LA PHILOSOPHIE DES PRENEURS D’OTAGES
Kant et Hegel n’auraient jamais deviné qu’on les appellerait un jour en renfort pour un billet dénonçant les prises d’otages en général. Evidemment, ces deux grands penseurs de langue allemande nous ont enseigné respectivement que l’on ne doit jamais utiliser un congénère comme un moyen (ce que font les terroristes preneurs d’otages) mais comme une fin en soi, et que l’on devait tout faire pour remplacer la violence par le verbe. En somme, la guerre serait évitable grâce à la parole
Les preneurs d’otage démentent frontalement une telle attitude.
Nous pensons aux journalistes français retenus en Afghanistan par des brigands qui n’ont pas de motivation politique mais qui se servent d’autres êtres humains comme d’une monnaie d’échange. Nous pensons aux autres Français retenus par des bandits aux frontières du Mali et de la Mauritanie.. Et nous avons aussi une pensée émue pour ce vieil homme, un septuagénaire malade, lâchement exécuté par les terroristes d’AQMI. Les mêmes retiennent, entre autres, une dame gravement malade et à laquelle la DGSE a réussi à faire passer les médicaments dont elle a besoin.
Les preneurs d’otage ne considèrent pas leurs victimes comme leurs congénères, ils ne voient en eux qu’un moyen destiné à faire avancer leurs revendication et leur satisfaction. Or, nous voyons ces barbares faire leurs cinq prières quotidiennes devant de complaisantes caméras de télévision, donner des interviews ou se faire photographier devant des otages ligotés, assis à même le sol. Peut on être croyant et priver un autre être humain de sa liberté, de l’éloigner de l’affection de siens alors qu’il ne vous a rien fait ? Son seul crime étant de s’être trouvé à portée de vos mains criminelles, un jour maudit ?
En écrivant ces lignes, je pense à la mère de Stéphane Taponier ( un journaliste dont je donnais bien l’oncle) qui dit son désespoir et sa volonté de revoir enfin son fils : les barbares écouteront-ils le message d’une mère éplorée ? Et dois je rappeler le cas de Gilad Schalit, retenu depuis plus de quatre ans alors que les Israéliens ont proposé de l’échanger contre près d’un millier de détenus ?
Quand on parle de dialogue des cultures (tiens, une expression qui a disparu des journaux et des plateaux de télévision depuis quelque temps) il faut, au préalable, un langage commun : or, celui-ci n’est pas trouvé.
Il faut un nouvel humanisme, il faut que l’homme en tant que tel, retrouve toute sa place dans le cœur des autres hommes.
Il faut revenir à la notion de dignité humaine. C’est aussi cela le message de Kant et de Hegel.