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Une France ingouvernable ?

2017-09-25T093001Z_1681122019_RC1312361780_RTRMADP_3_FRANCE-REFORM-TRUCKS-BLOCKADES.JPGVoilà quelques années j’avais déjà utilisé ce titre pour un papier qui fit florès : plusieurs milliers de réactions en quelques heures. Et je pensais que cette époque-là était révolue, mais non, elle revient périodiquement dès que les intérêts catégoriels de certains Français sont touchés. Comment réformer le pays qui en a bien besoin, si les gens sont vent debout contre toute idée de réforme ? Et d’abord les formes d’opposition. La loi travail va passer devant le parlement qui l’adoptera, les décrets vont être signés, alors que reste-t-il pour s’y opposer ?

Le débat d’idées, la concertation ou la négociation. Or, que font les Français ? Ils se livrent à des blocages, notamment des dépôts de carburant comme je le prévoyais pas plus tard qu’hier, à la fois en direct sur I24NEWS mais aussi ici même dans la Tribune de Genève. Le gouvernement semble avoir appris la leçon puisqu’il a lu clairement dans les intentions des manifestants et les CRS ainsi que les gardes mobiles les ont pris de vitesse. Impossible de poser un barrage devant les forces de l’ordre. On précipite le pays dans des conditions de guerre civile, un climat pré insurrectionnel , de sorte que le blocage vient de lui-même, comme une génération spontanée.


Qu’on soit pour ou qu’on soit contre, la loi c’est la loi, dura lex, sed lex. Mais agir comme le font les manifestants, c’est viser la paralysie du pays tout entier, c’est dresser les classes sociales les unes contre les autres. Si même les lois votées ne sont pas acceptées, où allons-nous ? Les résultats des élections sénatoriales sont venus appuyer ce qu’on disait depuis longtemps : l’actuel président de la République est certes brillant et compétent mais totalement inexpérimenté. Comment voulez-vous gagner au Sénat quand vous faites tout ce qu’il ne faut pas faire à l’égard des collectivités locales ?


Cette débâcle était donc prévisible et du coup les modifications constitutionnelles vont devoir attendre, à moins de recourir au référendum. Le problème avec ce recours-là est que les électeurs ne répondent jamais à la question, ils répondent à ce qu’ils croient se tapir derrière… En clair, ils redoutent que derrière la question posée se cache un plébiscite !


Comment sortir de cette nasse ? Les Français doivent changer de comportement. Lorsqu’un président est élu et qu’il a une majorité à l’Assemblée Nationale, il doit pouvoir appliquer le programme politique sur lequel il a été élu. Des hommes politiques comme Jean-Luc Mélenchon pensent autrement. C’est permis, c’est acceptable, mais c’est aussi dangereux. Car cela nous place dans un climat préélectoral permanent. Le pays est constamment en effervescence ; même aujourd’hui, alors que les prochaines élections n’auront lieu que dans deux ans, on a l’impression d’être à la veille de consultations très importantes.


Je n’ai pas encore le temps d’en venir aux élections allemandes mais regardez un peu de l’autre côté du Rhin ; Madame Merkel a fait un résultat décevant mais elle restera chancelière jusqu'au moment où un nouveau gouvernement sera constitué, après moult tentatives d’alliances avec les uns et les autres. Un tel interrègne est absolument impensable en France où les tensions politiques sont horribles. Pourquoi ? Parce que le consensus politique est inimaginable. Il passe pour une trahison. Il faut une nouvelle culture politique qui accepte que les choses se passent autrement que ce que l’on souhaite pour soi-même et pour ceux qui se trouvent dans la même situation que soi.


Qu’y a t il dans cette loi travail qui mobilise tant d’opposants ? Les facilités accordées pour les licenciements. Nul ne perd son emploi avec plaisir, ce n’est pas une expérience agréable à vivre. Mais voilà, le marché du travail était plombé par des règlements désuets qui bloquaient l’embauche, les chefs d’entreprise ne sachant plus à quel saint se vouer lorsqu’il fallait réduire la massa salariale. Cette formule est horrible mais le monde du travail est cruel…


La loi a donc tenté de lever ce blocus pour faciliter l’embauche Le second point qui coagule les oppositions n’est autre que les indemnités prudhommales dont le versement ruine des petites et moyennes entreprises. Le plafond a été limité. Les salariés craignent que cela facilite les licenciements abusifs. Et ils n’ont pas entièrement tort. Il faudra donc juger à la pratique. C’est une révolution culturelle qui commence avec Emmanuel Macron. Malgré sa criante inexpérience, il tente de réformer la France et il a bien raison. Mais il est probable que les Français ne prolongeront pas l’expérience…

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