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Hommage à un jeune policier, mort pour que d’autres vivent..

Hommage à un jeune policier, mort pour que d’autres vivent..

On aurait tort de parler de faits divers, car en l’occurrence, c’est un fait grandiose. Il arrive que la valeur symbolique d’un acte dépasse –et de très loin- sa simple existence matérielle. Je pense évidemment à l’acte héroïque de ce policier qui n’a pas hésité une seconde à secourir un homme tombé à l’eau. Il a donné sa vie en voulant sauver celle d’un autre. Quel exceptionnel altruisme !

Rien ne l’y obligeait, sinon son sens moral et la haute idée qu’il se faisait de son devoir. Âgé de vingt-cinq ans, il n’a pas calculé ni prémédité son geste. Seul l’accomplissement de son devoir a primé à ses yeux. Policier et pompier, il a obéi à sa conscience qui lui commandait de se jeter à l’eau.

Cet homme est devenu un héros tragique. Notre société semblait incapable d’en produire tant l’individualisme et l’égoïsme y règnent sans partage. Son geste prouve que des êtres bien nés peuvent résister victorieusement aux dérives de notre socio-culture.

Que cet homme soit aussi un policier, c’est-à-dire un citoyen au service d’autres citoyens, n’est pas le fruit d’un pur hasard. Il a commis un acte authentiquement vertueux, au sens que Platon donne à un adjectif qui ferait rire aujourd’hui, tant un mal sournois s’est infiltré dans tous les pores de notre société. Une sorte de haine de soi, ou pour reprendre une expression célèbre, un malaise dans la culture (Unbehagen in der Kultur).

Au moment même où ceux qui sont censés transmettre la science et le savoir refusent de le faire par égoïsme, commettant ainsi un véritable péché contre l’Esprit, ce policier a, lui, fait abstraction de soi et n’a pensé qu’aux autres.

Le philosophe français Emmanuel Lévinas a écrit dans a thèse Totalité et infini cette phrase presque irréelle : mon moi, ce sont les autres. Ce qui signifie, je n’existe que par eux et pour eux. Ce jeune homme a écrit avec son sang cette phrase qu’il n’a probablement jamais lue mais qui était pourtant gravée au plus profond de lui-même.

Je pense aussi à ce refrain d’une poétesse israélienne : bienheureux ceux qui sèment ais ne récoltent pas…

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