Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le débat entre Ramadan et Meddeb : le Monde du 23 avril

Le débat entre Ramadan et Meddeb : le Monde du 23 avril

L’islam des Lumières

Le journal Le Monde en date du 23 avril a publié une intéressante confrontation entre notre ancien collègue de l’Université de Genève Abd el Waheb Meddeb, d’une part, et le théologien islamique genevois, Tarek Ramadan. Il s’agissait de faire parler des deux voies opposées de l’islam sur des sujets d’actualité. Et notamment sur le printemps arabe, les rapports à la démocratie, au fondamentalisme, au statut de la femme, à l’humanisme, en gros aux rapports avec tout ce qui est non musulman.

Celui qui se rapproche le plus de nos conceptions et défend une sorte d’islam des Lumières, recherchant plus les convergences que les divergences, plaidant pour un humanisme islamique comparable en tout point à l’humanisme gréco-latin, est sans conteste M. Meddeb. Son vis à vis défend, lui, une position plus proche de ce qu’il considère être la ligne de l’orthodoxie musulmane, même s’il se garde bien d’utiliser une terminologie aussi univoque.

Il me semble que la ligne de fracture entre les deux hommes se situe autour de la présence ou de la non présence du religieux dans l’existence, et dans le cas le plus récent, dans les révoltes qui secouent en profondeur le monde arabo-musulman. Pour M. Meddeb, l’absence de toute référence à l’orthodoxie ou à l’islamisme est un marqueur remarquable qui signe une évolution cruciale et bienvenue de la mentalité arabo-musulmane : on voit des masses arabes, non manipulées par des meneurs religieux ou politiquement orientés, revendiquer bruyamment les mêmes droits que ceux en vigueur dans nos pays de tradition chrétienne ou judéo-chrétienne. Il s’agit de montrer que l’identité musulmane ou islamique ne peut pas être intrinsèquement et exclusivement religieuse. En français, cela porte un nom : la laïcité.

Les deux hommes ont aussi parlé du statut de la femme, des homosexuels, des minorités religieuses et du Proche Orient. Il était d’ailleurs remarquable de relever que les manifestations, au tout début du moins, n’ont jamais connu le moindre slogan anti-israélien, comme si les masses arabes comprenaient enfin que ce chiffon rouge, agité sous leurs yeux des décennies durant, avait été un puissant dérivatif les éloignant de leurs préoccupations politiques quotidiennes. Un peu comme si un citoyen arabe voulait se plaindre de l’absence de liberté et de droits et qu’on lui disait : Calmez vous Ne comprenez vous pas que notre seul et unique problème, c’est Israël… En somme, si l’Etat juif n’avait pas existé il eût fallu l’inventer tant il offrait un principe explicatif des plus commodes.

Béni soit l’Eternel qui a bien voulu doter ses créatures d’un peu de son intelligence (barouch shé halaq mé-hokhmata le-basar wa dam).

Les commentaires sont fermés.