Les Français et le foot ball
Voici un phénomène de société de portée planétaire : l’engouement irraisonné, voire déraisonnable pour le foot-ball. Personne n’y résiste parmi les grands moyens d’information. Les rues sont désertes, les restaurants se vident, les cafés ne font plus recette dès qu’ils se trouvent confrontés à une insupportable concurrence : un important match de foot ball à la télévision.
Des Français mais aussi tous les autres pays européens envoient des bataillons de supporteurs à l’autre bout du monde dès que leur équipe s’y trouve pour défendre les couleurs du pays en question. Mais pour y défendre quoi, au juste ? On se le demande encore. Et par quels représentants !
Ceux qui peuplent les stades, vibrent au moindre but marqué contre l’adversaire, cassent tout sur leur passage si leur équipe perd, qui sont-ils exactement ? Quel est leur niveau mental, je n’ose pas dire intellectuel ? Quel vide sidéral s’est donc installé dans leur existence pour que le foot ball en soit la seule lumière ?
Je n’ai encore jamais entendu parler d’un opéra, d’une pièce de théâtre, d’un film ou d’une conférence au profit desquels le public plaquerait tout afin de ne pas les manquer ? Pour rien au monde. Autrement le foot.
Et pourtant ce matin, les Français qui supportent leur équipe se sont levés avec une étrange gueule de bois. La presse est unanime. On parle de nullité, de suffisance, de profiteurs, et autres gentillesses.
Est ce étonnant ? Scrutez l’origine sociale, le niveau scolaire et l’éducation (quand ils en ont) de ces gens qui se promènent sur les stades et dont les transferts d’équipes en équipes feraient pâlir d’envie les PDG les plus puissants de la planète. Comment voulez vous que nos enfants croient encore aux vertus de travail et d’effort lorsqu’ils contemplent matin, midi et soir un si désolant exemple à la télévision ?
Le vide culturel que nos sociétés cultivent, tout comme nos hommes politiques qui en profitent afin de glaner les retombées électorales (en se montrant dans les tribunes présidentielles et ailleurs) finira par nous coûter très cher. Comment peut-on imiter, admirer ou estimer des gens dont le seul mérite est de savoir pousser un ballon, qui se conduisent mal dans la société, parlent mal, commettent des actions que la morale réprouve ? Et auxquels on passe tout ou presque, parce qu’ils jouent bien au foot…