L’avenir n’est écrit nulle part… Réflexions sur le temps qui passe.
Le temps existe t il dans l’absolu ? Sans des êtres humains ou simplement des êtres vivants il n’existerait aucune conscience pour le mesurer. Pour exister, le temps a besoin d’être vécu. Certes, les animaux ne réagissent pas comme nous mais ils ont conscience des saisons, des dangers, des lieux où ils sont sur leur garde pour éviter les prédateurs, etc…
Toutefois, c’est l’homme qui ressent le plus le temps qu’il mesure à l’aune de sa vie sur terre. Nous sommes à la veille d’une nouvelle année et autour de nous tous s’agitent pour savoir à quoi va ressembler l’année qui commence et quels enseignements tirer de celle qui s’achève. Et c’est là que le bât blesse, on ne compte plus les inepties qui jalonnent les commentaires, notamment des journalistes et des hommes politiques.. D’ailleurs, hasard ou coïncidence, les télévisions nous offrent année après année (c’est dire qu’il y a aussi des choses pérennes) le fameux bêtisier…
L’avenir n’est écrit nulle part… Réflexions sur le temps qui passe.
Mais revenons à des considérations plus sérieuses : depuis des temps immémoriaux l’homme a cherché à déchiffré les carnets de la Providence, pour parler comme le livre de Daniel, prototype classique de toute apocalypse juive dont la plus connue, après celle de Daniel, n’est autre que celle du Voyant de Patmos, l’Apôtre Jean. Qui peut bien savoir de quoi demain sera fait et ce que nous réserve l’avenir ? Et pourtant, c’est, à des degrés divers, l’obsession de tout un chacun.
En France, et cela dure depuis bien longtemps, il y a des conventions qui ont la vie dure, comme, par exemple, les vœux du chef de l’Etat à la nation. Mais en cette année 2019, cette pratique revêt un sens particulier en raison des troubles sociaux qui s’abattent sur ce pays qu’on aimerait voir un peu épargné par tant de calamités. L’année dernière les gilets jaunes, cette année les grèves et demain…
Et ce qui me stupéfie, ce sont les commentaires qui entendent scruter les intentions prêtées à l’actuel chef de l’Etat comme s’il s’agissait de la Pythie de Delphes. Je ne parle même pas du ridicule de son entourage qui veut nous faire croire que le président est concentré (sic) qu’il travaille dur, qu’il s’enferme pour préparer son impérissable discours. Et après, hélas, la montagne aura accouché d’une souris. Révérence gardée, tout de même, à l’endroit de la personne et des fonctions du chef de l’Etat…
Seigneur Dieu, mais qui se souvient des vœux de tous ces présidents qui se sont succédés à la tête de l’Etat ? Comme s’il s’agissait d’une allocution impérissable ? La marge de manœuvre est très étroite… Et les journalistes,, au lieu d’exercer leur esprit critique, se joignent à ce concert jubilatoire en relayant la bonne parole. D’aucuns disent qu’il va soutenir le programme de son Premier ministre en maintenant l’idée de l’âge pivot, d’autres pensent qu’il va chercher une porte de sortie honorable, alors que les grèves durent depuis quatre semaines, désorganisant sérieusement la vie des citoyens et l’économie du pays tout entier.
Pourtant, l’enjeu est presque métaphysique. Tout change autour de nous ; Les métiers de demain annihilent déjà ceux d’aujourd’hui ; même si on n’y comprend pas grand chose, l’intelligence artificielle se niche dans tous les recoins de notre vie quotidienne. A un très humble niveau, j’ai vu, dans un supermarché, une dame âgée incapable de scanner toute seule les articles de son cabas… Hier encore il y avait une caissière pour compter les articles et annoncer le prix à payer. Que fera t on alors de cette frange sans cesse croissante de la population qui va vieillir, être dépendante et manquer de ressources ? On se le demande.
Ce qui est encore plus frappant dans cette crise de la civilisation, c’est l’angoisse de tout un pays pour ses vieux jours. Au lieu de se lancer dans une nouvelle frontière comme le firent des présidents US, les gens se conduisent comme des petits vieux, soucieux de leur pouvoir d’achat pour leurs vieux jours. Et personne ne semble se préoccuper de l’inquiétante tournure des événements : des êtres jeunes, signe non du vieillissement mais de décrépitude morale, veulent savoir, avant même que d’avoir œuvré, quelle sera leur pension quand sonnera l’heure de leurs vieux jours… Comment voulez vous que la jeunesse reste la richesse de la nation lorsqu’elle pense dès l’âge de vingt ans à la retraite ?
Un autre élément ne manque pas de retenir l’attention, c’est l’augmentation de l’espérance de vie et les conséquences qui en découlent : une dernière tranche de vie, encore inconnue jusqu’ici, va permettre à nos congénères de se trouver de nouvelles occupations, et de relever de nouveaux défis. Certains voudront reprendre des études interrompues en raison de l’obligation de travailler, d’autres vont entamer de nouvelles études qui peuvent aller de l’égyptologie à la médecine ou à la philosophie. Bref, une autre civilisation se montre à l’horizon… Est ce que ce pays, empêtré comme toujours dans des affaires de pouvoir d’achat et de vacances prolongées, entrecoupées de grèves, va encore rater le coche et refuser de se réformer ? Ce changement de décennie a été précédé par l’annonce en une du Figaro que la dette dépasse désormais le PIB…
Dans tout autre pays, habité par des citoyens sérieux et responsables, cela aurait changé les mentalités, attiré l’attention des gens, en France cela n’a rien provoqué de tel : les grévistes continuent de dire que leur refus de la réforme des retraites constituent l’Alpha et l’Omega… Tout le reste ne compte pas. Voyez le diagnostic de l’Archipel français et vous en sortirez édifié.
Ce pays est en gésine d’un Ernest Renan ressuscité pour lui distiller les grandes lignes d’une réforme intellectuelle et morale, adaptée à notre temps. Aurais je la cruauté d’ajouter que je n’en vois guère, même au plus haut commet de l’Etat ?
Ce soir, une grande partie de la population va festoyer, et c’est bien, en soi. Mais est ce que cet instant de joie méritée et légitime va aiguiser la lucidité de nos compatriotes ? C’est moins sûr. D’aucuns ont déjà pris date pour poursuivre les grèves et relancer les manifestations.
Chaque jour qui passe rend encore plus difficile le rattrapage du retard. Certes, le gouvernement pouvait difficilement être plus maladroit qu’il ne l’a été, mais aujourd’hui il est temps de trouver une solution.
Il est temps de se ressaisir. Demain ou dans une semaine il sera trop tard…