La Belgique et l’interdiction du port de la burka
Décidemment, même quand on veut passer à autre chose, l’actualité, irrépressiblement, nous impose certains thèmes. La Belgique fait partie de ces quelques pays d’Europe qui auraient pu favoriser une insertion calme et harmonieuse de l’islam dans ce continent. Il est important de comprendre les raisons qui poussent les pays hôtes à remettre les choses au point et à opter pour la voie législative afin d’interdire certaines pratiques.
Je doute que la France se soit concertée avec la Belgique voisine pour prendre cette mesure. Mais je relève que ces deux pays, membres éminents d’Union Européenne, prennent, à quelques semaines d’intervalle, la même mesure.
On trouve rarement l’explication de ce port vestimentaire et ce qui motive la volonté de masquer le corps des femmes comme s’il s’agissait d’une créature diabolique. Au fond, il ne s’agit guère d’une prescription de nature religieuse. En fait, c’est la différence qui sépare la muhafida de la multazima : il y a les femmes qui se veulent simplement traditionalistes et celles qui se distinguent en allant bien au-delà de ce que prescrit la loi religieuse. Le problème, c’est l’image de cette religion dont certains de ses adeptes concourent à brouiller la visibilité.
Il y a aussi, là derrière, un problème de liberté publique et de liberté individuelle : pour nous qui vivons dans des pays de vieille tradition démocratique et libertaire, on ne peut pas prendre des mesures sans garantir que les droits de chacun seront respectés. D’où la volonté du Premier Ministre de se tourner vers le Conseil d’Etat qui a paru hésiter à s’engager dans la voie de l’interdiction totale. Pourtant, c’est la méthode choisie par nos amis belges dont le projet a été très adroitement rédigé, sans jamais nommer quoi que ce soit ni qui que ce soit…
Mais posons nous la question, objectivement et sans chercher à stigmatiser qui que ce soit : le visage et le corps de la femme sont-ils si diaboliques, la nature des descendantes d’Eve est-elle si pervertie pour que certains pensent à imposer à leurs sœurs, mères, filles et épouses un tel travestissement ?
L’Europe, adossée depuis tant d’années au siècle des Lumières pourrait constituer une chance pour toutes les confessions, les hisser à un haut niveau et les intégrer au progrès de la culture universelle. Certaines confessions ont depuis longtemps saisi cette chance, d’autres tardent à le faire. C’est dommage.