MAIS QUE VA DEVENIR LA BELGIQUE ?
Oui, quel avenir pour la Belgique, notre voisine et amie ? Wallons et Flamands semblent ne pas résoudre aux compromis qu’exige toute vie commune. Je ne soupçonnais pas l’acuité de ce conflit linguistique jusqu’au jour où, ayant présidé une matinée de colloque à l’Abbaye de Cluny, je dus protéger le grand professeur Georges Steiner contre un auditeur flamand qui le menaçait de s’en prendre physiquement à lui. Motif de l’empoignade : le célèbre professeur des universités de Genève et d’Oxford avait dit que certains néerlandophones avaient tendance à exagérer… Cela a suffi pour mettre l’auditeur hors de lui.
Je pense que derrière la question linguistique se cachent d’autres motivations, peut-être moins avouables. Par exemple, une partie prenante au conflit accuse l’autre de vivre à ses crochets et aimerait bien s’autonomiser afin de vivre mieux…
Alors que faire alors que le pays est menacé d’éclatement ? Avez vous déjà relevé que l’on ne dit jamais le roi de Belgique, mais simplement le roi des Belges, ce qui renvoie, peut-être, à la situation géographique ou linguistique du pays. Mais tout de même ! La classe politique de ce pays devrait faire preuve d’un peu plus de maturité et expliquer que dans l’Europe qui émerge des limbes sous nos yeux, les grands blocs linguistiques doivent apprendre à cohabiter : je ne sache pas que la langue flamande soit menacée ni le français …
Les Belges pourraient aussi s’inspirer du paradigme suisse où plusieurs langues co-habitent harmonieusement sans jamais mettre en péril l’unité du pays. Je me souviens lorsqu’on m’envoyait, adolescent, en vacances en Suisse dans le Valais à Ulrichen, toute la population locale parlait un allemand (pas vraiment celui de Goethe) mais s’exprimait aussi, le cas échéant, en français. Professeur à Genève depuis plus de 8 ans, je fais mes cours en français mais quand je suis à Zurich pour une conférence, je m’exprime en allemand… Durant toute l’année 1990, j’ai enseigne à la Théologische Fakultät de Bâle, située au Petersplatz, eh bien, j’ai parlé allemand durant les deux semestres, mais les étudiants et les professeurs étaient tous bilingues…
Les Belges sont parvenus à s’unir pour conjurer le danger que représente le port du voile intégral pour la dignité de la femme : ne peuvent-ils pas s’unir pour réaliser l’unité linguistique (fût-elle bilingu) de leur pays. Ou faut-il une isoglosse ?
-
-
LE JOURNAL LE MONDE ET LA «DECHEANCE POLITIQUE…»
LE JOURNAL LE MONDE ET LA «DECHEANCE POLITIQUE…»
Dans un tout un récent éditorial publié en première page et non signé, donc reflétant la tonalité générale de l’ensemble de la rédaction, Le Monde parle de «déchéance politique» pour qualifier la politique actuelle du gouvernement français. Ce jugement est excessif et donc infondé.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, on voudrait rappeler que ce grand journal, jadis bien mieux inspiré parce que plus équilibré et moins marqué idéologiquement, pouvait s’ enorgueillir d’exercer une sorte de magistère morale, une sorte de ministère de la parole. Mais voilà un peu plus de treize ans, il a assumé un virage qui l’a mené vers un trotskisme qui ne voulait pas dire son nom, l’incitant à passer d’un contre-pouvoir, authentique vocation de tout organe de presse, à un pouvoir. Cette erreur d’appréciation fut fatale à ce journal qui dut alors faire face à des problèmes économiques ayant nécessité une cascade de plans sociaux et de départs de journalistes. Sans même parler de la chute des recettes publicitaires.
Jadis, même les premiers ministres de droite et les présidents de la République envoyaient un motard de la police nationale chercher un exemplaire du Monde dès 14 heures. Les éditoriaux de gens comme Hubert Beuve-Méry (auquel le général de Gaulle avait dit lors d’une réception : Vous êtes l’esprit qui toujours nie : phrase du Faust de Goethe : ich bin der Geist, der stets verneint), André Fontaine, Jacques Fauvet et André Passeron forçaient le respect et retenaient toujours l’attention, tant leurs auteurs avaient trempé et retrempé sept fois leur plume dans l’encrier avant de remettre leur texte… Aujourd’hui, les temps ont changé. Voyez combien de fois ce journal a changé de formule, sans jamais trouver, hélas, le bon créneau. -
AVEZ VOUS VU LES INFILTRES, EMISSION PRESENTEE HIER SOIR PAR DAVID PUJADAS ?
AVEZ VOUS VU LES INFILTRES, EMISSION PRESENTEE HIER SOIR PAR DAVID PUJADAS ?
Décidemment, les faits divers scandent de plus en plus notre actualité et les journalistes, à tort ou à raison, leur accordent une place croissante.
Hier soir, vers 22 heures, ce fut un journaliste qui avait filmé, en caméra cachée, des groupuscules d’extrême droite dont la particularité est d’être animé par l’intégrisme catholique. En soi, ce n’est pas tellement étonnant, mais leur donner une telle résonance ne manquera pas d’alarmer maint téléspectateur.
Je ne suis pas étonné par leurs crises de racisme, d’antisémitisme et de xénophobie. Toutes ces récriminations provenant d’individus isolés sur tous les plans, exhalant leurs multiples frustrations sociales et en voulant à la terre entière pour tout ce qui leur arrive… En fait, ils n’aiment qu’eux-mêmes et haïssent tout ce qui ne leur ressemble pas. Faut-il s’en étonner ?
En revanche, ce qui ne laisse pas d’inquiéter, ce sont les violences verbales de ces intégristes à l’encontre du clergé qui se reconnaît en Vatican II ; et l’on reste bouche bée devant ces abbés qui affirment clairement aller contre les décisions du concile. En droit canon, cela entraîne l’excommunication, ou, au moins, la réduction à l’état laïque.
Fallait-il donner la parole à de tels individus, même pour les dénoncer et mettre la population en garde ? Je n’en suis pas si sûr.
L’éthique journalistique est à revoir.