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Tsahal et la guerre préventive: vers une réédition de Juin 67?

Tsahal et la guerre préventive: vers une réédition de Juin 67?

Les nouvelles ne sont pas bonnes, elles sont même franchement inquiétantes, en provenance du Proche Orient. En sont responsables le régime iranien et son bras armé au Proche Orient, le Hezbollah, qui sera bientôt libéré du bourbier irako-syrien et prépare déjà un nouveau théâtre de confrontation, avec Israël en l’occurrence. Outre le fait qu’il ne mesure pas la nature du danger qu’il va susciter de la part d’un pays comme Israël, préparé au mieux à cette confrontation, l’Iran des Mollahs ne comprend pas ce qu’il risque de subir, avant même qu’il ait eu le temps de déclencher les hostilités…

Tsahal et la guerre préventive: vers une réédition de Juin 67?

 

Depuis que je me livre à des activités éditoriales, en marge de mes fonctions professorales, je n’ai jamais connu une telle effervescence dans les milieux de la défense et des relations internationales que depuis quelques semaines. Je sais que je me répète, mais je le redis ici même : alors que l’Iran dispose désormais des moyens financiers de se moderniser, de développer enfin ses propres infrastructures civiles, ankylosées par plus d’une décennie d’embargo et de placement au ban des nations civilisées, ce pays est obsédé par une idée, une seule, s’en prendre à Israël, dominer les Etats arabes de la région et s’imposer comme un facteur majeur dans le concert de toutes les nations islamiques. Il veut imposer la supériorité des chiites sur les sunnites, liguant contre lui, presque automatiquement des pays aussi importants que l’Egypte, l’Arabie saoudite et tous les émirats arabes unis, mis à part le Qatar, coupable aux yeux des ennemis de l’Iran de s’aligner trop fréquemment sur les positions des Mollahs de Téhéran.

Aujourd’hui, fait absolument imprévisible il y a seulement deux ou trois ans, le chef d’Etat-major de Tsahal a donné une interview à un journal saoudien où il évoque des coopérations avec le régime de Riyad, sans s’entourer de la moindre précaution oratoire. Certes, le régime saoudien joue sa survie face à l’Iran et les ennemis de nos ennemis sont nos amis, ce qui veut dire qu’il s’agit ici d’une alliance dictée par les faits, il ne s’agit pas d’un rapprochement venant du cœur… Mais, tout bien considéré, les alliances objectives, dictées par les faits, durent plus longtemps que les autres, car l’intérêt bien compris de chaque partie contractante lui dicte ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut surtout pas faire.

Une autre constatation s’impose ; Israël a toujours refusé de déléguer à d’autres le soin d’assurer sa propre sécurité. Il l’assure lui-même, sans compter sur d’autres et il est le seul à prendre, in fine, la décision. Ceci risque de s’avérer car on n’entend pas la moindre parole de soutien du président Trump si bien connu , entre autres, pour ses algarades et ses démangeaisons journalistiques sur Twitter. Quelques phrases bien senties dont il a le secret auraient suffi à ramener le calme dans la région et à décourager certaines initiatives aventureuses.

Pourtant, la situation autour d’Israël est pratiquement explosive, la moindre étincelle pourrait provoquer l’embrasement total de la région. Depuis plusieurs jours, Tsahal et ses chefs reviennent constamment sur le danger que représentent les essais balistiques de l’Iran et les nouveaux missiles à longue portée de son allié chiite du Liban. On a vu des cantonnements destinés, dit-on, aux officiers iraniens en Syrie, et aussi le stationnement des milices chiites aux frontières septentrionales de l’Etat hébreu.

Enhardi par la défaite des troupes de l’Etat islamique en Syrie, L’Iran entend pousser son avantage toujours plus loin. Et c’est là que se situe le danger le plus grave. Israël a l’habitude de faire face à des situations apparemment difficiles, voire désespérées pour lui. Il ne laissera pas le pays des Mollahs menacer son existence, il prendra les devants. Je ne sais pas ce qu’il va faire, ni quand il va agir, mais c’est le raisonnement, la déduction logique qui nous poussent à parler de guerre préventive.

En juin 67, si Tsahal n’avait pas cloué au sol l’aviation égyptienne, les morts israéliens se seraient comptés par milliers et les destructions dans le pays auraient été vraiment ravageuses. On parle de milliers de missiles pointés sur Israël et susceptibles d’atteindre des sites vitaux pour le pays. Serait il sage d’attendre que les autres mettent leurs menaces à exécution ?

Israël est suffisamment fort pour faire face mais depuis quelques mois il a de nouveaux atouts : une importante fraction du monde sunnite a enfin réalisé que le danger ne vient pas de leur petit voisin mais d’ailleurs. Et que leur intérêt bien compris est de s’allier avec lui pour conjurer le sort que l’ennemi héréditaire perse entend leur imposer. Et l’Arabie en a un petit avant-goût au Yémen et à Bahreïn… L’arc chiite tant redouté par les sunnites est bien là : l’Iran a un corridor qui englobe des états comme le Yémen, la Syrie et l’Irak. Et ce ne sont de bonnes paroles qui inciteront ce pays à s’en retirer et à pratiquer une politique de paix.

Même le président français, qui se voyait déjà en visite officielle à Téhéran, a dû déchanter et voler au secours de son allié libanais dont le Premier Ministre était retenu à Riyad contre son gré. Il a aussi dénoncé les visées hégémoniques de Téhéran qui n’a pas du tout apprécié de telles déclarations, accusant le chef de l’Etat de partialité : il faudra de longs mois pour réparer les dégâts commis. Mais la France au eu raison de dire les choses clairement. Il faut cesser de faire passer les intérêts commerciaux avant l’éthique.

Allons nous vivre une nouvelle guerre dans une région qui en a connu tant, et à intervalles réguliers ? Au moment où les Palestiniens tentent de s’entendre et de s’unir, au moment les USA préparent un plan de paix régionale, l’Iran serait bien inspiré de ne plus céder à ses vieux démons. Le Congrès US observe de près la situation. Et la menace de nouvelles sanctions n’est pas très loin.

Dans le livre biblique de Samuel, les deux chefs d’Etat-major de David et du roi Saül finissent, eux, au moins, par comprendre qu’il faut mettre un terme à des guerres stériles. L’un des deux généraux dira à son homologue :

                     le glaive ne sera t il jamais repu ? Ha-la-nétsah tokhal haréb ?

Moshé Dayan a choisi ce verset biblique comme titre de ses propres Mémoires. Et apparemment, rien n’a changé.

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