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Un dictionnaire Franz Rosenzweig ? (éditions du Cerf)

 

Un dictionnaire Franz Rosenzweig ? (éditions du Cerf)

 

Ce fut une bonne idée de consacrer un tel volume à l’œuvre de Franz Rosenzweig, un grand philosophe juif allemand, mort en 1929 des suites d’une terrible maladie, et redécouvert de ce côté ci du Rhin, grâce principalement  à Emmanuel Levinas et tout aussi essentiellement au regretté Stéphane Moses qui lui consacra sa thèse doctorat d’Etat. Il y eut aussi la remarquable traduction de l’œuvre maîtresse de Rosenzweig, L’étoile de la rédemption…

 

Par la suite, toute une lignée de penseurs jetèrent leur dévolu sur un penseur, promis au plus brillant des avenirs, , n’était la paralysie musculaire qui le priva même de la parole.

 

Mais en posant ce Dictionnaire après l’avoir lu de la première à la dernière page, on ressent un certain malaise, généré par le principe architectonique même qui a présidé à la réalisation conceptuelle de l’ouvrage : les thèmes, les entrées sont traitées suivant un ordre alphabétique qui provoque, involontairement, des voisinages cocasses. Ce qui ne permet nullement de parvenir à une vue unifiée du système de l’auteur. On passe vraiment du coq à l’âne : pour le spécialiste de l’auteur, cela ne prête pas à conséquence car il lit cet ouvrage par acquis de conscience, mais pour le débutant qui découvre, on manque du moindre fil conducteur.

 

La philosophie (sérieuse, appliquée, non médiatique) ne fait pas bon ménage avec le journalisme, même si, avec une touchante bonne volonté, on tente de se hisser sur les hauteurs d’une spéculation réputée difficile, et qui plus est, rédigée à l’origine dans une langue dont on ignore tout….

 

Comme toute main éditoriale est ici absente, les répétions et les redites sont légion car personne n’a relu la contribution de son voisin. De plus, les renvois d’une entrée à l’autre sont rarissimes : moins de cinq fois pour tout ce fameux dictionnaire.

 

Pour que ce dictionnaire puisse avoir la moindre utilité, il eût fallu mettre en tête du volume un bref exposé synthétique qui aurait esquissé les grandes articulations de la pensée philosophico-religieuse de Rosenzweig. On aurait pu aussi remplacer avantageusement l’avant-propos par l’interview de B-H. Lévy qui donne, elle, un petit aperçu de la noétique de l’auteur et de sa place dans l’histoire de la philosophie contemporaine.

 

Cette réflexion critique porte aussi sur les renvois bibliographiques clôturant chaque entrée : les redites sont innombrables, ce qui ne se serait pas produit si l’on avait identifié les livres dans une bibliographie générale.

 

Enfin, les contributions n’avancent pas toutes d’un même pas. Certes, quelques articles bien construits, fournis par d’authentiques spécialistes ou bon connaisseurs, cohabitent avec des essais moins robustes. Ces entrées réussies parviennent à laisser une impression acceptable de l’ensemble. Mais elles proviennent toutes d’authentiques philosophes germanistes qui savent de quoi ils parlent et sur quoi ils écrivent.

 

Maurice-Ruben HAYOUN

 

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