Un état de grâce pour le président François Hollande ?
On souhaite au nouveau président qu’il réussisse dans son entreprise de redresser la France et de l’aider à conserver son rang parmi les nations. On ne peut qu’accepter démocratiquement l’alternance et en respecter les termes : désormais, une ère nouvelle s’ouvre pour le pays, un nouveau gouvernement va prendre les rênes du pouvoir. Il faut, je me répète, lui souhaiter de réussir.
Est ce que cette entreprise sera facile ? Et si oui, combien de temps faudra-t-il pour redresser le pays, à savoir combattre le chômage, juguler les déficits et réduire enfin cette dette colossale ? En d’autres termes accordera-t-on au nouveau président un état de grâce généralement dévolu à tous les nouveaux locataires de l’Elysée ? Tout le problème est là.
En cette fin de semaine, j’étais à l’écoute de toutes les radios et de la plupart des programmes politiques ou économique des télévisions. Quelle que soit l’orientation de ces organes d’information, la tonalité était indiscutablement la même : ce sera très difficile, d’aucuns, notamment ceux qui avaient presque éreinté Nicolas Sarkozy, allant jusqu’à parler de quadrature du cercle.
A commencer par les annonces faites hier soir par la Commission Européenne : un taux de croissance plus bas que prévu (1,3 au lieu de 1,7), un déficit plus élevé pour l’année suivante (4,3 au lieu de 3%). Certains ont même évoqué la nécessité pour l’Etat de débourser environ quatre milliards d’Euros d’impôts indûment perçus… Cela commence à faire beaucoup… Et on n’évoque même pas les plans sociaux qui se préparent et que les grandes entreprises retenaient dans l’attente des résultats de l’élection présidentielle.
Mais même le non-économiste qui écrit ces lignes n’a pas été convaincu par la réponse officielle selon laquelle ces mauvais résultats avaient été anticipés… Je doute surtout que l’on puisse convaincre Madame Merkel avec de tels arguments : je l’ai encore entendu avant-hier dire clairement devant le Bundestag qu’on ne pouvait pas travailler ainsi (so kann man nicht arbeiten) . C’est qu’une fille de pasteur protestant est généralement très à cheval sur les principes. Quand elle dit qu’on ne renégocie pas, c’est bien ce qui va se passer.
Mais la position française semble avoir opté pour une approche plus subtile : on ne remet plus en question le pacte de stabilité mais on voudrait reposer sur deux jambes : l’austérité, certes, mais aussi la croissance, cette fameuse seconde jambe… C’est presque de l’exégèse biblique, les Allemands aiment bien mais il n’est pas sûr qu’ils se laissent convaincre. Ce sera encore plus difficile pour cette entreprise des project bonds qui s’apparente à une mutualisation de la dette… La chancelière a dit qu’avec une telle politique on revenait à la situation dans laquelle on se trouvait au début de la crise. Bref, une vraie quadrature du cercle, les Allemands utilisent une autre expression qui veut cul de sac : wir sind in der Zwickmühle…
Ce qui me frappe le plus dans toute cette affaire, c’est la réaction des Français face à cette situation : quand un sondage leur demande quelle est la toute première mesure qu’ils appellent de leurs vœux et de leur feu, ils répondent : la réduction immédiate du salaire mensuel du président et de ses ministres…