L’élection d’un islamiste en Egypte, ce n’est pas la fin du monde…
Dans les pays arabo-musulmans, rien ne se passe ni ne doit s’interpréter comme c’est l’usage en Occident. Et l’élection de M. Mohammed Morsi à la présidence de son pays en fait partie.
Tout d’abord, les militaires disposent du pouvoir véritable, avant comme après l’entrée en fonctions du nouvel élu. Et les protestataires de la fameuse Place Tahrir ne sont pas plus contents de choix que les autres. A leurs yeux, M. Morsi ne présente qu’un avantage, celui d’avoir écarté un homme, le général Chafik, représentant à leurs yeux de l’ancien régime.
Ce sont les militaires qui transmettront à M. Morsi le pouvoir ou ce qu’il en reste. Ils se sont déjà arrogés le pouvoir législatif et économique. Ils vont y ajouter le pouvoir sécuritaire. En fait, le nouveau président islamiste ne dispose plus que d’une coque vide, ce qui risque de poser des problèmes dans un avenir relativement immédiat.
En réalité, les problèmes de l’Egypte, de la Tunisie, entre autres, sont de deux ordres : la pesanteur sociologique et religieuse, et aussi la chômage, la déshérence sociale. Et ce n’est pas D- qui peut résoudre ces deux problèmes. On peut être croyant et faire confiance à ses propres forces sans que ce soit assimilé à un comportement hérétique ou athée.
Il est vrai que la cohabitation entre l’armée et le nouveau président ne sera pas de tout repos. Ce qu’il faut craindre, ce sont les réactions de la rue qui risque de manifester bruyamment et violemment ses frustrations.
Mais ici aussi, ce sont les problèmes économiques qu’il faut résoudre en priorité. La politique étrangère, Israël, Gaza, tout ceci ne vient qu’après.