Niswiyya islamiya : féminisme islamique, un oxymore ?
Un petit article non dénué d’humour de Gilles Paris, paru dans Le Monde en date du 28 mars a retenu mon attention. Il rend compte d’un congrès de femmes à Ryad où, l’auteur l’écrit noir sur blanc, les femmes sont considérées, dans leur propre pays, comme des citoyens de seconde zone. Est-ce vraiment une nouveauté ? Pas vraiment. L’article se demande comment les femmes pourraient réussir à faire évoluer les choses, à savoir déplacer une chape de plomb pluriséculaire qui paralyse, dans les pays arabes, ce que Mao nommait, l’autre moitié du ciel… Et comme disent les inspecteurs d’académie en écoutant une jeune maître stagiaire faire la classe, il y a encore beaucoup de travail à fournir… Or, en agissant ainsi, ces pays s’amputent d’une partie importante de leur richesse humaine, d’irremplaçables compétences et d’un si grand bonheur de vivre…
Ce qui frappe le plus, c’est cet oxymore (Niswiyya islamiya) (l’auteur utilise lui-même l’expression ) tant cette alliance de mots étonne. Il rappelle que dans ces pays là la femme ne peut pas conduire un véhicule, seule, il lui faut un chaperon. Et pour des tas d’autres expressions de la liberté individuelle, elles ne peuvent agir à leur guise. On se demande si elles sont des êtres humains comme les hommes ! Bien sûr qu’elles le sont mais on considère qu’elles constituent une dangereuse tentation pour les hommes et pour… elles-mêmes.
Je me demande si de tels mouvements de libération de la femme ont quelque avenir sous certaines latitudes. Je me demande même comment on a pu en venir là alors que la science nous enseigne depuis des décennies que tout être humain comprend cinquante pour cent de son géniteur et tout autant de sa génitrice.
Une conversation avec un prêtre libanais maronite dont je préfère, pour des raisons évidentes, taire le nom, me revient à l’esprit. Lors de ce long entretien, comme les Orientaux les aiment tant, il me confia que deux choses faisaient cruellement défaut à l’islam : l’égalité des sexes et le critique textuelle des textes religieux fondateurs. Il ajoutait même qu’une telle réforme, double, ne verrait jamais le jour, en tout cas pas de son vivant, car, soulignait-il, nul ne réussira jamais à relever ce défi.
Or, Gilles Paris note au milieu de son papier qu’un théologien saoudien a réclamé la peine de mort pour quiconque oserait plaider en faveur de la… mixité. De profundis…