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Quelle place pour l’islam en France ?

Quelle place pour l’islam en France ?

La précipitation des événements en Libye et dans tant d’autres pays arabo-musulmans, de l’Algérie au Yémen, a presque occulté la tenue prochaine d’un débat sur l’islam et sur l’espace qu’il entend occuper en France. Ce sont les déclarations du Premier Ministre François Fillon qui ont intrigué les observateurs.

Le Premier Ministre qui, tout en étant un fin politique, ne cède pas facilement à l’opportunisme du même nom, a commencé par mettre en garde contre la tentation de stigmatiser l’islam. En effet, une large partie ka population française assimile islam et islamisme. François Fillon est allé jusqu’à dire qu’il s’opposerait à un débat biaisé mais dès le jour suivant il avait quelque peu modifié son attitude… sans toutrefois renier ses convictions profondes.

Cet amalgame, courageusement dénoncé par le Premier Ministre, est certes, inadmissible mais il n’est pas imputable aux seuls Français. Peu d’intellectuels musulmans, peu d’autorités religieuses islamiques de poids, ont eu le courage de se démarquer fortement de ceux qui se conduisent comme en pays conquis et entendent imposer leurs vues à ceux qui les accueillent chez eux. Quelques voix se sont élevées, timidement. Et le résultat ne s’est pas fait attendre: le parti majoritaire tente de couper l’herbe sous les pieds du Front National et veut , dans la perspective des prochaines consultations électorales, lui disputer la palme dans deux domaines sensibles : l’immigration et l’insécurité.

En fait, cette impéritie, voire même ce désarroi face à un problème pourtant crucial, s’explique par une impardonnable négligence qui remonte à des décennies : la France n’a pas su ni voulu gérer intelligemment les conséquences de la décolonisation, elle n’a pas eu une véritable politique arabe, digne de ce nom, se contentant de naviguer avec plus ou moins d’adresse entre différents écueils : un monde arabo-musulman qui n’a toujours pas surmonté la colonisation qu’il tient pour une mutilation de son âme, et la défense d’intérêts économiques légitimes de notre pays.

Que se passera-t-il si, après ce printemps arabe si inattendu, le continent africain connaissait les mêmes turbulences ? Ce serait alors, pour l’ensemble du monde occidental, un 11 septembre politique aux conséquences encore plus dévastatrices…

Il fallait appeler les choses par leur nom. Prenons un exemple : le dialogue des culture (dont on ne parle pratiquement plus) se refusait à dire clairement que l’enjeu portait sur les relations entre la civilisation chrétienne, occidentale, d’une part et la religion musulmane, d’autre part. On retrouve cette même hésitation, cette fluidité terminologique, dans la définition du débat qui se prépare le 5 avril : les uns parlent de laïcité, les autres carrément d’islam. Une clarification serait un acte de courage et d’honnêteté.

Dans toute cette affaire, je crains fort que des préoccupations de nature électorale (pour ne pas dire électoraliste) occultent ou simplement escamotent un débat de fond dont la France a besoin.

Je ne fais partie de ceux qui sont obsédés par la repentance ou animés par une morbide haine de soi… Mais je veux être lucide : comment un pays comme la France peut-il avoir négligé à ce point une connaissance même élémentaire de ce monde arabo-musulman si différent de notre mentalité et de nos valeurs ? Avez vous entendu nos ambassadeurs parler la langue de ces pays ? C’est incroyable ! Un simple séminaire de quelques semaines permet à un haut fonctionnaire ou à un diplomate moyennement doué de maîtriser quelques centaines de mots d’arabe… Eh bien, ces messieurs ne sont pas très nombreux à avoir consenti cet effort.

Hier soir, j’ai regardé à la télévision cette remarquable rétrospective des relations entre le dictateur libyen et les puissances occidentales. Le philosophe prend soudain conscience de la futilité et de l’inconsistance des relations internationales où l’éthique est inexistante. Oh, je sais bien, un premier ministre britannique comme Anthony Eden avait dit que le monde n’était pas fondé sur la justice, mais sur le pétrole. Et il savait de quoi il parlait… Mais aujourd’hui, nous vivons une situation radicalement différente.

Que répondrions nous demain aux nouveaux régimes arabes, issus de la révolution, si leurs élites nous demandaient de rendre des comptes ? Que leur dirions nous ? Que nous avions suivi les règles de la Realpolitik ? Ceci ferait l’effet d’un grand repoussoir.

Partant, ne commettons plus d’erreurs, n’insultons pas l’avenir. Ayons ce débat sur l’islam dans notre pays, sans complaisance ni préjugé, imperturbablement guidés par un seul objectif : l’avenir de la nation française.

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