Une France en paix et en harmonie avec elle-même…
Claude Guéant, ministre français de l’intérieur, vient de publier un excellent article dans Le Monde en date du 1er juin dans lequel il définit , de manière à la fois sobre, claire et convaincante, ses véritables idées sur l’essence profonde de la France et sa relation historique aux flux migratoires. A la fois attendu et bienvenu en cette période troublée que nous traversons, cet article expose parfaitement les grands principes qui guident la politique du pays à l’égard de l’absorption d’étrangers. Depuis la Révolution, la France fut le premier Etat à reconnaître la valeur, voire la prééminence de l’humanité en chaque être humain, bien avant son appartenance nationale spécifique. Ce qui relativise nettement cette notion d’être étranger dans la patrie des droits de l’homme, sans induire, toutefois, que la France peut accueillir tout le monde à tout instant.
La référence à Michelet dès les premières lignes de cet article m’a beaucoup plu. Le problème est que peu de gens consultent encore ce grand historien dont l’œuvre reflète presque à chaque page l’amour ressenti pour la mère patrie. Il est vrai qu’écrire son histoire, c’est déjà l’interpréter, mais comme le rappelle Claude Guéant, la France n’a jamais voulu se replier sur elle-même, ni se fermer aux apports extérieurs ni refuser l’autre en raison de sa différence. Elle a, au contraire, toujours su incorporer (en allemand einverleiben) les autres dont elle a reconnu l’altérité, à la seule condition que celle-ci n’entre pas en conflit avec, au moins, deux valeurs essentielles de sa socio-culture : le rejet de l’exclusivisme religieux (i/e/ la laïcité) et la stricte égalité entre les sexes…
La référence à Michelet me fait aussi penser à Ernest Renan et à son fameux discours prononcé en Sorbonne le 11 mars 1882, et intitulé Qu’est-ce qu’une nation ? Certes, la guerre franco-prussienne de 1870 avait, comme tous les lendemains de défaite, suscité de graves interrogations sur l’avenir. Et le discours de l’auteur de la Vie de Jésus se voulait une réponse à toutes ces questions. Renan y parle en termes émouvants de ce «lien spirituel», de cette volonté de «vivre ensemble» (il utilise ce mot comme un substantif, calqué sur le même terme allemand de Zusammenleben)…
En lisant attentivement l’article de Claude Guéant, on sent que le ministre est sensible à cette approche qui exalte la volonté de bâtir ensemble quelque chose, de prendre part à une œuvre collective où chacun pourra se construire et s’épanouir.
Si vous feuilletez un vieil annuaire du Collège de France, sorte de cour suprême de l’enseignement supérieur français, vous serez étonné par la fréquence de noms à consonance étrangère, même si ces hommes et ces femmes venaient d’autres pays d’Europe.
Les identités peuvent être diverses et variées, elles s’enrichissent alors les unes les autres, mais elles ne sauraient être opposées ni contradictoires car, dans ce dernier cas, elles entrent en conflit et créent des foyers de tension au sein d’une même nation. Il faut tout faire pour que certains partis politiques n’en tirent aucun bénéfice…
Dès les premières lignes de l’article, la question (pas le problème) de l’identité est posée. On peut tout demander à un pays ou à un individu isolé, sauf la négation ou le reniement de soi. On peut être sensible à la détresse d’hommes frappés par la misère, le chômage ou la guerre dans leurs pays d’origine, et comprendre qu’ils recherchent une vie normale sous des cieux plus cléments. Mais cette approche compréhensive et conciliante n’exonère pas les nouveaux venus de certaines obligations qu’ils sont tenus de remplir. Or, on ne peut pas ignorer des faits particulièrement irritant aux yeux de Français de plus en plus nombreux : pour des raisons qui les regardent, certains étrangers habitent dans notre pays sans y vivre : ils ne s’identifient nullement à l’histoire de la France ni ne veulent se fondre dans leur environnement social.
Claude Guéant parle de l’apprentissage de la langue française, mais il n y a pas que cela : il faut respecter les valeurs du pays où l’on s’installe. C’est une règle intangible qui remonte à des époques très reculées de l’Antiquité : dois-je rappeler le chapitre 29 (v. 7) du livre de Jérémie qui recommande aux exilés en Babylonie de prier pour la paix et la prospérité du pays d’accueil car de sa paix et de sa prospérité dépendent votre paix et votre prospérité. Même dans des circonstances qui ne sont –grâce au ciel- nullement aussi dramatiques, ce message reste valide aujourd’hui…
Un séjour dans un pays qui n’est pas le vôtre peut être d’une durée plus ou moins longue. Et Claude Guéant a raison d’aborder franchement la différence entre l’intégration et l’assimilation. Vous pouvez prier, penser ou vous nourrir autrement que la majorité de la population, la France vous permettra d’accéder à toutes les fonctions souhaitées, pour peu que vous en ayez les capacités.
Je dois dire que jamais les lois de la République ne m’ont paru arbitraires ou inhumaines : vous pouvez ne jamais consommer de viande de porc (comme moi, par exemple) ou être un bon Français catholique devenu végétarien par nécessité médicale ou par choix personnel, la République ne vous dictera pas votre conduite. Elle ne vous forcera jamais à vous renier.
La France aime tous ceux et toutes celles qui veulent devenir ses enfants. C’est une chance rare qu’il convient de saisir.