L’Arabie saoudite et les USA: l’impair diplomatique de Barack Obama
C’est la loi des séries. Obama vient de commettre une nouvelle bourde au plan international. Une bourde qui aura de lourdes conséquences : le roi Salman, le nouveau monarque saoudien, vient d’annoncer qu’il se fera remplacer lors de la visite de son pays et des alliés de la région à Camp David. Raison véritable de cette absence royale ; le peu d’empressement d’Obama a dire qu’il garantit la sécurité de ces états contre des velléités de domination iranienne.
En effet, les états du golfe sont très inquiets par le laxisme US prôné par Obama qui semble avoir misé tous ses pions sur un Iran de demain, débarrassé de ses Mollahs et ayant réintégré le giron des nations civilisées et démocratiques. C’est un pari risqué mais c’est surtout la décision de sacrifier toute une région, livrée à une hégémonie iranienne que l’Arabie redoute plus que tout. En effet, les états sont des monstres froids et Obama a calculé que l’intérêt bien compris des USA n’était pas de cautionner ni de défendre des états rétrogrades ou arriérés comme l’Arabie, mais d’opter pour le droit, le progrès et la démocratie.
C’est juste mais aussi très ingrat. Quand Obama dit que l’impopularité des régimes arabes de la région tient principalement à l’insatisfaction des populations de ces mêmes pays, il commet une grande partialité car ce qu’il reproche aux Arabes il ne le reproche guère aux Iraniens qui, eux aussi, entretiennent un régime basé sur la violence et l’usurpation. Obama voudrait que tous les alliés des USA eussent le même régime démocratique que Washington et l’Union Européenne. Mais c’est une naïveté incroyable.
Je me souviens de deux phrases de Henry Kissinger qui illustrent bien l’angélisme des démocrates US depuis toujours : lorsqu’un petit potentat d’Amérique centrale a fini par être renversé dans son pays avec l’aide de Washington, Kissinger avait déploré le chose en ces termes : ce type est fils de p… mais c’était NOTRE fils de p… La seconde citation porte appréciation de la politique étrangère de Jimmy Carter. Dixit ce même dear Henry : tous les président US ont voulu changer le monde, mais Carter va plus loin : il se comporte comme si c’était lui qui l’avait créé !
Les gérontes d’Arabie et des autres pays de la région ont oublié d’être idiots car il y va de leur survie : ils observent tous les lâchages US des anciens présidents : Hosni Moubarak qui avait assuré la paix et la stabilité dans la région durant plus de 30 ans a été jeté comme une vieille chaussette… Les USA se sont révélés un tigre en papier lorsque Obama a soudain décidé de ne pas réagir après le franchissement par Bachar de la fameuse ligne rouge… Demandez donc au gouvernement français actuel ce qu’il en pense… Et puis les gens n’ont pas la mémoire courte : les Arabes n’ont pas oublié l’abandon du Chah d’Iran, moins de trois mois après les éloges de ce même homme par Jimmy Carter en visite officielle à Téhéran.
C’est ce spectre qui hante les gérontes de Ryad et des pays voisins.
Pour eux, cette tiédeur Us signifie en clair qu’en cas de confrontation avec l’Iran, les USA n’interviendront pas ni ne se tiendront aux côtés des Arabes. D’où cette diplomatie d’opportunité à l’égard de la France à laquelle on a passé commande de dizaines d’avions de chasse.
Il reste encore quatorze mois environ à Barack Obama à la tête d’un grand pays qu’il a tant affaibli. Par son inexpérience et ses postures idéologiques, il a mis à mal, voire soumis à rude épreuve, les liens très forts avec ces pays arabes, alliés traditionnels de Washington. Parallèlement à cela, il est au plus mal avec Tel Aviv en dépit des sourires de circonstances.
Existe –t-il meilleur indicateur du désengagement des USA de cette région ? Les yeux d’Obama sont fixés sur l’Asie et sur la Chine.