François Fillon, un homme d’Etat
Ce matin, je comptais parler de la visite en France du président chinois et, en arrière-fond, du G 20. Mais je n’avais pas eu connaissance du discours du Premier Ministre François Fillon dont la tonalité m’a beaucoup plu. Voici un Premier Ministre qui existe par lui-même, qui affirme clairement ce qu’il pense et ce en quoi il croit, un homme, en somme qui est solidement installé à la barre et qui souhaite y rester.
Et pourquoi pas ? Son bilan plaide nettement en sa faveur. La première des qualités de François Fillon, qualité hélas assez rare dans les milieux politiques où l’amitié n’a aucune place, c’est la fidélité et la rectitude. Si tout le monde respectait cette vertu, l’action politique aurait un autre visage et attirerait bien plus de monde. Son image dans l’opinion serait nettement meilleure.
La seconde vertu dianoétique (intellectuelle, selon Aristote dans l’Ethique à Nicomaque) de François Fillon est la placidité, la gestion calme d’un pays généralement agité lorsqu’on bouscule ses habitudes. On l’a vu tout récemment pour la réforme du système des retraites. L’homme a changé au cours de ces années passées à Matignon : il a pris de l’assurance, a élargi ses perspectives, s’est montré à la hauteur des défis qui se présentaient à lui et surtout il a, à chaque instant, exercé une influence apaisante dans un pays, je le répète, à la mentalité révolutionnaire toujours en éveil.
Enfin, le Premier Ministre est habile sans être cynique. IL est déterminé mais n’éveille jamais chez ses concitoyens l’impression de vouloir passer en force. Dernier mais non moindre : il n’a jamais fait d’ombre au Président de la République, donnant à la fonction de Premier Ministre sous la Ve République, un caractère irénique plutôt nouveau.
L’argumentaire de François Fillon, présenté dans le discours d’hier devant les ingénieurs (s’attendaient-ils vraiment à une telle annonce ?) est à l’image de son auteur : clair, net et précis.
Dans notre pays, le président de la République est la clef de voûte de nos institutions. Le choix de son Premier Ministre lui appartient, et il lui appartient exclusivement. Il n’est cependant pas défendu, sans vouloir faire usage d’arguties byzantines ou talmudiques, de dire très respectueusement que la continuité est parfois plus risquée que le changement.
Aucun autre Premier Ministre n’aurait pu nous faire traverser cette grave série de grèves (les historiens parlerons de ce mois d’octobre 2010 comme d’un mini mai 68 qui a failli réussir) sans incident majeur.
François Fillon, Premier Ministre heureux, a réussi à le faire.