QUI VEUT FAIRE DE L’ISLAM UN BOUC EMISSAIRE ?
Entendu hier soir dans le grand journal de Canal Plus, de la bouche du nouveau directeur du Nouvel Observateur, généralement mieux inspiré, une liste de points suivant lesquels nos compatriotes musulmans se sentiraient attaqués : définition de l’identité nationale, condamnation des prières dans les rues, interdiction de la burka, stigmatisation de la viande halal notamment après le grave accident survenu dans une enseigne de fast food et enfin protection et renforcement de la laïcité dans le pays. Selon le journaliste, par tous ces points le musulman français se sentirait visé et vivrait mal cette situation.
Un travail d’examen et de critique s’impose pour y voir clair mais auparavant il faut bien souligner que les Français, tous les Français quelles que soient leurs origines ethniques et leurs dénominations religieuses sont égaux devant la loi… Ce qui implique qu’ils doivent, tous, eo ipso, respecter cette même loi, laquelle nous fait obligation de cantonner la religion et les signes religieux ostentatoires au domaine individuel privé. C’est, à moins que tout ne trompe, l’intention précise du gouvernement et du pouvoir actuels.
On n’a pas assez expliqué aux gens que l’action d’immigrer dans un pays implique certaines adaptations qui semblent faire problème. Or, quand le pouvoir met l’accent sur ces choses, on l’accuse d’instrumentaliser les musulmans de France afin de barrer la route au FN qui le menace au premier tour de l’élection présidentielle. Ce qui veulent s’intégrer dans ce pays, pas seulement y habiter mais y vivre, doivent acquérir la langue du pays, cela même les Allemands l’ont souligné en s’indignant des propos que M. Erdogan est venu tenir chez eux devant plus de 10 000 Turcs, ayant conservé leur nationalité d’origine ou ayant acquis un passeport germanique.
Quant à la viande halal, je ne sache pas que l’on ait contraint qui que ce soit à ne pas en consommer : chacun mange ce qu’il veut et peut même devenir végétarien si cela lui chante… La seule critique formulée, c’est la discrimination insidieuse qui revient à bannir des assiettes des cantines et des restaurants d’entreprise la viande porcine (que personnellement je ne consomme pas, mais sans faire d’histoire)…
Tout bien considéré, que reste-t-il alors des griefs articulés par le directeur du Nouvel Observateur contre le débat à venir ? Pas grand chose, sinon des attaques et des procès d’intention faits au gouvernement.
Cette attitude n’est pas sérieuse car l’attachement à la laïcité constitue l’épine dorsale de l’Hexagone. Les guerres de religion, notamment au plan scolaire, le cléricalisme et ses opposants anti cléricaux ont gravement et longuement détérioré la vie politique française. Il est donc du devoir des autorités de restaurer les règles et de les faire respecter chaque fois que cela est nécessaire.
L’immigration est peut-être une richesse (et encore !) à partir du moment où elle consolide au lieu de détruire, où elle est un facteur et non de désunion… Et je pense ici au débat d’hier soir sur une chaîne publique où Alain Minc a parlé avec la sagesse et la lucidité qui s’imposaient. Il s’agissait de la condamnation en première instance d’un journaliste qui avait dit trop clairement qui constituait les plus gros bataillons des délinquants en France…
La remarque de ce journaliste, reconnu comme un redoutable polémiste,
était fondée mais mal formulée… D’où la réaction des juges.