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La démission du Premier Ministre libanais, le sunnite Saad Hariri

La démission du Premier Ministre libanais, le sunnite Saad Hariri

Le Moyen Orient m’a toujours fait penser au grand magasin La Samaritaine dont le slogan publicitaire favoris était : il se passe toujours quelque chose à la Samaritaine… Chaque matin que Dieu fait, en allumant la radio ou la télévision, les organes de presse d’Occident (Europe, USA, Australie) ne m’étonnent que dans des cas exceptionnels, mais quand je regarde I24News ou une télévision arabe comme Al-Jazira, il y a toujours de l’inattendu. Il se passe toujours quelque chose : la destruction d’un tunnel offensif, la récupération de cinq cadavres, les réactions, etc…

C’est exactement ce qui s’est passé hier ou avant hier avec la démission surprise de Saad Hariri, le fils du premier ministre libanais du même nom, tué lors d’un attentat avec toute sa suite. Le tribunal pénal international, après des années d’enquêtes et d’efforts, a lancé des mandats d’arrêt contre des membres du Hezbollah que cette organisation terroristes refuse de présenter à la justice et qui auraient trouvé refuge en Iran, dit-on.

La démission du Premier Ministre libanais, le sunnite Saad Hariri

 

Cette démission surprise a été annoncée depuis l’étranger, plus exactement l’Arabie Saoudite, où le Premier Ministre libanais se trouvait. Outre le caractère absolument inattendu de l’annonce, il y a le lieu d’où elle est partie: l’Arabie, grande amie de la famille Hariri et surtout ennemie jurée du chiite Nasrallah et de son mouvement armé le Hezbollah. Depuis des mois, voire des années, l’Arabie et l’Iran se livrent un combat acharné par personnes interposées au Yémen. Les choses ont tendance à s’envenimer puisqu’un missile scud aurait été tiré contre l’aéroport de la capitale saoudienne, sans faire ni victime ni dégât. Mais cela constitue un dangereux précédent. Il est évident que le régime des Mollahs n’est pas entièrement étranger à cette affaire.

Il y a plus grave : le premier ministre libanais démissionnaire a directement mis en cause la main mise de l’Iran sur son pays, désignant presque clairement son bras armé sur place, le Hezbollah. Cela ne vas pas arranger les choses… L’actuel président libanais, le maronite Michel Aoun fait semblant d’être surpris et refuse d’accepter cette démission, tant que le démissionnaire ne sera pas de retour au pays afin qu’il explique la motivation de son geste. Mais comme l’intéressé dit craindre pour sa vie, il est très improbable que cette condition puisse être satisfaite dans un avenir prévisible, ce qui signifie, hélas, que ce pauvre petit Liban n’est pas sorti de l’auberge, si vous me permettez cette expression triviale.

Ce sont probablement ses protecteurs saoudiens (son père avait fait fortune dans ce pays dont il avait aussi la nationalité) qui l’ont informé des résultats de leurs services de renseignements et exigé qu’il se retire. Les éléments produits sont ils assez convaincants ? Je l’ignore. Mais le démissionnaire connaît les choses de l’intérieur et s’il a agi ainsi, il devait avoir de très bonnes raisons.

Que va t il se passer ? Il est clair que l’Iran ne s’arrêtera pas de lui-même et ne se retirera pas tranquillement des positions qu’il a acquises après de très lourdes pertes en Syrie. Il a, de l’avis des spécialistes, constitué un long corridor terrestre desservant le Liban, la Syrie et l’Irak. Il a même tenté de se ménager des positions militaires sur les hauteurs du Golan afin d’avoir, ici aussi, une frontière avec Israël, chose qu’il a déjà au Liban avec le Hezbollah…

Le président Donald Trump ne va pas tarder à réagir. Pour le moment il est très occupé par sa tournée en Asie, et aussi par l’affreuse tuerie dans une petite église au Texas. Mais dès son retour, il ne manquera pas d’organiser la riposte. Et surtout le congrès US qui doit se saisir du dossier iranien ne manquera pas de juger sévèrement le cas libanais dont le pays des Mollahs est largement responsable.

Il y aura donc de multiples pressions exercées sur les USA : Israël, l’Arabie et ses satellites, et les sunnites libanais, sans oublier les chrétiens maronites. C’est peut-être le faux pas de trop que vient de commettre le régime des Mollahs. Car le congrès US a de larges pouvoirs et peut renforcer encore plus l’isolement de l’Iran par des sanctions économiques et bancaires. Ces dernières sont redoutablement coûteuses. Souvenez vous des banques qui ont bravé l’interdit. Comme les transactions se sont faites en dollars, la justice US a considéré ce manquement comme un crime qu’il faut réprimer. Et les sanctions de milliards de dollars sont tombées.

Dans sa philosophie politique, Hegel use d’une expression énigmatique, mais pas tant, à savoir, la formidable positivité du négatif. Par de tels agissements, le régime des Mollahs a largement contribué à ce qu’il voulait éviter à tout prix, l’alliance entre Israël et les régimes sunnites de la région. Ce qui était impensable il y a encore peu de temps, est devenu réalité. Les Saoudiens ne se cachent même plus pour se rendre en Israël ou rencontrer des responsables au plus niveau.

On parle en français de la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Cette démission surprise de Hariri lui ressemble étrangement…

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