explication suivante : comme ces élections ne sont pas décisives, comparées aux présidentielles et aux législatives, les électeurs qui ont effectué leurs obligations civiques, ont émis un vote de protestation, tandis que ceux qui s’estimaient bien représentés et donc bien dirigés, se sont abstenus. C’est pour cette raison qu’il est insensé de prétendre que la gauche est majoritaire dans ce pays alors que la majorité, elle, n’est pas allée voter : 55% d’abstentionnistes, voilà la majorité.
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Mais allons plus loin et voyons ce que ce désintérêt peut signifier pour la vie démocratique d’un pays. Le danger le plus grave est de désespérer d’un régime politique et de se figurer que la classe politique gère ses propres intérêts sans se préoccuper de la population qui l’a choisie. Et c’est malheureusement souvent ce qui se passe. Le troisième tour, c’est-à-dire celui au cours duquel les élus se répartissent les postes (et diront certains, les prébendes) se passe en l’absence des électeurs qui deviennent alors les grands muets de la consultation.
Voyez ce qui se passe entre les socialistes et les écologistes : leurs schémas de développement respectifs, leurs idées sur la croissance et la décroissance, leurs conceptions de la société et de presque tout le reste, divergent gravement. Leurs seul point commun est le rejet de la majorité actuelle et aussi, ne l’oublions pas, leur désir profond d’occuper les postes.
Et ceci, hélas, est valable pour tous les partis. La solution est de se rapprocher des gens et de ne plus faire carrière en politique : on devrait faire de la politique cinq, dix ou quinze ans, et redevenir ensuite ce qu’on était avant d’en faire. Or, les élus ne renoncent jamais. EDt quand ils partent, c’est parce qu’ils y ont été contraints.