Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Pour ceux qui n'aiment pas l'Allemagne de Philippe Olivier (Editions Hermann, 2013)

Philippe Olivier et son dernier livre intitulé Pour ceux qui n’aiment pas l’Allemagne (Editions Hermann)

Voici un bel ouvrage, très documenté, écrit avec cœur et qui, pour ces deux raisons, ne laissera personne indifférent. Son auteur, germaniste distingué et musicologue averti, est un Français  sensible aux mérites de notre voisin d’outre-Rhin, sans jamais fermer les yeux sur d’éventuels manquements ou défauts.

A parcourir cet ouvrage attentivement, on apprend tant de choses : son auteur a rassemblé une impressionnante documentation, lisant et analysant tout ce qui se rapporte à son propos. Si l’on veut avoir une vue d’ensemble, le principe architectonique de cet ouvrage, c’est en page 295 qu’il faut aller le chercher :

La construction de cet ouvrage aura permis à ses lecteurs de s’associer à des réflexions consacrées à la culture, à la jeunesse et à la communauté homosexuelle, en Allemagne et en France. Tout comme à l’islam et au judaïsme dans les deux pays ainsi qu’aux conséquences de l’absorption de la RDA

Vaste programme que l’auteur mène à bien. Je suis impressionné par cette vaste documentation qu’il met à profit pour étayer ses analyses sur la situation comparative des deux pays fondateurs de l’Europe, l’Allemagne et la France avec leurs dissemblances et leurs ressemblances. Dans la première partie on a plutôt l’impression que l’auteur instruit à charge lorsqu’il évoque le retard accumulé par la France et l’incompréhension dont est souvent victime le pays voisin. Et notamment, la baisse de l’enseignement de l’allemand dans les lycées et collèges.

Au fil de notre progression, nous relevons que les acteurs politiques, économiques et culturels allemands passent aussi sous les fourches caudines de l’auteur. Mais au fond, les problèmes sont partout les mêmes, sans provoquer les mêmes réactions car l’identité nationale et l’histoire politique des deux pays diffèrent grandement. Pays profondément marqué par la religion évangélique et son fondateur, le grand réformateur, l’Allemagne n’a jamais connu le centralisme jacobin et a toujours favorisé une sorte de réalité multipolaire, propice au fédéralisme. Par ailleurs, sa relation au passé n’est pas la même qu’en France.

Philippe Olivier dresse une comparaison entre l’attitude des Français et des Allemands face aux immigrés et à leur religion majoritaire, l’islam. On lit alors des informations proprement stupéfiantes. En Allemagne, il s’agit principalement de Turcs, donc d’un peuple qui ne fut jamais colonisé par le pays alors qu’en France la situation se présente autrement : la quasi-totalité des étrangers présents sur le territoire proviennent de pays jadis colonisés par la métropole.

Autre différence de taille entre les deux pays, l’attitude face au judaïsme et aux juifs : le pétainisme n’a pas causé autant de drames ni de tragédies que l’hitlérisme, ce qui explique sue la politique tant étrangère qu’intérieure de la RFA fasse preuve d’une très grande prudence sur ces deux points. Depuis les premières années suivant immédiatement la réunification et l’effondrement des pays communistes, les autorités allemandes ont dit haut et fort leur volonté de reconstituer la population juive à un niveau équivalent à ce qu’elle était avec le génocide hitlérien, près d’un demi million d’âmes… On y arrive graduellement, grâce à l’apport des juifs de l’ex URSS qui  préfèrent rester en Allemagne au lieu de s’envoler vers Israël où les conditions d’existence sont plus difficiles. Mais le plus intéressant dans cette situation, c’est la présence d’une forte communauté israélienne, très entreprenante et très dynamique, qui se fixe notamment à Berlin et participe activement à la vie culturelle et artistique du pays.

Les résultats de certaines enquêtes sur les Turcs d’Allemagne m’inquiètent car la plupart n’ont pas encore assimilé les valeurs fondamentales de l’Occident judéo-chrétien. Et dans ce domaine aussi, le livre de Philippe Olivier n’hésite pas dire les choses telles qu’elles sont. Il n’hésite pas dénoncer ce racisme à rebours, c’est-à-dire où les immigrés ne plus victimes mais promoteurs d’un racisme anti-chrétien et anti-juif.

Il faut féliciter Philippe Olivier d’avoir écrit ce livre qui, comme les précédents*, nous apporte tant. Cet ouvrage, par certains de ses aspects, sera un ouvrage de référence sur les points communs mais aussi les différences entre ces deux puissances dont l’entente ou hélas la mésentente a toujours lourdement pesé sur l’avenir de notre continent.

* Voir aussi la réédition de son ouvrage, Wagner. Manuel pratique à l’usage des mélomanes. Hermann, 2013.

Les commentaires sont fermés.