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Mohammed ben Salman: La mencace iranienne passe avant la question palestinienne

Mohammed ben Salman: La mencace iranienne passe avant la question palestinienne

Les choses se bousculent au Proche Orient. Cela va très vite car le jeune prince héritier impose son propre tempo à ses interlocuteurs, ayant soudain pris conscience de la gravité du danger représenté par l’Iran et son bras armé libanais, le Hezbollah. Nous ne nous répétons pas, les choses ont évolué très vite depuis deux jours : Saad Hariri qui, visiblement, n’a pas les épaules assez larges pour faire face à la situation, n’a dû sa remise en liberté et son exfiltration d’Arabie qu’à l’action diplomatique de la France, va devoir affronter la réalité : il va se rendre dans sa capitale, prendre part aux festivités du jour de l’indépendance de son pays mais l’incertitude plane sur son avenir : je doute qu’il renie ce qu’il a dit à Riyad car les enjeux sont trop importants et surtout la détermination du prince héritier saoudien est absolue. Il ne peut plus se taire sur le rôle néfaste joué par la même puissance étrangère déstabilisatrice de la région, toujours la même, et faire comme si de rien n’était. C’est impossible. Ce qui signifie qu’il va assurer son propre intérim et expédier les affaires courantes. Mais ce qui va être intéressant à observer, c’est l’attitude de ceux qu’il a dénoncés.

Mohammed ben Salman: La menace iranienne passe avant la question palestinienne

 

Les preuves supplémentaires que la machine s’emballe sont, entre autres, la convocation du président Abbas en Arabie pour s’entendre dire qu’il est nécessaire de ne plus trainer les pieds et d’agir dans le sens de l’unité palestinienne car cette cause de la Palestine n’est plus une priorité urgente. L’urgence absolue pour le fils du roi Salman, c’est ce que Foster Dulles aurait appelé, parlant des Soviets, le roll back, pas seulement le containment… Mohammed ben Salman veut aller vite et considère que le Fatah ne doit plus tergiverser : le futur roi veut concentrer toutes ses forces, tous ses alliés, même Israël, allié de circonstance, contre l’ennemi juré du royaume, l’Iran et son fidèle exécutant au Liban, mentionné plus haut.

L’urgence d’un tel front explique bien des choses, et notamment la célérité, voire la brutalité, avec laquelle le prince héritier procède. Je suis impatient de connaître le résultat des discussions avec Mahmoud Abbas, un octogénaire, habile manœuvrier et expert dans l’art dire une chose et de faire son contraire. Nul doute sur ce point : Mohammed ben Salman ne va pas manquer de lui dire clairement sa façon de penser et ce qui l’attend s’il continuer de mener un double jeu.

L’autre preuve de l’accélération du processus, c’est la concomitance (qui ne doit rien au hasard) des fuites concernant le plan de paix US dont de larges extraits ont été dévoilés. Le premier ministre israélien semble s’en accommoder, mais c’est peut être une manœuvre. Car certains membres de la coalition gouvernementale menacent déjà de la quitter si le premier ministre venait à l’accepter. Ce plan US a repris bien des propositions de l’ancien plan saoudien. Mais il y a des nouveautés intéressantes, en ce sens qu’il n’est plus fait allusion aux réfugiés ni à Jérusalem, deux abcès de fixations qui ont condamné à l’échec bien des plans précédents.

Il y aussi, ne l’oublions pas, le statut d’Israël comme état juif. Il y a aussi l’avenir des implantations juives en Judée-Samarie. Apparemment, aucune implantation ne sera démantelée…

Mais là où les Palestiniens obtiennent satisfaction, c’est la réaffirmation de la solution à deux états que l’on croyait tombée dans les oubliettes. Toutes ces choses, apparemment éparses, obéissent pourtant à un principe architectonique : sauver la monarchie des Saoud, préserver la majorité sunnite au sein de l’islam. Bref, continuer d’exister.

Les Arabes ont mis des décennies à comprendre qu’Israël n’était pas leur vrai ennemi. Pendant toutes ces années ils se sont servis de l’Etat juif comme d’un exutoire, justifiant tous les sacrifices, toutes les suspensions des libertés fondamentales, toutes les mesures de régimes autoritaires, etc…

Le jeune prince héritier adopte le tempo d’un jeune homme, sa diplomatie a l’âge de ses artères et de son corps de jeune homme. Il n’est ni oléagineux, ni grassouillet, n’a ni ventre ni double menton. Et surtout n’est pas malade. Il ira donc jusqu’au bout.

Mais la question qui se pose, malgré tout, est la suivante : est-il fiable ? Tiendra t il face à tous les amis (sic) qu’il s’est fait ? Pourra t il mener le front extérieur alors qu’il a ouvert un large front intérieur en embastillant une multitude de gens hyper puissants ?

Certains se demandent même si le prince ne va pas demander à Tsahal de mener sa propre guerre. C’est prendre les généraux de Tsahal pour des enfants de chœur, ce qu’ils sont loin d’être…

En définitive, Mohammed ben Salman veut faire place nette ; il ne supportera pas le moindre obstacle, ni la moindre tentative de retardement, sur sa route. L’arbre de la question palestinienne ne doit pas cacher la forêt iranienne. C’est ce dernier point qui prend le pas sur tout le reste…

Quelle révolution dans l’approche de ce conflit ! Hegel, adepte de la philosophe de l’Histoire, parlerait ici de la ruse de la raison. Qu’est –ce à dire ? Ce sont les ennemis traditionnels d’Israël qui s’attachent à le débarrasser de ses ennemis mortels. Personne, pas même le prophète le mieux inspiré, n’aurait pu présupposer un tel changement, un tel bouleversement.

Mais qui est donc le maitre de l’Histoire ? Je ne puis m’empêcher de penser à ce qui est arrivé il y a tant de siècles dans une Jérusalem assiégée par un corps expéditionnaire commandé par Sennachérib. Le sort de la ville sainte et de ses habitants semblait scellé quand soudain, un beau matin, des lépreux vinrent dire que l’armée ennemie avait laissé le camp, laissant derrière elle tout un ravitaillement, destiné à pallier la famine des assiégés.

Le prophète a aussitôt crié au miracle divin, au prodige venu d’en-haut… C’est normal et c’était son rôle. Mais l’histoire événementielle nous apprend que le pouvoir central, ayant appris la naissance de troubles graves dans un certain endroit du royaume, a décidé de rappeler ses troupes pour aller combattre les factieux et les séparatistes… Un fait lointain, qui n’avait pas relation directe, a donc retourné la situation en faveur des assiégés.

Ce fut donc le résultat d’une situation politico-militaire. Mais comment expliquer la concomitance de ces deux faits. Oui, par quoi s’explique t elle ? Si les troubles avaient éclaté un ou deux mois plus tard, les choses auraient été très différentes… Alors, qui ?

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