CONFERENCE À LA MAIEIE DE PARIS MAIRIE DU XVIE ARRONDISSEMENT LE MARDI 29 JANVIER 2013 À 19 HEURES PAR MAURICE-RUBEN HAYOUN SUR DE L’EGYPTOPHILIE A L’EGYPTOPHOBIE DANS LA BIBLE CE QUE LA BIBLE DOIT A L’EGYPTE : DES CHERCHEURS ONT MEME DONNE CE TITRE A LEURS OUVRAGES SUR L’EGYPTE ANCIENNE. CERTES, LA BIBLE QUI N’EST PAS UN DOCUMENT HISTORIQUE A INVENTE UNE SORTE D’EGYPTE IMAGINAIRE MAIS LE DESTIN DES HEBREUX RESTE, MEME DANS CE CADRE INVENTE, INTIMEMENT LIE A CELUI DE L’EGYPTE. DANS UNE SPLENDIDE EVOCATION DE LA NAISSANCE DE LA SCIENCE DE L’EGYPTOLOGIE EN 1822, DATE DE LA LETTRE DE CHAMPOLLION A M. DACIER, JEAN LECLANT RAPPELLE QU’APRES TROIS MILLENAIRES D’UNE SOMPTUEUSE HISTOIRE, L’EGYPTE PHARAONIQUE SOMBRE FINALEMENT SOUS LES COUPS DE BOUTOIR SUCCESSIFS DE L’HELLENISME, DU CHRISTIANISME ET DE L’ISLAM. LES DERNIERS HIEROGLYPHES FURENT GRAVES EN AOUT 384. MEME LA SAGESSE EGYPTIENNE A QUELQUE PEU INFLUENCE LA SAGESSE BIBLIQUE, NOTAMMENT LE LIVRE DES PROVERBES ET LE LIVRE DE JOB… PENSONS A THOT, LE DIEU DE LA SAGESSE PHARAONIQUE. POUR SE FAIRE UNE IDEE DE CETTE OMNIPRESENCE, PRESQUE DE CETTE OBSESSION BIBLIQUE DE L’EGYPTE, SIGNALONS LE NOMBRE D’OCCURRENCES GLOBALES DANS L’ENSEMBLE DE LA LITTERATURE BIBLIQUE : PRES DE 1500 ! ET LA PREMIERE MENTION DE L’EGYPTE EN TANT QUE TERRITOIRE ET ZONE GEOGRAPHIQUE APPARAIT EN GEN 13 ;11 AVEC ABRAHAM. VOICI UN DECOMPTE : DANS LA GENESE 55 FOIS, 144 FOIS DANS L’EXODE, 11 FOIS DANS LE LEVITIQUE, 14 FOIS DANS LES NOMBRES, 22 FOIS DANS LE DEUTERONOME, 30 FOIS DANS LE LIVRE DES ROIS, 40 FOIS DANS LE LIVRE D’ISAÏE, 57 FOIS CHEZ JEREMIE (QUI S’EST REFUGIE EN EGYPTE AVEC D’AUTRES RESCAPES APRES LA DESTRUCTION DU PREMIER TEMPLE), 44 FOIS CHEZ EZECHIEL . IL NE FAUT PAS OUBLIER D’AJOUTER LE NIL (YEOR) CONSIDERE COMME UNE DIVINITE (HERODOTE : L’EGYPTE EST UN PRESENT DU NIL) ET LE PHARAON, CITE AU MOINS 56 FOIS
. ET SI L’ON Y AJOUTE L’HISTOIRE (LE ROMAN) DE JOSEPH ON ACCROIT ALORS CONSIDERABLEMENT LE NOMBRE D’OCCURRENCES. OUTRE LES PATRIARCHES DONT LE CHEMIN CROISE IMMANQUABLEMENT L’EGYPTE, IL Y A DEUX PERSONNALITE DETERMINANTES POUR L’HISTOIRE BIBLIQUE D’ISRAËL QUI ONT VECU EN EGYPTE AU POINT D’AVOIR MEME UNE DOUBLE IDENTITE OU NATIONALITE : A) MOÏSE, LE LEGISLATEUR D’ISRAËL, EST NE ET A ETE ELEVE A LA COUR DU PHARAON ET LORSQUE SEPHORA, SA FUTURE EPOUSE, LE CROISE POUR LA PREMIERE FOIS A MADIAN, ELLE LE DECRIT COMME UN HOMME EGYPTIEN (ISH MISTRI) B) JOSEPH, DONT LES ENFANTS CONÇUS AVEC UNE PRINCESSE EGYPTIENNE, ASENET, FILLE D’UN PRETRE DU DIEU RA SERONT INTEGRES DANS LES DOUZE TRIBUS PAR LE CHEF DU CLAN, LEUR GRAND PERE JACOB. C’EST PLUS QU’UNE UNION PASSAGERE AVEC UNE EGYPTIENNE, C’EST CARREMENT L’INTEGRATION D’ENFANTS ISSUS DE MARIAGES MIXTES DANS LES TRIBUS D’ISRAËL. DANS SA BENEDICTION DE SES PROPRES FILS AU CHAPITRE 49 DE LA GENESE, JACOB DIT BIEN QUE CES DEUX PETITS ENFANTS SERONT POUR LUI «COMME RUBEN ET SIMON». SIGNALONS AUSSI QUE LA CONCUBINE D’ABRAHAM, LA MERE D’ISMAËL, SE NOMME AGAR ET VIENT D’EGYPTE. ET MEME DANS LE RECAPITULATIF DE L’HISTOIRE ET DES ORIGINES DU PEUPLE D’ISRAËL , QUI SE LIT EN DEUT. 26 (5-9), L’EGYPTE EST PRESENTE : MON PÈRE ÉTAIT UN ARAMÉEN ERRANT ET IL DESCENDIT EN EGYPTE, IL Y SÉJOURNA AVEC PEU DE GENS MAIS IL DEVINT UNE NATION GRANDE, PUISSANTE ET NOMBREUSE. PUIS LES EGYPTIENS NOUS MALTRAITÈRENT ET NOUS ACCABLÈRENT, ILS NOUS IMPOSÈRENT UN DUR LABEUR. ALORS, NOUS CRIÂMES VERS YHWH, LE DIEU DE NOS PÈRES, IL ENTENDIT NOTRE VOIX, IL VIT NOTRE ACCABLEMENT, NOTRE PEINE, NOTRE OPPRESSION. D NOUS FIT SORTIR D’EGYPTE D’UNE MAIN PUISSANTE ET LE BRAS TENDU… UNE EGYPTOPHILIE REMARQUABLE… PENCHONS NOUS, A PRESENT, PLUS AVANT, SUR UN FAIT DES PLUS ETONNANTS : L’IMAGE EXCESSIVEMENT POSITIVE QUE CETTE HISTOIRE D’ABRAHAM NOUS OFFRE DE L’EGYPTE, DE SON ROI, DE SON GOUVERNEMENT, DE SES MŒURS, DE SES RITES FUNERAIRES, DE SES MOYENS DE TRANSPORT, DE SES BIJOUX ROYAUX, DES PRIVILEGES DE SON CLERGE ETC… EN EFFET, LE TEXTE HEBRAÏQUE STIPULE QUE LES TERRES DE LA CASTE SACERDOTALE SONT INALIENABLES ET NE PEUVENT DONC PAS TOMBER, ELLES AUSSI, DANS L’ESCARCELLE DU PHARAON, COMME CE FUT LE CAS POUR LES PAYSANS RUINES ET AFFAMES. ON RAPPELLE A QUE DES LE DEBUT DU LIVRE DE L’EXODE, L’EGYPTE SERA HONNIE, BANNIE, REJETEE A TOUT JAMAIS. POUR UN ESCLAVE HEBREU, A L’ORIGINE D’UNE GRANDE HISTOIRE RELIGIEUSE ET NATIONALE A VENIR, IL EST FRAPPANT DE VOIR COMBIEN JOSEPH S’EST ASSIMILE A SON PAYS D’ACCUEIL. LES MILIEUX PRODUCTEURS DE CE BEAU ROMAN (VIE SIECLE AVANT JC) VOULAIENT PROBABLEMENT DENONCER LA CENTRALITE DE LA TERRE SAINTE ET DE JERUSALEM ; ILS ETAIENT VISIBLEMENT ANIMES D’UN ESPRIT D’OUVERTURE ET DE DIALOGUE, PRATIQUAIENT UNE THEOLOGIE DE L’AUTRE, UNE HERMENEUTIQUE DU DIALOGUE. JAMAIS AUPARAVANT, UN HEROS JUDEEN NE S’ETAIT AUTANT ASSIMILE A SON PAYS D’ACCUEIL. QU’ON EN JUGE : JOSEPH S’HABILLE DESORMAIS COMME UN EGYPTIEN, SES VETEMENTS DE SOIE SONT D’UNE BLANCHEUR ECLATANTE ET LE PENDENTIF QUI ORNE DESORMAIS SON COU EST LE SYMBOLE DE LA FAMILLE ROYALE EGYPTIENNE.. LES EGYPTIENS SONT TENUS DE LUI TEMOIGNER RESPECT ET VENERATION EN CRIANT SUR SON PASSAGE : AVREKH LE PHARAON LUI DONNE MEME UN NOM EGYPTIEN, TSOFNAT PA’NE’A QUI VOUDRAIT DIRE DANS LA LANGUE DE L’EGYPTE ANTIQUE : DIEU A DIT : QU’IL VIVE ! MAIS LA, LE REDACTEUR BIBLIQUE A ETE PRUDENT, LE DIEU EN QUESTION DEMEURE ANONYME… IL EUT ETE INCONCEVABLE DE REPRODUIRE LE NOM D’UNE DIVINITE EGYPTIENNE DANS LE DOCUMENT REVELE DE LA RELIGION MONOTHEISTE D’ISRAËL. MAIS JOSEPH NE S’ARRETE PAS LA : IL EPOUSE MEME UNE PRINCESSE EGYPTIENNE, FILLE DU GRAND PRETRE DU DIEU RA, ASSENET, DONT LE NOM FAIT REFERENCE A UNE DEESSE. BREF, LA PANOPLIE DU JUIF PARFAITEMENT ASSIMILE. ET LE COURONNEMENT DE CETTE «EGYPTOPHILIE» INCROYABLE, C’EST LE PATRIARCHE JACOB QUI VIENT S’INSTALLER SUR PLACE AUPRES DE SON FILS JOSEPH, AVEC TOUT SON CLAN. MIEUX ENCORE, IL A DROIT A UN ENTRETIEN PRIVE AVEC LE PHARAON QU’IL BENIT (VOIR SUPRA). COMMENT LE FONDATEUR DU PEUPLE D’ISRAËL, CELUI QUI EST CENSE ETRE A L’ORIGINE DE PRES DE DEUX MILLIONS D’AMES, LE CHANTRE DU MONOTHEISME BIBLIQUE, A-T-IL PU BENIR CELUI QUI SE PRENAIT POUR UN DIEU-ROI ? PEUT-ETRE FAUT-IL AUSSI SIGNALER QUE DES LIMITES SONT APPORTEES, PROBABLEMENT PAR UNE MAIN ULTERIEURE PUISQU’ON NOUS DIT TROIS CHOSES : A) LES FRERES DE JOSEPH S’INSTALLENT DANS UN TERRITOIRE QUI LEUR EST DEDIE, ILS NE SE MELENT PAS AUX AUTRES, ILS OCCUPENT LE PAYS DE GESSEN. B) JOSEPH NE MANGE PAS A LA MEME TABLE QUE LES EGYPTIENS (ALLUSION TARDIVE AUX INTERITS ALIMENTAIRES ?) C) JOSEPH, COMME SON VENERE PERE LE PATRIARCHE JACOB NE VEUT PAS ETRE ENTERRE EN EGYPTE. (VOIR INFRA) ENFIN LES OBSEQUES DE JACOB : UN CONVOI FUNERAIRE, COMME ON N’EN AVAIT ENCORE JAMAIS VU, REMONTE D’EGYPTE VERS LE PAYS DE CANAAN POUR SE DIRIGER VERS HEBRON OU LE PATRIARCHE ABRAHAM AVAIT ACQUIS UN CAVEAU. TOUT CE QUE L’EGYPTE ANCIENNE COMPTAIT DE NOTABILITES EST DU VOYAGE ; LE TEXTE HEBRAÏQUE NOUS DIT QUE LES HABITANTS DE CANAAN OBSERVENT, MEDUSES, LA CEREMONIE DES OBSEQUES. QUEL SPECTACLE ! EGYPTIENS, HEBREUX ET CANANEENS UNIS, COMMUNIENT DANS LE SOUVENIR DU PATRIARCHE DISPARU. LA SCENE NE SE REPRODUIRA HELAS ! PLUS JAMAIS… UNE TELLE EGYPTE A-T-ELLE JAMAIS EXISTE AUTREMENT QUE DANS L’IMAGINAIRE D’UN AUTEUR, FASCINE PAR SES MŒURS, SA RICHESSE, VOIRE MEME PAR L’EMBAUMEMENT DE SES MORTS ? ON SENT, CEPENDANT, QU’UNE AUTRE MAIN EDITORIALE, PLUS RESERVEE A L’EGARD DE L’EGYPTE, EST PASSEE PAR LA : ON NOUS DIT, AU DEBUT, QUE MEME LORSQU’IL FUT PROMU VICE ROI, JOSEPH NE MANGEAIT PAS A LA MEME TABLE QUE LES EGYPTIENS ; ET SENTANT SA MORT PROCHAINE, IL FERA JURER AUX HEBREUX DE L’EXHUMER POUR L’ENTERRER EN TERRE D’ISRAËL… LORSQUE DIEU LES EXTRAIRA DE LA TERRE D’EGYPTE. C’EST LA VOLONTE DE SE DETACHER, DE S’ISOLER, DE SE DIFFERENCIER QUI REPREND SES DROITS APRES AVOIR OFFERT AU LECTEUR UNE SOMPTUEUSE HISTOIRE DE DONS ET D’ECHANGES, DE DIALOGUES DES CULTURES ET DES CIVILISATIONS. LES FUTURS CONSTRUCTEURS DE L’HISTOIRE JUIVE EN ONT DECIDE AUTREMENT ; DESORMAIS, ILS SE POSERONT EN S’OPPOSANT ET DECIDERONT QUE LE PEUPLE D’ISRAËL DONT JOSEPH FUT LE SYMBOLE ETINCELANT, QUITTERA LES RIVES DU NIL POUR NE PLUS REVENIR DANS LE PAYS DES ESCLAVES… MAIS NOUS VERRONS INFRA QUE L’EGYPTE NE SERA TOUT DE MEME UN REFUGE ET UNE TERRE D’ASILE : LE PROPHETE OURIYAHOU S’Y ENFUIT, JEREMIE LUI-MEME Y FUIRA APRES LA DESTRUCTION DU TEMPLE PAR NABUCHODONOSOR… AU FOND, L’HISTOIRE DE JOSEPH EST UN CONDENSE DE L’HISTOIRE BIBLIQUE : ARRIVE EN EGYPTE DANS UN CONVOI DE NEGRIERS QUI LE VENDENT COMME ESCLAVE, IL REGENTERA CE PAYS ET ACCEDERA AUX PLUS HAUTES FONCTIONS. DANS LE LIVRE DE L’EXODE, LE REDACTEUR HEBRAÏQUE NOTERA AUSSI, PAR UN SAISISSANT PARALLELE, QUE LES HEBREUX, REDUITS EN ESCLAVAGE, QUITTERONT CE PAYS LA TETE HAUTE, CHARGES DE CADEAUX ET DE RICHESSES. UN PEU COMME ABRAHAM, CENSE AVOIR ETE RACCOMPAGNE A LA FRONTIERE PAR LES GARDES DU PHARAON, APRES AVOIR ETE COMBLE DE CADEAUX, CHARGE D’OR ET D’ARGENT, POUR LE DEDOMMAGER DE LA GRAVE MEPRISE AU SUJET DE SON EPOUSE SARAH… LES RECITS RELATIFS A JOSEPH SE RATTACHENT EUX AUSSI DIRECTEMENT A JACOB QUI N’EST VENU EN EGYPTE QU’A L’INVITATION DE SON FILS PRODIGE, SUPPOSE MORT. C’EST DONC L’AMORCE D’UN NOUVEL EPISODE DE L’HISTOIRE DE L’ANCIEN ISRAËL, LE LONG SEJOUR EN EGYPTE. CE ROMAN DE JOSEPH (GEN. 37-50), CETTE PETITE «NOUVELLE DE LA DIASPORA» EST ETONNANTE A PLUS D’UN TITRE. LES AUTEURS OU LES DESTINATAIRES SONT PROBABLEMENT DES JUIFS EXILES EN EGYPTE OU EN MESOPOTAMIE QUI ETAIENT ANIMES D’UNE PROFONDE EGYPTOPHILIE LAQUELLE VA SUBITEMENT DISPARAITRE DES LES PREMIERS VERSETS DU LIVRE DE L’EXODE OU LE PAYS DES PHARAONS APPARAIT COMME UNE PUISSANCE ESCLAVAGISTE, ENNEMIE JUREE DES HEBREUX. LE RECIT DE JOSEPH EST TROP SAVAMMENT CONSTRUIT, CERTAINS REVIREMENTS OU REBONDISSEMENTS TROP CALCULES POUR ETRE SIMPLEMENT REELS ET HISTORIQUES, COMME ON VOUDRAIT NOUS LE FAIRE CROIRE. CE QUI SAUTE D’EMBLEE AUX YEUX, C’EST LA POSITION CENTRALE OCCUPEE PAR L’EGYPTE DANS CE RECIT DE L’ANTIQUITE HEBRAÏQUE. SA PRESENTATION EST ESSENTIELLEMENT POSITIVE. QU’ON EN JUGE : L’UN DES PATRIARCHES –ET PAS LE MOINDRE- SE REND EN EGYPTE AVEC TOUTE SA TRIBU ; LE FILS, REPUTE MORT, DEVIENT VICE-ROI DE CE MEME PAYS ET ORGANISE UNE ECONOMIE DE SUBSISTANCE POUR SAUVER LA POPULATION DE LA FAMINE. ENFIN, RECONNU PAR SES FRERES ET REJOINT PAR EUX, IL S’ASSIMILE PARFAITEMENT A L’EGYPTE, SON PAYS D’ADOPTION, TANDIS QUE SON PERE, LE PATRIARCHE JACOB, A UN ENTRETIEN AIMABLE LE PHARAON EN PERSONNE, QU’IL BENIT !! MAIS DES LE DEBUT DU LIVRE DE L’EXODE, LE LIVRE SUIVANT LA GENESE, LE REDACTEUR CLOT CETTE BELLE IDYLLE EN NOTANT SECHEMENT QU’UN NOUVEAU ROI QUI IGNORAIT TOUT DE JOSEPH MONTA SUR LE TRONE D’EGYPTE… APRES CETTE PRECISION, TOUT BASCULE, L’EGYPTE DEVIENT LE PAYS DE L’ESCLAVAGE, LA QUINTESSENCE DE L’IMPURETE (TOUM’AT MITSRAYIM), LE LIEU OU LE NOUVEAU ROI D’ISRAËL, UNE FOIS INTRONISE, DOIT S’ENGAGER A NE JAMAIS RAMENER LE PEUPLE (DT. 17 ;16). IL EN SERA DE MEME DANS LA LITTERATURE PROPHETIQUE (A UNE OU DEUX EXCEPTIONS PRES) ET DANS TOUTE LA LITTERATURE RABBINIQUE ULTERIEURE. LE TON EST DONNE POUR TOUJOURS… QUE S’EST-IL PASSE ? NOUS NE LE SAURONS JAMAIS : CEUX QUI REDEPLOYERENT L’HISTOIRE JUIVE ET LUI DONNERENT UNE NOUVELLE DIMENSION, DE NOUVEAUX SYMBOLES, DE NOUVELLES ASPIRATIONS, ONT DECIDE QUE L’EGYPTE ET CE QU’ELLE REPRESENTAIT, DEVAIT QUITTER A TOUT JAMAIS L’HISTOIRE JUDEENNE ET HEBRAÏQUE. JUSTE UNE TRACE DE RECONNAISSANCE DANS CE MEME LIVRE DE L’EXODE OU L’ON RECOMMANDE DE NE PAS NUIRE A L’EGYPTIEN ( L’HABITANT DU PAYS MAIS NON LE PAYS LUI-MEME) CAR TU FUS ETRANGER DANS SON TERRITOIRE… (AL TETA’EV MITSRI KI GUER HAYITA BE-ARTSO) LE ROMAN DE JOSEPH MAIS REVENONS A L’HISTOIRE DE NOTRE HEROS JOSEPH, TELLE QU’ELLE EST RELATEE DANS LES CHAPITRES (37 A 50) DE LA GENESE : ON COMMENCE PAR SOULIGNER LA PREDILECTION DE JACOB POUR SON FILS TANT AIME JOSEPH QU’IL DISTINGUE DE SES AUTRES FRERES, CE QUI SUSCITE L’IRE DE CES DERNIERS ET LEUR INSPIRE DES IDEES DE VENGEANCE. A LA PREMIERE OCCASION, QUI N’EST, DU RESTE, PAS TRES CLAIRE, LORSQUE JOSEPH SE PRESENTE SEUL, A LA RECHERCHE DE SES FRERES, CEUX-CI S’ENTENDENT POUR LE FAIRE DISPARAITRE. IL N’ECHAPPE A LA MORT QUE GRACE A L’INTERVENTION DE SON FRERE AINE RUBEN QUI SUGGERE DE LE JETER AU FOND DU PUITS. C’EST SYMBOLIQUEMENT UNE DESCENTE AUX ENFERS. LA REMONTEE N’EST PAS LOIN ET LE RECIT MANIE L’ART DRAMATIQUE AVEC TALENT : UNE CARAVANE DE MADIANITES ACHETE JOSEPH ET VA LE VENDRE SUR LE MARCHE AUX ESCLAVES EN EGYPTE. UNE MAIN PROVIDENTIELLE TIRE UNE NOUVELLE FOIS JOSEPH DES PROFONDEURS. JOSEPH N’EN A PAS ENCORE FINI AVEC CE CHASSE-CROISE ENTRE CHUTE DRAMATIQUE ET REMONTEE SPECTACULAIRE : RACHETE PAR POTIPAR, VOICI JOSEPH DEVENU INTENDANT DE LA MAISON DU CHEF DES GARDES DU PHARAON ; MAIS SA BEAUTE ET SA GRACE PHYSIQUES STIMULENT LES CONVOITISES DE LA FEMME DE SON MAITRE QUI VEUT AVOIR DES RELATIONS INTIMES AVEC LUI. COMME IL REPOUSSAIT SES AVANCES, ELLE OURDIT UN COMPLOT CONTRE LUI, L’ACCUSANT D’AVOIR CHERCHE A ABUSER D’ELLE. JOSEPH EST DE NOUVEAU CONDAMNE A REDESCENDRE APRES AVOIR CONNU UNE ASCENSION QUI FUT DE COURTE DUREE. EN DETENTION, JOSEPH QUI, LA AUSSI, A ACQUIS UNE POSITION AVANTAGEUSE PUISQU’IL A POUR MISSION DE VEILLER SUR TOUS LES DETENUS, S’INQUIETE DE LA MAUVAISE MINE DE DEUX CONDAMNES, LE GRAND ECHANSON ET LE PANETIER DU PHARAON. LES DEUX HOMMES ONT FAIT DES SONGES QUI LES PREOCCUPENT CAR ILS NE SAVENT PAS LES INTERPRETER. JOSEPH, ON NE SAIT COMMENT, DOMINE PARFAITEMENT LA SCIENCE DE L’INTERPRETATION DES REVES ET LIVRE LA SOLUTION DES DEUX ENIGMES. AU GRAND ECHANSON QUI SERA RETABLI DANS SES FONCTIONS, JOSEPH RECOMMANDE DE NE PAS L’OUBLIER LORSQU’IL QUITTERA LA PRISON ET DE PLAIDER SA CAUSE AUPRES DU PHARAON. MAIS LE REDACTEUR BIBLIQUE SAISIT CETTE OPPORTUNITE POUR SOULIGNER QUE L’HOMME A VITE FAIT D’OUBLIER SON ANCIEN CO-DETENU ET BIENFAITEUR JOSEPH. LA BIBLE VEUT PEUT-ETRE NOUS DIRE (CE QUE SOULIGNERA ULTERIEUREMENT ET TRES EXPLICITEMENT LE MIDRASH) QU’IL NE FAUT PLACER SON ESPOIR QU’EN DIEU… JOSEPH PAIERA CETTE ERREUR OU CETTE INATTENTION DE DEUX ANNEES DE PRISON SUPPLEMENTAIRES. MAIS VOICI QU’AU TERME DE CETTE PEINE AGGRAVEE, LE PHARAON A LUI AUSSI UN SONGE QUI LE PLONGE DANS UNE GRANDE PERPLEXITE. ICI AUSSI, LA DIVINE PROVIDENCE SEMBLE AVOIR CONFIE A D’HUMAINES MAINS LE SOIN D’INTERVENIR EN FAVEUR DE JOSEPH… LE SOUCI THEOLOGIQUE DU REDACTEUR HEBRAÏQUE EST PATENT : COMMENT ADMETTRE QUE DANS TOUTE L’EGYPTE, SI PUISSANTE, SI RICHE, SI AVANCEE, IL NE SE SOIT PAS TROUVE UN SEUL HERMENEUTE (PAS MEME A LA COUR DU PHARAON !) POUR INTERPRETER LE SONGE DU MONARQUE ? DANS LE LIVRE DE L’EXODE, IL EST BIEN FAIT MENTION DES MAGES ET DES SORCIERS (HARTOUME MITSRAIM), PRESENTS A LA COUR DU SOUVERAIN EGYPTIEN ! UNE FOIS DE PLUS, C’EST DIEU QUI DECIDE DE L’HEURE DE LA DELIVRANCE. ET SOUDAIN, LE GRAND ECHANSON, TEMOIN DE LA PERPLEXITE DE SON MAITRE, COMME PAR MIRACLE, SE SOUVIENT DE JOSEPH ! MAIS L’INTENTION DU TEXTE BIBLIQUE EST TRANSPARENTE : C’EST DIEU QUI A DECIDE DU MOMENT, DU LIEU ET DU MODE OPERATOIRE… UNE DERNIERE FOIS, L’ESCLAVE HEBREU REMONTE DE SON TROU ET DESORMAIS L’ASCENSION SERA IRRESISTIBLE : AYANT EXPLIQUE CE QUE SYMBOLISAIENT LES VACHES GRASSES ET MAIGRES AINSI QUE LES EPIS RICHES ET PAUVRES EN GRAINS DE BLE, JOSEPH SE VOIT CHARGE DE REGENTER TOUTE L’EGYPTE. EMERVEILLE PAR CET HOMME AUX DONS QUASI DIVINS, LE PHARAON VA JUSQU’A DIRE QUE NUL N’AURA LE DROIT DE «BOUGER LE DOIGT OU LE PIED EN EGYPTE» SANS L’AUTORISATION DE CELUI QUI EST DEVENU VICE-ROI DU ROYAUME ET CE N’EST PAS FINI. D’AILLEURS, SI COMME NOUS LE VERRONS INFRA LE CORAN NE CONSACRE QUE 111 VERSETS DE LA SOURATE 12 A CETTE HISTOIRE DE JOSEPH, LA BIBLE HEBRAÏQUE S’Y ATTARDE TROIS FOIS PLUS (383 VERSETS)… NOUS PENSONS A LA RECONCILIATION DE JOSEPH ET DE SES FRERES, AU STRATAGEME POUR FAIRE VENIR SON FRERE BENJAMIN, A L’ARRESTATION DES FRERES SOUS LA FAUSSE ACCUSATION DE VOL DU CALICE EN ARGENT ET, ENFIN, A LA RECONNAISSANCE DE JOSEPH PAR SES FRERES… AU COURS DE TOUTES CES PERIPETIES, LE REDACTEUR HEBRAÏQUE A FAIT PREUVE D’UNE PARFAITE MAITRISE DE L’ART DRAMATIQUE DANS UNE HISTOIRE QUI EXHIBE TOUTES LES PASSIONS HUMAINES, LES GRANDEURS ET LES VICISSITUDES DES HOMMES : L’ARROGANCE ET L’ASSURANCE DE SOI CARACTERISANT LE JEUNE PRODIGE, LA JALOUSIE DES FRERES, LA PROPENSION AU VICE ET AU CRIME, LE MENSONGE AU PERE ET LA DISSIMULATION, L’ADRESSE ET L’INGENIOSITE DE LA VICTIME POUR SE TIRER DE SITUATIONS DANGEREUSES, L’ART DE COMPRENDRE LA PSYCHOLOGIE QUI SE REFLETE DANS L’INTERPRETATION DES REVES (VOIRE, MEME, AVANT LA LETTRE, UNE CERTAINE EXPLORATION DE L’INCONSCIENT), LA FRUSTRATION SEXUELLE D’UNE FEMME ET COROLLAIREMENT LA VERTU QUI TRIOMPHE DES TENTATIONS, LA RECTITUDE ET LA BONNE MORALITE D’UN HOMME RECONNAISSANT ENVERS UN MAITRE DONT IL NE TRAHIT PAS LA CONFIANCE, LA SAGESSE POLITIQUE (SAVOIR CONVAINCRE LE PHARAON DE BOUSCULER SA COUR ET DE NOMMER UN ESCLAVE HEBREU A DE SI HAUTES FONCTIONS !!), DES QUALITES D’ORGANISATEUR ET D’ADMINISTRATEUR HORS PAIR (SONGEZ QUE NON SEULEMENT IL SAUVE L’EGYPTE DE LA FAMINE MAIS S’ARRANGE PAR RACHETER AUX PAYSANS RUINES TOUTES LEURS TERRES AFIN DE LES INTEGRER AUX DOMAINES ROYAUX !), ENFIN LE DESIR DE VENGEANCE PARFAITEMENT MAITRISE ET LA RECONCILIATION FINALE… QUELLE APOTHEOSE ! JOSEPH ET ASSENET LE ROMAN DE JOSEPH A DU ECRIT ETRE REDIGE VERS LE VIE SIECLE AVANT NOTRE ERE AFIN D E CONTREBALANCER LE RIGORISME DES SAGES DE TERRE SAINTE : SA PHILOSOPHIE : ON PEUT S’ENTENDRE AVEC LES EGYPTIENS, REUSSIR CHEZ EUX ET SE MARIER AVEC EUX ; CE N’EST VRAIMENT PAS LA THEOLOGIE DE LA PERIODE EXILIQUE DES ECRITS BIBLIQUES… OU REGENENT LA MEFIANCE ET LE REPLI SUR SOI, EN RAISON DE MULTIPLES DEFAITES ET DU RISQUE DE DISPARITION DE LA NATION DANS SA TOTALITE. LE RECIT DE JOSEPH PARLE LE PLUS SOUVENT DE ELOHIM ET NON D E YHWH. C’EST UN INDICE QUI A TOUTE SON IMPORTANCE. TOUT EN NE FAISANT PAS PARTIE DU CANON HEBRAÏQUE, EN TANQUE LIVRE A PART LA BELLE ROMANCE DE JOSEPH ET D’ASSENET NE LAISSE PAS DE NOUS EMOUVOIR ET DE NOUS CHARMER. ON Y VOIT UN JOSEPH, AFFIRMANT SON IDENTITE DE FILS DE JACOB (CELUI LA MEME QUE ASSENET AVAIT TRAITE, AU TOUT DEBUT DE LEUR RENCONTRE, DE FILS DE BERGER DE CANAAN AVANT D’EN TOMBER EPERDUMENT AMOUREUSE !), ORGANISER L’ECONOMIE DE SUBSISTANCE DE SON PAYS D’ADOPTION. JOSEPH SE REPOSE DANS LA MAISON DU PERE D’ASSENET, LE PRETRE D’HELIOPOLIS. AU TERME DE REBONDISSEMENTS DONT L’AUTEUR SEMBLE AVOIR LE SECRET, LA BELLE ASSENET DETRUIT LES IDOLES QUI PEUPLENT SES APPARTEMENTS, SE DEBARRASSE DES VIANDES INTERDITES ET DES VINS PROHIBES, REVET UNE ROBE NOIRE, DE DEUIL, POUR SE PURIFIER ET REJETTE SES ANCIENNES PRATIQUES ET CROYANCES ET SE DEVOUE CORPS ET AME A JOSEPH, L’ELU DE SON CŒUR. ICI, LE MARIAGE MIXTE NE POSE AUCUNE SORTE DE PROBLEME, ALORS QUE DANS LE LIVRE DE LA GENESE (D’OU L’HISTOIRE EST TIREE), ABRAHAM DEPECHE EXPRESSEMENT SON SERVITEUR ELIEZER DANS SON PROPRE CLAN, EN PAYS ARAMEEN, AFIN D’Y TROUVER UNE JEUNE FILLE POUR SON FILS ISAAC CAR TOUTE UNION AVEC UNE CANANEENNE EST EXCLUE… LE ROMAN DE JOSEPH ET D’ASSENET CONTIENT LUI AUSSI QUELQUES ILLUSTRATIONS DE LA BASSESSE HUMAINE : LE PREMIER NE DU PHARAON EST FOLLEMENT AMOUREUX D’ASSENET QU’IL VEUT ENLEVER ET VOUE UNE INEXPUGNABLE HAINE A JOSEPH QUI L’A SUPPLANTE DANS LA FAVEUR DE SON PERE. L’ENFANT ROYAL DESHERITE OURDIT UN COMPLOT CONTRE JOSEPH AVEC LA COMPLICITE DE CERTAINS DE SES FRERES… MAIS LE DON PROPHETIQUE DE LEVI, L’UN DES FRERES DE JOSEPH, PERCE A JOUR LE COMPLOT ET NOS HEROS, AYANT ELOIGNE TOUT DANGER, COULERONT DES JOURS HEUREUX… COMME SA SOURCE BIBLIQUE, CE ROMAN CHERCHE A ADOUCIR LA RIGUEUR DE LA TORA, EN LA RENDANT PLUS TOLERANTE ET PLUS OUVERTE AU MONDE. PEUT-ETRE CHERCHAIT-ON A COMPLAIRE AUX DIASPORAS D’EGYPTE ET DE MESOPOTAMIE, SANS OMETTRE LES AUTOCHTONES (‘AM HA-ARETS) DE JUDEE. LES CHAPITRES CONSACRES A JOSEPH NE PARLENT NI DE L’ALLIANCE NI DE LA PROMESSE DE LA TERRE SAINTE. LE DIEU TETRAGRAMME N’APPARAIT PAS ICI, C’EST SEULEMENT LE TERME PLUS NEUTRE ELOHIM QUI SE LIT. L’HISTOIRE DE JOSEPH EST UNE «NOUVELLE DIASPORIQUE» QUI REFLETE CERTAINEMENT LES PREOCCUPATIONS DES EXILES DE MESOPOTAMIE ET D’EGYPTE. L’IDEE DE FOND EST DE MONTRER QU’ON N’EST PAS SI MAL DANS UN PAYS D’ACCUEIL AUTRE QUE LA TERRE PROMISE ET QUE L’ON PEUT Y MENER UNE VIE JUIVE, SANS ETRE VICTIME D’OSTRACISME. UN DETAIL FRAPPE DANS TOUTE CETTE HISTOIRE, C’EST LE SYSTEME BINAIRE, LES CHOSES SE REPETENT AU MOINS DEUX FOIS ; DEUX REVES DE JOSEPH, DEUX EXHORTATIONS DE SON PERE L’INCITANT A PRENDRE DES NOUVELLES DE SES FRERES, DEUX EMPRISONNEMENTS, DEUX REVES DE SES CO-DETENUS, DEUX REVES DU PHARAON, DEUX VOYAGES EN EGYPTE, DEUX FOIS ON CACHE UN OBJET, DEUX AUDIENCES DES FRERES AVEC JOSEPH, DEUX ACCUSATIONS D’ESPIONNAGE, DEUX INVITATIONS DE S’INSTALLER EN EGYPTE… POUR QUELLE RAISON PRECISE A-T-ON INSERE CET EPISODE LEGENDAIRE DE JOSEPH DANS CE LIVRE DE LA GENESE ? NE DEVRAIT-ON PAS LE CONSIDERER COMME UN MIDRASH DE LA TORA DANS SON ENSEMBLE ? A Y REGARDER DE PLUS PRES, TOUS LES INGREDIENTS DE L’IDENTITE JUDEENNE D’APRES L’EXIL S’Y TROUVENT: LES RELATIONS ENTRE DIEU ET LE PREMIER HOMME (SORTE D’ARCHETYPE DE L’HUMANITE JUIVE), L’INTERDICTION DE L’HOMICIDE, LE LIEN ENTRE L’HOMME ET SON EPOUSE, LE REPOS DU SABBAT, LA CIRCONCISION (ABRAHAM ET SES 318 DISCIPLES), LA DIME, ETC. L’EMPLACEMENT DE JOSEPH EST STRATEGIQUE : ENTRE JACOB, SYMBOLE DE L’IDENTITE ETHNIQUE ET MOÏSE LE LEGISLATEUR, SYMBOLE DE L’IDENTITE RELIGIEUSE STRICTE. HORMIS LE PENTATEUQUE, LE SEUL TEXTE DE LA BIBLE HEBRAÏQUE QUI CONNAIT L’HISTOIRE DE JOSEPH EST LE PSAUME 105 ; 18-23. UNE IMAGE DE L’EGYPTE ANCIENNE PLUS CONFORME A LA REALITE HISTORIQUE… JAN ASSMANN, EGYPTOLOGUE REPUTE DE L’UNIVERSITE DE HEIDELBERG, A RESSENTI LE BESOIN D’ECRIRE CET OUVRAGE SUR LE PRIX DU MONOTHEISME EN REPONSE AUX CRITIQUES VIRULENTES SUSCITEES PAR LA PUBLICATION DE SON PRECEDENT OUVRAGE, MOÏSE L’EGYPTIEN. MEME S’IL S’EST IMPRUDEMMENT AVENTURE (EN TOUT CAS SANS VIATIQUE SUFFISANT) DANS LE DOMAINE DES ETUDES BIBLIQUES ET DES RELIGIONS COMPAREES, SES REFLEXIONS CRITIQUES SUR L’HISTORIOGRAPHIE VETERO-TESTAMENTAIRE ET SUR CE QU’IL FAUT BIEN NOMMER LA REVOLUTION MONOTHEISTE, NE MANQUENT PAS D’INTERET PUISQU’ELLES NOUS PERMETTENT DE MIEUX COMPRENDRE L’ETUDE D’UN CONTRASTE : LA NATURE VERITABLE DE L’EGYPTE ANCIENNE ET L’IMAGE QU’EN DONNE LA BIBLE. CE LIVRE EST EXTREMEMENT STIMULANT PUISQU’IL JETTE UN REGARD NEUF SUR UN DOMAINE SI PEU FAMILIER A L’EGYPTOLOGUE, MEME S’IL EST FONDE A DIRE QUE LES ENFANTS D’ISRAËL ONT, DANS LEUR IMAGINAIRE MYTHIQUE, EMPORTE AVEC EUX UNE IMAGE DELAVEE D’UNE EGYPTE DE LEURS REVES : CE PASSE BIBLIQUE DU PEUPLE D’ISRAËL, INVENTE PRESQUE DE TOUTES PIECES, N’EST CORROBORE PAR AUCUNE AUTRE SOURCE EXTERNE: QUI A INVENTE CETTE TRADITION ESCLAVAGISTE DE L’EGYPTE ANCIENNE ? PROBABLEMENT, LA SOURCE SACERDOTALE, DESIREUSE DE FAIRE DE CETTE EGYPTE ANCIENNE UN ANTI-MODELE, UN EXEMPLE A NE PAS SUIVRE, EN DEPIT DE LA SAGESSE DE JOSEPH. MEME S’IL EST INDENIABLE QUE DES NOTIONS RELIGIEUSES, VOIRE MEME THEOLOGIQUES ONT ETE EMPRUNTEES PAR LES REDACTEURS DE LA BIBLE HEBRAÏQUE AU LIMON SPIRITUEL DE CETTE SUPER PUISSANCE DE L’EPOQUE PRE-HISTORIQUE QUE FUT L’EGYPTE PHARAONIQUE. ASSMANN COMMENCE DONC SON OUVRAGE EN SE JUSTIFIANT : EN PARLANT DE RELIGION PRIMAIRE (PAGANISME, CULTES CLANIQUES ETC…) QU’IL OPPOSE AUX RELIGIONS SECONDAIRES, C’EST-A-DIRE ELABOREES ET EDIFIEES SUR LES RUINES DES PRECEDENTES, IL N’ENTENDAIT PAS PORTER ATTEINTE AU STATUT DU MONOTHEISME NI EN FAIRE LE VEHICULE PAR EXCELLENCE DE L’INTOLERANCE ET DE LA VIOLENCE. CETTE DISTINCTION OPEREE ENTRE RELIGIONS PRIMAIRES ET RELIGIONS SECONDAIRES EST LE RESULTAT, SELON ASSMANN, DE LA «DISTINCTION MOSAÏQUE». C’EST MOÏSE QUI, SE RECLAMANT DE LA REVELATION, FACTEUR SURNATUREL DETERMINANT, IMPOSE LE TOURNANT, MOMENT DECISIF DANS LA VIE DE L’HUMANITE CROYANTE ET PENSANTE. CE MOMENT LA EST APPELE PAR KARL JASPERS (ET PAR D’AUTRES) ACHSENZEIT, TEMPS AXIAL OU LES MŒURS HUMAINES SE METTENT A CHANGER DANS UN CERTAIN SENS, COMME SI ELLES AVAIENT ATTEINT UN SEUIL DE MATURITE. LES HISTORIENS RELEVENT QUE CETTE REVOLUTION (ET LE MONOTHEISME EN FUT UNE) S’EST PRODUITE DANS MAINTES CIVILISATIONS, A PEU PRES A LA MEME EPOQUE, TANT EN BABYLONIE, EN JUDEE, EN CHINE, EN GRECE, QU’EN INDE, AUX ALENTOURS DES VI-VE SIECLES AVANT L’ERE CHRETIENNE. ASSMANN NOTE (P 23) : LA NOUVELLE CONCEPTION DU SAVOIR INTRODUITE PAR LES GRECS EST TOUT AUSSI REVOLUTIONNAIRE QUE LA NOUVELLE CONCEPTION DE LA RELIGION INTRODUITE PAR LES JUIFS ET ASSOCIEE AU NOM DE MOÏSE. COMME ON LUI AVAIT REPROCHE D’AVOIR TAXE LE MONOTHEISME DE «CONTRE-RELIGION», L’AUTEUR PRECISE SA PENSEE ET DRESSE UNE COMPARAISON AVEC LE CONTRE- SAVOIR QUI S’OPPOSE A LA MAGIE ET AU FAUX SAVOIR… REDONNONS LUI LA PAROLE (P 24) : NOTRE CONCEPTION DE LA RELIGION RECOUVRE DE FAÇON INCROYABLEMENT PEU CRITIQUE CES DEUX ACCEPTIONS, LES RELIGIONS MONOTHEISTES ET LES RELIGIONS PRE-MONOTHEISTES. POURTANT, LES JUIFS ONT REVOLUTIONNE LE MONDE DE FAÇON AU MOINS AUSSI DETERMINANTE QUE LES GRECS EN INTRODUISANT LA DISTINCTION MOSAÏQUE ; ET ILS ONT INSTAURE UNE RELIGION QUI SE DEMARQUE DE TOUTES LES RELIGIONS TRADITIONNELLES TOUT AUSSI NETTEMENT QUE LA SOCIETE GRECQUE SE DEMARQUE DE TOUTES LES SCIENCES TRADITIONNELLES. ET POUR NE LAISSER SUBSISTER AUCUN DOUTE, L’AUTEUR AJOUTE A LA PAGE SUIVANTE QUE TANT LE MONOTHEISME QUE LA PENSEE SCIENTIFIQUE CONSTITUENT DES AVANCEES CIVILISATIONNELLES MAJEURES…. MAIS ASSMANN ECRIT AUSSI QUE LE JUDAÏSME EST LA RELIGION DE L’AUTO-EXCLUSION, ENTENDANT PAR LA LA MENTALITE EXCLUSIVISTE DE L’HISTORIOGRAPHIE DEUTERONOMISTE. L’AUTEUR EST FONDE A PARLER DE L’INCONVERTIBILITE DES DIVINITES PAÏENNES EN DIVINITE HEBRAÏQUE. IL EST INCONTESTABLEMENT VRAI QUE YAHWEH NE SERA JAMAIS TRADUIT PAR ZEUS NI PAR JUPITER. ET CECI EXPLIQUE EN PARTIE L’INCOMMUNICABILITE DES HEBREUX AVEC L’ENVIRONNEMENT PAÏEN. IL EST VRAI QUE LA REVENDICATION D’UN DIEU UNIQUE ET LE FAIT DE S’EN PREVALOIR RENDAIENT UN TEL DIALOGUE IMPOSSIBLE. ON APPREND BEAUCOUP DES DEVELOPPEMENTS SUR AKHENATON ET MOÏSE QUI RENDENT PLUS FRAPPANTES LES SIMILITUDES ENTRE LES INITIATIVES RESPECTIVES DES DEUX CHEFS RELIGIEUX. TOUT AUSSI BIENVENUE EST L’OPPOSITION ENTRE UN MONOTHEISME REVOLUTIONNAIRE ET EXCLUSIF, TEL CELUI DE MOÏSE, ET L’AUTRE, CELUI DU PHARAON DU XVE SIECLE AVANT NOTRE ERE, PLUS EVOLUTIF ET INCLUSIF, C’EST-A-DIRE NE REJETANT PAS LES AUTRES DIVINITES EXISTANTES MAIS LES SUBORDONNANT A UN PRINCIPE SUPERIEUR. ALORS QUE MOÏSE SE RECLAME D’UNE REVELATION, DONC D’UNE INTERVENTION SORTANT DU CADRE NATUREL DE L’ENTENDEMENT, AKHENATON PROFESSE LUI, UN MONOTHEISME BASE SUR LA CONNAISSANCE, RESULTAT D’UNE SERIE DE DEDUCTIONS LOGIQUES : LE SOLEIL DONNE LA CHALEUR ET FIXE LES HEURES ET LES JOURS, IL ECLAIRE ET SEPARE LE JOUR DE LA NUIT ETC… PEUT-ON SE PASSER DE LUI ? MAIS CETTE EGYPTE QUE LA BIBLE HEBRAÏQUE A MIS EN MARGE DE NOTRE PENSEE ET DE NOTRE ACTION, QUE L’ON A IDENTIFIEE A LA QUINTESSENCE DE L’IMPURETE ET DE L’INCROYANCE (MONOTHEISTE, S’ENTEND), N’A JAMAIS ENTIEREMENT DISPARU DE NOTRE IMAGINAIRE. ELLE DEMEURE PRESENTE DANS NOTRE SUBCONSCIENT RELIGIEUX PUISQUE MEME LA BIBLE CONTINUE DE RECOMMANDER DE NE JAMAIS RETOMBER DANS LE POLYTHEISME EGYPTIEN ; LORS DE L’INTRONISATION DU MONARQUE, CELUI-CI DOIT S’ENGAGER SOLENNELLEMENT A NE JAMAIS «RECONDUIRE LE PEUPLE EN EGYPTE». IL S’AGIT VISIBLEMENT D’UNE EGYPTE IMAGINAIRE, INCARNATION DE CE SOMBRE PASSE (PARCE QUE POLYTHEISTE) DE L’HUMANITE. ET DE CELA, LA FAMEUSE DISTINCTION MOSAÏQUE (ENTENDEZ ENTRE LA VRAIE ET LA FAUSSE RELIGION), EST RESPONSABLE. L’AUTEUR NOTE AVEC JUSTESSE : NOUS AUTRES, OCCIDENTAUX, SERIONS INCAPABLES DE VIVRE DANS UN ESPACE ET UN UNIVERS SPIRITUEL QUI NE SOIENT PAS CLIVES PAR LA DISTINCTION MOSAÏQUE. UN AUTRE ELEMENT A JOUE UN ROLE MAJEUR DANS LE REJET DE L’EGYPTE ET DE CE QU’ELLE REPRESENTAIT DANS NOTRE IMAGINAIRE JUDEO-CHRETIEN, C’EST LE ROLE DE L’ETAT ET DE SA DIVINISATION SUR TERRE. IL Y A DANS LA BIBLE HEBRAÏQUE UN CERTAIN ANTI-ETATISME : ALORS QU’EN EGYPTE, LE ROI ETAIT L’IMAGE DE DIEU, LE SYMBOLE DE LA PRESENCE DIVINE SUR TERRE ET CONFERAIT A SON TITULAIRE UN STATUT QUASI DIVIN, LA BIBLE NOUS ENSEIGNE QUE NOUS DEVONS TOUT ATTENDRE DE DIEU (SOUVENONS NOUS DU CAS DE JOSEPH LUI-MEME) ET NON POINT DE SON VICAIRE SUR TERRE. C’EST PROBABLEMENT AU NOM DE CETTE OMNIPOTENCE ETATIQUE QUE L’EGYPTE FUT CONÇUE COMME UNE ENTITE ESCLAVAGISTE, QUI ASSERVIT UN PEUPLE LEQUEL NE VOULAIT RECONNAITRE QU’UNE DOMINATION, CELLE DE DIEU, QUI, PLUS TARD LE SAUVERA DE LA MAISON DE SERVITUDE, MEME SI NOUS SAVONS QUE TOUTE IDEE DE SERVITUDE ETAIT ETRANGERE A LA MENTALITE DE L’EGYPTE ANCIENNE. ET LA, L’EGYPTOLOGUE JAN ASSMANN NOUS LIVRE DE PASSIONNANTS DEVELOPPEMENTS SUR LA NOTION DE MORALE ET D’ETHIQUE DU POINT DE VUE DES SOURCES EGYPTIENNES. IL EST FONDE A SOULIGNER QUE LE MONOTHEISME N’AVAIT PAS LE MONOPOLE DE LA MORALE QUI LUI PRE-EXISTAIT, ET DEPUIS FORT LONGTEMPS. L’EGYPTE ANCIENNE, ET AVANT ELLE LE CODE HAMMOURABI, DONNAIENT DES LEÇONS DE JUSTICE ET D’EQUITE. LA SEULE DIFFERENCE, MAIS ELLE EST DE TAILLE, C’EST QUE LA LOI DE DIEU LIBERE L’HOMME DE LA TYRANNIE DES AUTRES HOMMES ET DE LA NATURE, ALORS QUE DANS L’EGYPTE ANCIENNE, C’EST L’ETAT QUI ASSUME CETTE FONCTION. ENFIN, LE DECALOGUE APPORTE CEPENDANT UNE NOUVEAUTE DE TAILLE : DIEU EST GARANT DE LA PERENNITE DE LA MORALE, CE N’EST PAS UN MONARQUE QUI, COMME AKHENATON, IMPOSE SA LOI PENDANT TREIZE ANS ET ENSUITE DISPARAIT ; SA LEGISLATION RESTE, RIEN NE PEUT LA TRANSFORMER, MEME SI LES HOMMES LUI SONT HOSTILES, ELLE RENFERME EN ELLE SA PROPRE JUSTIFICATION. AU FOND LA MAAT EGYPTIENNE CORRESPOND TRES BIEN AU MISHPAT HEBRAÏQUE. IL NE FAUT DONC PAS CROIRE QU’EQUITE ET MONOTHEISME FORMENT UN DOGME INDISSOCIABLE : UNE JUSTICE PEUT PREVALOIR MEME DANS UN MILIEU SOCIAL QUI NE CONNAIT PAS ENCORE LE DIEU UNIQUE. EN UNE PHRASE, LE MONOTHEISME ETHIQUE NE S’IMPOSE PAS EN TOUT LIEU …, UNE CERTAINE ETHIQUE PEUT EXISTER SANS MONOTHEISME. ON PEUT CEPENDANT DIRE QUE LE MONOTHEISME A THEOLOGISE LA JUSTICE. EN RELIANT CETTE DERNIERE A DIEU LUI-MEME, ON A VOULU EN FAIRE UN PRINCIPE INCONDITIONNEL, ABSOLU. DANS LE CHAPITRE III DE SON LIVRE, L’AUTEUR TRAITE DE L’OPPOSITION ENTRE L’HISTORIOGRAPHIE BIBLIQUE, NOTAMMENT LA PRESENTATION DE L’EXODE, ET UNE AUTRE RELATION DES FAITS QUI NOUS PARLE DE LEPREUX, EXILES DANS UNE PARTIE DU TERRITOIRE EGYPTIEN QU’ILS QUITTERENT POUR SEMER LA MORT ET LA DESTRUCTION SUR LEUR PASSAGE; AYANT A LEUR TETE UN MENEUR DONT LE NOM A DES CONSONANCES RAPPELANT CELLES DE MOSHE (MOÏSE), ILS SE FONT LES ENNEMIS DE TOUTE RELIGION ET DETRUISENT TOUT CE QUI RESSEMBLE DE PRES OU DE LOIN AU BESTIAIRE SACRE DU CULTE EGYPTIEN. CETTE CROISADE DESTRUCTRICE, JOINTE A L’ERADICATION IMPITOYABLE DU CULTE IMAGE, AURAIT LAISSE, SELON ASSMANN, UN SOUVENIR TRAUMATIQUE DANS LA MEMOIRE EGYPTIENNE : CES HEBREUX QUE LA BIBLE NOUS PRESENTE COMME LA GRAINE DU PEUPLE ELU, QUITTANT LA MAISON DE SERVITUDE GRACE A UNE INTERVENTION DIVINE MIRACULEUSE, N’AURAIENT ETE, SELON L’AUTRE VERSION DES FAITS (DONT SCHOPENHAUER SE FERA, EN PLEIN XIXE SIECLE, LE MECHANT PROPAGATEUR) QU’UNE BANDE DE LEPREUX, ENTRES EN REVOLTE SOUS LA CONDUITE D’OSARSEPH (LE JOSEPH DE LA BIBL ?) ; MAIS MANETHON QUI RELATE CETTE VERSION DES FAITS NE PARLE PAS D’AKHENATON, FILS D’AMENOPHIS III, RESPONSABLE DE TOUS CES DESORDRES ET DONT NOM AVAIT ETE MARTELE… LA LEPRE, VOILA UNE MALADIE PRESQUE SPIRITUELLE QUI OCCUPE UNE PLACE CENTRALE DANS LE PENTATEUQUE ET QUI EST DEVENUE IMPERCEPTIBLEMENT LE SYMBOLE DE L’IMPURETE EGYPTIENNE DANS LA BIBLE HEBRAÏQUE… ASSMANN EST FONDE A ECRIRE QUE LE RECIT BIBLIQUE DE L’EXODE CONSTITUERAIT LUI-MEME UNE CONTRE-HISTOIRE, ELABOREE EN REACTION A LA LEGENDE EGYPTIENNE … LA SECTION INTITULEE ICONOCLASME ET ICONOLATRIE EST REMARQUABLE : L’ICONOCLASME, DIT L’AUTEUR, EST UN THEOCLASME, C’EST-A-DIRE UNE DESTRUCTION DES DIEUX : EN MEME TEMPS QUE LES IMAGES, CE SONT LES DIEUX QUE L’ON VENERE A TRAVERS EUX, QUI DOIVENT ETRE DETRUITS DANS LE CHAPITRE SUIVANT, CONSACRE SPECIFIQUEMENT A LA LECTURE FREUDIENNE DE MOÏSE ET DU LIVRE DE L’EXODE, ASSMANN RECONNAIT HONNETEMENT S’ETRE TROMPE DANS SON PRECEDENT OUVRAGE, MOÏSE L’EGYPTIEN. SES ANALYSES N’EN DEMEURENT PAS MOINS FINES, NOTAMMENT LORSQU’IL ECRIT, QUE L’HISTOIRE DE LA MEMOIRE NE DEMANDE PAS COMMENT LES CHOSES SE SONT PASSEES REELLEMENT, MAIS COMMENT ET POURQUOI ON S’EN EST SOUVENU… LE TOURNANT DU LIVRE DE L’EXODE ET LES ORIGINES DU PEUPLE D’ISRAËL CE N’EST DONC PAS DANS LE LIVRE DE L’EXODE QUE NOUS POURRIONS TROUVER UNE EVALUATION CORRECTE DU ROLE JOUE PAR L’EGYPTE ANCIENNE. L’IMAGE DE CE PAYS RELEVE PLUTOT DE L’IMAGINAIRE D’UN PEUPLE QUI S’EST POSE EN S’OPPOSANT. MAIS LA BIBLE HEBRAÏQUE A CONNU UN LONG PROCESSUS DE MATURATION ET D’ELABORATION. LES TRADITIONS QUI GISENT A SON FONDEMENT ONT ETE RECUEILLIES ET RETRAVAILLEES DURANT DES SIECLES. IL Y A DES DISPARITES CONSIDERABLES ENTRE LES LIVRES DE L’EXODE ET DE LA GENESE, SANS MEME PARLER DES INCONSEQUENCES QUI SIGNENT LA NATURE COMPOSITE DE CE MEME LIVRE. NOUS PARLERONS INFRA AUSSI DU DEUTERONOME ET DE SA THEOLOGIE. IL SUFFIT, COMME ON A TENTE DE LE FAIRE, DE LIRE LES HISTOIRES D’ABRAHAM, D’ISAAC ET DE JACOB, ET CELLE DE L’EXODE POUR S’APERCEVOIR DE LEURS GRANDES DIVERGENCES. LA TRADITION PATRIARCALE PRESUPPOSE (DEJA) LA VIE EN TERRE DE CANAAN ALORS QUE TOUTE L’ATTENTION SE PORTE SUR L’ALLIANCE ET LA DEVOLUTION DU TERRITOIRE. ET VOILA QUE SOUDAINEMENT, LE PAYSAGE CHANGE DU TOUT AU TOUT DES LE DEBUT DU LIVRE DE L’EXODE. APPAREMMENT, LE PAYS DE CANAAN N’EST PAS ENCORE ENTRE LES MAINS DES BENE ISRAËL QUI SE RETROUVENT EN EGYPTE. ET LE LIEN, LE TRAIT D’UNION ENTRE L’HISTOIRE PATRIARCALE ET ISRAËL EN EGYPTE EST ASSURE PAR JOSEPH… Il y a donc une hésitation entre le culte de l’Egypte d’une part et son rejet total ou partielk, d’autre part. On voit dans l’Exode que l’Egypte est une terre d’esclavage d’où seule la puissance divine a pu libérer d’Israël et d’un autre côté, l’Egypte terre d’accueil Après l’idylle de la Genèse, il a rejet de l’Exode., divorce d’avec l’Egypte. : Exode, premier événement du peuple d’Israël en tant que tel. Fait dans le creuset égyptien. Mais l’image n’est pas nette : on reproche aux Hébreux leur nostalgie d’une Egypte , terre d’abondance où l’on mangeait des marmites de viande… alors que dans le désert, on en réduit à la manne (ha-léhém ha-kélokél). L’Egypte exerce toute sa fascination sur les rédacteurs et les scripteurs. Mais aussi rejet et dégoût : les dix plaies d’Egypte et la traversée de la mer des joncs ; anéantissement de l’armée égyptienne par noyade. L’Egypte a aussi été une terre d’accueil : la famine, fuite devant les Babyloniens, Jérémie s’y réfugie etc… C’est à cette époque que naît la diaspora égyptienne. L’île d’Eléphantine avec son syncrétisme. Entre les VIIIe-VIIe siècles, grandes influences de l’Egypte sur Canaan et Israël AMENEMOPE et le livre des Proverbes : similitudes frappantes. Et que disent les documents égyptiens d’Israël et de Moïse : rien, à l’exception d’une stèle de – 1205 qui proclame la disparition de la semence d’Israël… Le chapitre 19 d’Isaïe résume bien cette contradiction : rejet et condamnation, mais la porte reste ouverte à la réconciliation et à la résipiscence : On dresse un portrait, vers la fin, d’une réconciliation des puissances hégémoniques ennemies avec Israël qu’elles ont battu et occupé «Quand les Egyptiens crieront vers YHWH devant des oppresseurs, il leur enverra un sauveur qui les délivrera. YHWH se fera connaître aux Egyptiens les Egyptiens connaîtront en ce jour là. Ils pratiqueront le sacrifice et l’oblation ; il voueront des vœux à YHWH et s’en aquitteront. YHWH frappera les Egyptiens, il frappera mais guérira. ; ils reviendront vers YHWH qui se montrera propice envers eux et les guérira. En ce jour là il y aura une chaussée allant d’Egypte en Assyrie Assur viendra en Egypte et les Egyptiens en Assyrie et les Egyptiens seront au service d’Assur. En ce jour là, Israël sera l’Egypte et pour Assur un tiers, et au milieu de la terre une bénédiction que YHWH que YHWH des armées prononcera en disant : BENIS SOIENT L’EGYPTE MON PEUPLE, ASSUR L’ŒUVRE DE MES MAINS ET ISRAËL MON HÉRITAGE……» Même dans une vision apocalyptique et de portée messianique, l’Egypte est présente, mais c’est une Egypte régénérée, purifiées, débarrassée des scories de l’impureté dont elle avait été jadis l’inacceptable quintessence. Maurice-Ruben HAYOUN Pour Tribune de Genève.