A L’ABBAYE DE FONTEVRAUD (OU FONTEVRAULT)
Quelle somptueuse abbaye ! Quel accueil et aussi quelle météorologie merveilleuse sur ce site couvrant près de 14 hectares et magnifiquement entretenus ! Vraiment, mon séjour dans cette abbaye me laisse des souvenirs inoubliables. Nous sommes accueillis par Monsieur Bertrand Ménard qui me semble être l’intendant supérieur de l’abbaye et qui se porte à notre rencontre pour nous conduire dans nos quartiers, un très beau studio portant le nom et de Rabelais, voisin d’un autre nommé Mérimée … Bertrand est la cheville ouvrière de cette belle demeure, le premier levé et le dernier couché. Il ne marche ni ne court mais vole. IL a tout préparé, tout arrangé, ce qui explique que tout se soit très bien passé.
Notre colloque s’est tenu devant une assistance nombreuse et attentive et portait sur la notion de résurrection. Cette notion était représentée par des membres des trois religions.
En fait, qu’est ce que la résurrection ? Ce n’est ni un retour sur terre comme on pourrait se l’imaginer, ni une réincarnation, c’est, sauf erreur de ma part, le fait de quitter la mort pour revivre à une vie d’une autre nature. Cela veut dire aussi que pour les Chrétiens, l’être qui représente leur espoir et leur avenir dans l’au-delà, n’a pas fini de cette mort ignominieuse et que D- n’aurait pas laissé celui qu’il avait choisi, se faire tuer de manière si scandaleuse et cruelle… En gros, la résurrection signifie que l’être en question n’est pas simplement mort mais qu’il revit quelque part sous une forme que nul ne peut connaître et qu’il se manifestera à nouveau à la fin des temps… C’est une illustration bien particulière du messianisme juif, avec, assurément, des ingrédients venus d’horizons plus païens…
Je dois vous dire un mot du concert qui s’en suivit sur la Passion du Christ selon Saint Jean. De prime abord, on pourrait s’étonner qu’un homme comme moi ait frénétiquement applaudi un texte si peu aimable pour les juifs, leur grand prêtre et leur religion en général… Mais tout le monde connaît la dureté du récit johannique et quand à moi je n’ai fait que rendre hommage à la prestation musicale de l’orchestre même si je suis séduit par la langue allemande de Jean Sébastien Bach. Le souper qui clôtura cette longue soirée, bien après minuit, fut des plus conviviaux : les concertistes, les cantatrices (fort belles) se sont joints aux autres convives pour déguster cet excellent repas.
Et le lendemain, nous eûmes l’insigne honneur d’être invités à déjeuner par Monseigneur Gérard DEFOIS, ancien archevêque de Reims, en charge par la suite de l’évêché de Lille et qui a célébré la messe de Pâques ce matin à 11 heures dans l’église abbatiale de Fontevrauld… Nous sommes en Normandie depuis hier mais avons échangé des mèls avec Monseigneur DEFOIS qui nous a, à son tour, souhaité de joyeuses Pâques juives comme nous le faisons respectueusement pour lui, à l’occasion des Pâques chrétiennes.
Au cours de ce déjeuner pris dans un magnifique restaurant La licorne, nous avons joint de la spiritualité à une très haute gastronomie. Nous n’ignorons pas que l’homme ne vit pas que de pain, mais comme le rappelait sournoisement Voltaire, il en vit aussi…
En bref, tout s’est très passé, n’était une petite décharge de batterie qui fut raisonnablement réparée. Mais comme nous l’enseigne un dicton talmudique, tout contre temps, tout obstacle peut avoir des conséquences bénéfiques : kol ‘aqqava le-tova.
Joyeuses Pâques aux uns et aux autres