Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L’amour étendu à l’ennemi… sur fond de covid 19

  

L’amour étendu à l’ennemi… sur fond de covid 19

Depuis peu, quelques voix se font fait tendre pour réclamer une égalité de traitement en Israël pour les détenus palestiniens, atteints de la covid 19. Selon toute vraisemblance, ce procès d’intention découle de l’ interprétation erronée d’un article en anglais qui voulait dire tout autre chose : s’agissant de la vaccination des pensionnaires d’établissements pénitentiaires, on recommandait de protéger les surveillants, entête d’un processus qui comprenait évidemment les détenus. , dans la seconde phase. Il suffisait de préciser les priorités : les soignants et les surveillants qui s’occupent des autres doivent être protégés avant, afin de pouvoir remplir au mieux leurs fonctions au service des pensionnaires dont ils sont la charge. Cela posé, il faut traiter la problématique philosophique qui gît au fondement de ce problème : l’égalité absolue de tous les êtres humains.

  

 

L’amour étendu à l’ennemi… sur fond de covid 19

 

L’Etat d’Israël puise sa légitimité dans le système de valeurs qu’il a légué au reste de l’humanité, et s’il venait, par malheur, à négliger ses devoirs à l ‘égard de tout ce qui porte sur son visage les traits de l’humain, il aurait failli à sa mission, à savoir faire l’apostolat du monothéisme éthique et du messianisme. Ces deux idéaux marquent la spécificité de sa vocation. Je voudrais dresser ici en quelques lignes l’historique de ce douloureux devoir, le commandement d’amour étendu même à l’ennemi.

Des préjugés à la vie très dure veulent nous faire croire qu’avant Jésus, ce commandement d’aimer même son ennemi, n’existait pas dans le judaïsme rabbinique. Mais d’où donc Jésus aurait reçu ce commandement si ce n’est du milieu juif producteur qui l’a instruit, éduqué et socialisé ? Il l’a reçu du milieu qui l’a vu naître qui n’était pas encore entièrement perméabilisé par l’enseignement rabbinique.. Le seul mérite intrinsèque du prophète de Nazareth est peut-être de l’avoir rappelé et d’avoir montré qu’avec lui, ce n’était pas lettre morte mais esprit vivant concrètement.

Dans les saintes Ecritures, on parle constamment des ennemis du peuple d’Israël. Mais même lorsqu’il s’agit de ses pires ennemis, les prophètes d’Israël n’ont jamais exclu pour toujours une éventuelle réconciliation et un retour progressif dans le concert des nations civilisées. Mais je pense que cet universalisme de l’amour de l’être humain, d’où qu’il vienne et quel qu’il soit, figure déjà dans le récit de la création de l’homme et du séjour du premier couple au paradis.

L’enseignement éthique qui en découle est le suivant ; l’humanité est, certes, diverse et variée mais son origine est absolument unique. elle n’a pas une double origine, le genre humain n’en a qu’une seule. Ce qui explique, nous enseigne le talmud, que Dieu n’ait créé qu’un seul Adam et non pas plus car, dans ce cas, certains d’entre nous pourraient se réclamer d’une ascendance plus noble que celle des autres membres du genre humain… En d’autres termes, certains ne peuvent pas prétendre tirer leur force du Adam primordial, le numéro un, tandis que les autres ne parleraient que d’un ancêtre moins prestigieux. Cette attitude des sources juives anciennes coupe l’herbe sous les pieds de toute théorie raciste. Cela ne ferait pas plaisir à Joseph comte de Gobineau, mais c’est ainsi, et c’est bien qu’il en soit ainsi…

Quand on lit le livre du prophète Jérémie, on relève qu’il appelle souvent de ses vœux une réconciliation avec les pires ennemis de son peuple, à savoir l’Egypte et l’Assyrie, redoutables puissances hégémoniques de son temps et qui furent, à des moments donnés, les grands tourmenteurs et tortionnaires de la petite Judée… Eh bien, Jérémie fait dire à Dieu, au sujet de ces deux peuples, que l’un est l’œuvre de ses mains et l’autre, son peuple. Il est vrai qu’on réserve à Israël la désignation d’héritage, ce qui constitue un lien beaucoup plus étroit.

La sortie d’Egypte constitue le premier événement national d’Israël en tant que peuple autonome, animé d’une vision et porteur d’un projet. Et pourtant, même si dans la mythologue judéenne, ce pays a réduit les Hébreux en Esclavage, les sources juives anciennes ne lui vouent pas de haine inexpiable. La Bible hébraïque a été la première à clamer et à proclamer l’unité intrinsèque du genre humain. Nul, pas même les pires méchants ne se voient dénier l’appartenance au genre humain ni dépouiller de la dignité humaine. Cette dignité est inaliénable. Aucun rejet n’est éternel. Les portes du repentir sont toujours ouvertes. Lorsque les prophètes, créateurs de l’humanité historique, celle qui transcende les différentes cultures et les différentes langues, évoquent la dispersion du genre humain sur le globe terrestre, ils n’oublient pas de s’adresser aux hommes vivant au confins des océans, dans des îles reculées de la terre. Leur message est empreint d’un universalisme que rien n’est jamais venu démentir. A leurs yeux, tous les hommes sont égaux, tous pouvaient, s’ils le désiraient s’affilier aux lois divines.

C’est cette universalité des valeurs morales qui a cimenté l’idéologie religieuse que nous appelons le judéo-christianisme. Tout le monde occidental en dépend et s’en nourrit. La constitution politique de l’Europe et du monde civilisé est ce quelle est mais sa constitution, sa loi fondamentale n’est autre que le Décalogue. Et celui-ci ne dessine pas de stratification en vue de séparer les hommes.

Fidèle à l’esprit anglo-saxon, l’Etat d’Israël n’a pas de constitution écrite mais il a une Bible pour la défense de laquelle il a enduré les pires épreuves. Mis au ban des sociétés dans lesquelles il vivait, il ne saurait introduire la moindre inégalité ou discrimination dans le traitement de sa population. Ses prophètes avaient déjà proclamé, bien des siècles avant l’apparition du christianisme, que nous avons tous le même père (ki av éhad lekoullanou)…

Ce n’est pas dans sa vocation de suivre l’exemple de la Grèce antique qui distinguait entre les Grecs et les barbares.

Il ne l’a jamais fait et il ne le fera jamais.

 

Les commentaires sont fermés.