Ce dimanche 29 juillet, journée du 9 du mois d’Av du calendrier hébraïque
S’il y a une journée empreinte d’une profonde tristesse dans l’année kjuive, c’est bien celui-ci que la tradition a choisie pour commémorer le souvenir de la double destruction du Temple de Jérusalem, le premier en 586 avent notre ère et, et le second en 70 de notre ère. C’est un traumatisme aux conséquences incalculables et vécues comme tel aujourd’hui encore. Dès la veille, les juifs pieux ou simplement traditionalistes entament un jeûne et à la synagogue on lit les Lamentations de Jérémie, connues sous le titre de la Mégillat Ekha… Ekha signifie en hébreu, comment !
Comment s’est retrouvée toute seule, la métropole (= Jérusalem) ? Elle devint comme une veuve alors qu’elle fut précédemment fortement peuplée, princesse parmi les nations, soumise au tribut… En quelques phrases bien senties, le liturgiste a brossé la situation dramatique de la capitale de la Judée.
L’auteur n’a pas vraiment dramatisé la situation : depuis cette époque fatidique, le peuple juif a subi la pire de ses défaites, l’Etat juif a cessé d’exister pour ne renaître qu’en 1948 avec David Ben Gourion. Durant ces deux millénaires, que de drames, de persécutions, de massacres, de conversions forcées et d’expulsions de tous les continents.
On a dit que chez les juifs, la mémoire a supplanté l’histoire. J’ai envie de dire que c’est la martyrologie qui a pris le pas sur l’Histoire. Ils ont précédé la déclaration de l’écrivain allemand dans son roman d’éducation Heinrich von Ofterdingen, selon lequel seuls les hommes craignant Dieu peuvent faire œuvre d’historiographes…
On se demande comment des hommes dotés de notre mentalité historienne auraient décrit la catastrophe de 586 et de + 70 ! Auraient ils parlé comme les vieux chroniqueurs ? Sûrement pas. Mais nous avons un exemple pour la comparaison : la Shoah
Mais la tradition juive ancestrale n’a pas voulu se complaire dans le deuil puisqu’elle a instauré dès la semaine suivante un sabbat de consolation et de renaissance, de renouveau de la vie et du bonheur. C’est le fameux chapitre 40 du livre d’Isaïe, le chabbat nahamou qui est lu dans le culte synagogal.
Ne dit on pas en français ; après la pluie vient le beau temps…