Le président François Hollande au Qatar
Depuis quelques années on assiste à un développement sans cesse accru de l’intérêt de la petite monarchie gazière et pétrolière qu’est le Qatar pour la France. On se souvient de l’amitié de l’ancien président Sarkozy pour cette petite enclave de stabilité relative au sein d’un Proche Orient très mouvementé. L’émir fut l’invité d’honneur du 14 juillet, il a aussi contribué puissamment à la libération des infirmières bulgares et du médecin palestinien. Il a aussi été l’une des chevilles ouvrières arabes lors de l’élimination du régime de Mouammar Kadhafi. Enfin, il est à la pointe du combat contre le régime syrien pro iranien et pro Hezbollah. Quelle carte de visite pour un pays qui compte une infime portion d’habitants, un tout petit territoire mais une immense fortune qui semble inépuisable.. Au plan politique, on peut suivre les actions du Qatar : monarchie alignée sur la politique des USA qui assurent sa sécurité au sein même du pays, il a tout intérêt à neutraliser le régime syrien et son affidé libanais qui menacent la paix régionale et constituent un obstacle tenace sur la voie de la pacification des relations avec Israël. Mais pour le reste, même si l’on est un fin talmudiste, on a du mal à suivre les méandres de cette politique tous azimuts. … Et quand je parle de toutes ces acquisitions sur place, je n’omets pas le PSG et la coupable mansuétude des pouvoirs publics qui ont permis la fête du PSG sur l’esplanade du Trocadéro, qui a d’ailleurs conduit à d’incroyables émeutes suivies de terribles dévastations sur les plus belles avenues de Paris… Le tout, tout en connaissant les risques mais en redoutant de dire non à un ami puissant mais devenu embarrassant. Et voilà que le président Hollande se rend dans ce pays et y reste deux jours entiers ! Certes, il y a des marchés financiers à conclure, des ventes à promouvoir. Mais tout de même… La seule justification diplomatique que j’entrevois dans ce voyage est la rencontre à Doha des ministres des affaires étrangères pour discuter de la Syrie. Cela pourrait déboucher sur des progrès, surtout si l’on alimente en armes modernes et en munitions les insurgés syriens. Après il faudra scruter à la loupe les relations avec ce petit pays dont le chef à trois épouses et pas moins de vingt-quatre descendants.
Maurice-Ruben Hayoun
In Tribune de Genève du 22 juin 2013