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  • De la vieillesse par Jacques ABIHSSIRA, en réponse à mon prédent éditorial

    De la vieillesse par Jacques ABIHSSIRA, citoyen helvétique, qui a lu mon article sur la vieillesse et a réagi. Je souhaite faire partager ses réflexions avec tous mes lecteurs.
    Bonne et heureuse année 2017

     

    MRH

     

     

    Cher Maurice,

     

    Le commentaire que tu nous a fait parvenir sur la vieillesse est d’une justesse absolue sur la réalité des faits, hélas! hélas! pour l’humanité.

     

    Tu ne peux pas imaginer à quel point ton écrit est arrivé à point nommé, pour me permettre de communiquer avec un esprit en éveil permanent comme le tien et faire quelques échanges de valeur.

     

    Le constat fait des conséquences de la vieillesse est d’une acuité incontestable et douloureuse, mais seulement si on se place pour le regarder sous le prisme de la déliquescence et de la perte des valeurs morales engendrées par la soi-disant société moderne qui fait peser sur l’humanité entière d’un poids énorme les conséquences désastreuses de la disparition de toute notion morale ou philosophique comme repère ou refuge nécessaires pourtant à la vie des hommes et à leur équilibre.

     

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  • 2016: de quoi ferons nous mémoire?

    Que nous restera t il de 2016? Que conserverons nous? Certes, chaque année la même question revient sur nos lèvres ou sous nos plumes. Pourtant, les choses qui surviennent finissent toujours par nous étonner.

    Pour les Français, ce qui restera et pour longtemps, ce sont les attaques terroristes en plein Paris et à Nice, sans oublier des agressions tout aussi graves car ayant entraîné mort d'homme, mais qui ne furent pas de grande ampleur. Cela n'enlève rien à leur cruauté.

    Tout de suite après le terrorisme, c'est la décision de François Hollande de ne pas se représenter à la présidence qui restera car elle a totalement modifié le paysage politique.

    A l'extérieur, c'est la victoire de Dinald Trump et l'humiliante défaite de Hillary Clinton et du clan Obama.

    Enfin, c'est l'activisme, le forcing diplomatique d'Obama lors des tout derniers jours de sa présidence, comme s'il répugnait à partir ou comme s'il oublmiait comme le disait Bossuet, l'évêque de Meaux, que son ardeur s'éteint. Mais son refus d'opposer un veto au vote du Conseil de sécurité de l'ONU à moins d'un mois avant son départ le poursuivra longtemps. Et restera dans les mémoires.

    Un peu comme il envoyait une grenade dégoupillée sous les pieds non seulement de Netanyahou mais aussi de Trump lequel trouvera forcément un moyen de lui rendre la pareille.

  • François Hollande, la loi et la grâce…

     

    François Hollande, la loi et la grâce…

     

    Disons le d’emblée : la mesure, courageuse et franche, enfin prise par le président de la République française, François Hollande, est bienvenue, même si l’on doit prêter l’oreille à certaines réactions, pas toujours bien fondées des juges, lesquels n’en méritent pas moins notre respect et notre considération. Ce n’est plus un débat de nature exclusivement judiciaire, c’est devenu un point juridique, une question de droit, au sens kantien du terme ; cela relèverait même de la philosophie du droit selon Hegel. Il faut repousser les limites conceptuelles de la justice pour s’élever aux cimes du droit.

     

    Si l’on transcende, comme il se doit, les catégories élémentaires du fonctionnement de l’institution judiciaire et non plus de la justice, au sens abstrait du terme, c’est-à-dire dépassant le cadre de la loi (du genre application des peines, autorité de la chose jugée, etc…), on a l’impression d’ouvrir sous ses pieds une sorte de gouffre dans lequel nul n’ose s’engouffrer. Et pourtant, il faut tenter d’y voir clair.

     

    D’emblée, on doit éviter les similitudes et donc les réflexes acquis. Par exemple, la justice n’est pas le droit et le droit n’est pas toujours juste. C’est pour cela que l’on parle parfois de tribunaux d’équité par opposition à ceux qui ne le sont pas. Tout le monde connaît la célèbre réplique : je réclame justice et on me dit : voici quels sont vos droits ! Ce qui montre le hiatus, le fossé qui sépare ces deux notions que sont le doit, d’une part, et la justice, d’autre part.

     

    Kant, pour le citer à nouveau, parle des racines métaphysiques du droit, il n’en dit pas autant de la justice. A ses yeux, le droit existerait, même si le monde n’existait pas. Cela rappelle un apologue latin que tous les juristes connaissent : fiat justitia , et pereat mundus. En bon français : que la justice soit, le monde dût-il en périr. Même la tradition talmudique a connaissance d’un apologue équivalant : yikkov ha-din et ha-har (S’il le faut, la justice transpercera la monatgne.

     

    Mais Hegel qui ne faisait pas de pointillisme juridique mais approfondissait philosophiquement de telles questions, rappelle un principe qu’on a tendance à oublier : le but majeur, à ne jamais perdre de vue, est d’assurer le bonheur des êtres humains. Et il donne des exemples où la loi appliquée aveuglément fait preuve de cruauté… Ce n’est pas le but recherché. L’homme veut vivre dans une société juste mais qui reste humaine.

     

    Dans le cas qui nous occupe, je suis sensible au fait qu’il y a eu mort d’homme, que deux cours d’assises se sont prononcées, qu’un cour d’appel a été sollicitée et que toutes ces instances ont confirmé le jugement. Mais je vois aussi le calvaire d’une femme et de ses enfants durant près d’un demi siècle, au cours duquel des êtres humains ont subi, sans mot dire, les pires outrages. Est-ce suffisant pour se faire justice soi-même ? Non point. Toutefois, si cela vaut au niveau des principes, une femme battue, violée, opprimée, ce n’est pas un principe abstrait, c’est un être humain, vivant et qui souffre en silence. Je pense aussi qu’il faudra bien expliquer que la grâce présidentielle n’est pas un permis de tuer… C’est, je l’avoue, le seul point qui me met le plus mal à l’aise. Mais on ne saurait imputer un quelconque abus à venir à la mesure du président.

     

    Mais, au fond de moi, je suis heureux que le président Hollande, grâce lui soit rendue, ait gracié cette femme et ordonné qu’il soit mis fin à sa détention immédiatement. Il a fait preuve d’humanité, de compassion et de Grâce, au sen évangélique du terme.

     

    La compassion, voilà ce qui manque le plus dans les décisions de justice. Un très haut magistrat avait dit il y a quelques années de belles phrases, véritable hymne à ce que je nomme l’humanisme juridique : nous rendons la justice les mains tremblantes… Et il ajoutait que lorsqu’ un magistrat est assis face à un être humain, il doit se dire que c’est un autre moi-même . Je ne crois pas faire injure à la magistrature en m’interrogeant sur la mise en application de principes si élevés et qui font l’honneur de la justice…

     

    Je pense aussi à l’opposition entre la loi et la grâce. On connaît les déclarations évangéliques opposant la Grâce dispensatrice de bienfaits à l’implacable rigueur de la loi, on connaît moins les recommandations talmudiques insistant sur le héséd (c’est le terme hébreu que l’on traduit par gratia) : chaque fois que c’est possible, la Grâce prend le pas sur la loi. D’où par pure grâce, ex mera gratia

     

    Sauf erreur de ma part, et comme disent les juristes allemands, à moins que tout ne trompe, le président Hollande a été très bien inspiré d’agir ainsi. Il a mis un terme à un calvaire insupportable. Il a pris cette noble décision en son âme et conscience et notre Constitution lui en donne le droit.

     

    Je suis pour le droit d e grâce car la justice n’est pas infaillible, sinon les erreurs judiciaires ne seraient pas aussi nombreuses. Avant d’être un principe, la justice est une institution et les institutions sont des œuvres humaines.

     

    Ici-bas il n’existe pas de dogme d’infaillibilité. Seule la justice divine est intangible. La justice humaine est, certes, nécessaire, indispensable mais elle n’est pas irréprochable.

     

    Cette grâce de François Hollande illumine la fin de son quinquennat.

     

    Maurice-Ruben HAYOUN in La Tribune de Genève du 29 décembre 2016