le spectre de l’islamisme plane sur toute la Méditerranée
Le résultat des élections législatives marocaines n’est guère encourageant pour la démocratie et pour l’évolution sans heurts de ce royaume vers plus de justice sociale et de progrès. Ce sont désormais les partis islamistes qui, de la Tunisie à l’Egypte, en passant par la Libye, et la Turquie, semblent incarner le mieux la volonté de changement des électeurs de ces pays.
Mais pourquoi donc ? Pour la simple raison que notre Occident a, durant des décennies,, favorisé la stabilité dans le pourtour méditerranéen, au détriment des légitimes aspirations des peuples, victimes de la dictature, de la corruption et de l’injustice dans tant d’autres domaines. Or, nous savons bien que les agendas des islamistes ne favoriseront jamais le bien-être ni la démocratie, ni même le simple redémarrage économique ; et pourtant, les peuples veulent leur donner une chance qui pourrait se terminer par tout autre chose que le résultat escompté…
Voyez ce qui se passe en Egypte : même l’armée qui tient les rênes du pouvoir depuis plus d’un demi siècle n’a pas réussi à se faire accepter et est en proie à de grandes difficultés, au point de mettre et de démettre des premiers ministres et des gouvernements au jour le jour. Or, si les élections devaient se tenir, tant législatives que présidentielles, les islamistes gagneraient sans peine.
Voyez ce qui s’est produit en Tunisie et ce qui vient de se passer au Maroc ; là aussi, les islamistes arrivent en tête. Curieux qu’en 2012 bientôt, tant de populations ne parviennent pas à dissocier intellectuellement entre politique et religieux, un pas que l’Europe judéo-chrétienne, les USA et l’Australie, et même les anciens pays de l’est ont franchi depuis un certain temps déjà…
Même en Syrie, lorsque Bachar sera chassé du pouvoir ou prendra la décision de s’en aller enfin, si des élections étaient organisées, ce seront les islamistes qui triompheront. Alors que faire ? je l’ignore. Pourtant, les habitants savent que la chute de Bachar changerait la face du Proche Orient, du tout au tout. C’est ce qui explique le subtil acharnement des Etats modérés de la région (Jordanie, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, etc…) qui sont à la manœuvre pour changer le régime à Damas. Ainsi l’axe Damas-Téhéran s’effondrerait tandis le Hezbollah libanais et même le Hamas seraient orphelins d’un père protecteur, fournisseur d’armes et d’argent. Et même si cela arrivait, la menace islamiste ne serait pas écartée. Alors, pourquoi, une nouvelle fois ?
J’ai beaucoup lu Bernard Lewis, qui, bien que très vieux aujourd’hui, est le meilleur islamologue de s génération. Selon l’éminent chercheur, une certaine absence de valeurs en Occident (notamment un excessive libéralisation des mœurs, la révolution sexuelle, le développement de l’homosexualité etc…) empêchent les populations arabo-musulmanes de reprendre le legs démocratique des Occidentaux, condamnés à leurs yeux par de tels comportements. IL y a le douloureux souvenir de la colonisation qui s’est accompagnée d’une douloureux processus de dé-culturation et, dernier mais non moindre, soutien sans faille, ou presque, aux régimes dictatoriaux arabes qui oppressaient leurs peuples…
Nous ne pourrons pas remonter la pente très facilement ni très rapidement et je suis très inquiet au sujet de l’Union pour la Méditerranée. Peut-être faudrait-il que tous ces pays fissent une expérience islamiste pour bien comprendre ce que vaut la démocratie, fût-elle estampillée gréco-occidentale…