Une Turquie à la dérive ou à la remroque de l’islamisme?
C’est la question que se posent les rédactions ce matin après l’arraisonnement des bateaux qui entendaient, malgré tous les avertissements, briser le blocus de Gaza. Il semble que le point majeur, le seul qui subsiste après la disparition de la fièvre médiatique, de la bataille des images et des communiqués : quel jeu joue la Turquie qui apparaît comme le seul Etat qui a téléguidé, formé et encouragée cette flotille, tout en sachant que l’on allait à une confrontation violente avec israël.
Comme le disait depuis plusieurs jours Avi Pazner, le porte-parole du ministère israélien des affaires étrangères, la Turquie n’a plus la même politique envers Israël depuis l’arrivée au pouvoir des islamistes. Depuis plusieurs mois, le cours a changé : le porte parole a rappelé la violente confrontation à Davos entre Shim’on Pérés et M. Erdogan. Il a aussi souligné l’annulation de manœuvres militaires avec Israël, accédant ainsi à des demandes réitérées de pays arabes, choqués de voir une armée musulmane manœuvrer aux côtés d’une armée juive…
Et l’apothéose, si l’on peut dire, a été atteinte avec la flottille dont le point de départ et le centre de gravité se trouvent en Turquie. Selon les Israéliens, il faut s’attendre au pire avec leur ancien allié, en d’autres termes à la rupture des relations diplomatiques ou à leur mise en sommeil. C’est bien dommage et c’est la seule retombée sérieuse de toute cette affaire…
L’ambassadeur Pazner a fait des allusions à la suite : il a souligné l’isolement croissant de la Turquie dans une région d’Asie alors qu’elle a fait le choix d’opter pour l’Europe en sachant aujourd’hui que le mirage européen s’éloigne définitivement pour toute l’Anatolie… Du coup, pour reprendre pied dans l’environnement naturel qui a toujours été le sien, les islamistes au pouvoir se tourenent vers deux ennemis jurés d’Israël ; la Syrie et l’Iran… Or, l’entremise sur le nucléaire, la mission de bons offices jouée par la Turquie, avait pour objectif proclamée de prévenir l’arrivée de sanctions encore plus fortes contre l’Iran.
Selon les Israéliens, toutes ces actions constituent un faisceau de preuves que la Turquie, quoique membre de l’Otan, change de configuration et d’alliances.
La grande question qui se pose désormais et qui pourrait réserver des surprises, est la suivante : que va dire et va faire l’armée turque ? C’est là un domaine de pure spéculation et nous ne disposons d’aucun indice fiable pour en parler. Certains milieux pensent que ce virage du gouvernement islamiste est un avertissement à peine voilé adressé à l’armée : regardez combien le peuple est avec vous pour fustiger Israël, si vous persistez à entretenir avec ce pays des relations privilégiées, il pourrait vous en cuire.
Toute la question est de savoir si l’armée, qui, en Turquie, n’est pas du tout la grande muette, va admettre que l’on batte en brèche l’idéal de la la¨cité prônée par le fondateur de la Turquie moderne, Atta Turc…
A suivre.