Les guerres d’Italie.. Un conflit européen 1494-1559 (Sous la
Les guerres d’Italie.. Un conflit européen 1494-1559 (Sous la direction de Didier Le Fur). Passés / composés. 2022.
Voici à nouveau un beau volume consacré à de l’histoire, notamment européenne. Cette collection ou maison d’édition (Passés / composés) nous fait régulièrement l’aubaine de telles études de qualité. C’est impressionnant. Dans ce compte-rendu ,il ne peut s’agir ici que d’un survol, eu égard à la vaste étendue du sujet.
D’où vient cette expression «guerres d’Italie» et que recouvre-t-elle ? Les décennies allant de 1494 à 1559 au cours desquelles les rois de France, notamment, avaient des visées sur les territoires italiens qui n’étaient pas encore fixés comme nation ayant un souverain à sa tête. Mais ces visées expansionnistes n’étaient pas les seules, les rois de France ne furent pas les seuls à nourrir ce tropisme italien. Beaucoup d’entités politiques furent impliquées, la France évidemment, l’Espagne, le Saint Empire Romain Germanique, Venise, Gêne, Milan, Gêne, la Savoie, et jusques et y compris l’empire ottoman qui joua un rôle incontournable. Sans oublier les mercenaires suisses, la papauté dont les tenants du titre se conduisaient comme les autres princes du pays. Pour se sortir d’engrenages parfois dangereux, le pape mettait en concurrence des adversaires et n’hésitait pas à s’allier au plus offrant. Quand leurs intérêts avaient été préservés, ils ne souhaitaient plus d’étrangers sur le sol italien. Mais quand ils se sentaient menacés, ils rappelaient aux monarques français que l’un de leurs devoirs était de voler au secours du Saint-Siège si celui-ci se sentait menacé....
L’éditeur de ce bel ouvrage (Didier Le Fur) a raison de relever que ces rivalités politiques qui dégénéraient en guerre ouverte préfiguraient ce qui va se produire à l’époque moderne et contemporaine sur le sol européen. Ce sont donc tous ces affrontements armés que l’on désigne par l’expression «guerres d’Italie», un véritable conflit qui frappa l’Europe dans sa globalité. Le terme a fini par s’imposer ux historiens qui eurent à présenter cet épisode de la construction européenne de cette époque, où l’entrée en guerre était un mode de communication ou de relation, comme un autre, entre puissances européennes.
Mais à la même époque, à quelques années près, on voit apparaitre une dimension nouvelle, celle de la Renaissance. On se souvient que dans la culture allemande le voyage en Italie (Die Reise nach Italien) était incontournable, un véritable passage oublié, tant ce pays incarnait la culture libre et de qualité.
Où l’Europe se libère de la lourde tutelle de l’église pour mettre fin à ce très long Moyen Âge qui avait enténébré les esprits. Ce qui ne veut pas dire que la scolastique était une coque vide ; bien au contraire, elle fut très féconde et a assuré l’hégémonie de l’Europe sur tant de plans. Ce qui était en cause, c’était le dirigisme, la tutelle des esprits, contraints de s’accommoder des dogmes religieux réputés indiscutables...
Le premier chapitre traite par le menu les efforts diplomatiques et surtout militaires pour se rende maître de nouveaux territoires et s’imposer ainsi comme la plus grande puissance européenne. Mais, parfois on aboutissait au résultat inverse. Des maladresses diplomatiques ou même militaires rendaient les choses plus difficiles.
On en vient à l’activité très recherchée à l’époque des mercenaires suisses, à un moment où la Confédération n’avait pas encore de forme étatique stable. Les Suisses louaient leurs services au plus offrant. Il leur arrivait de se mettre au service du roi de France ou de ses adversaires. Évidemment, si l’on garde à l’esprit la forme actuelle de la Confédération, on ne parvient pas à comprendre comment des paysans ou des artisans armés mais simples, sans préparation militaire prépalable ont réussi à défaire des nobles de la cavalerie, entrainés à l’art du combat depuis leur plus jeune âge. Quoi qu’il en soit, ces mercenaires étaient redoutables puisque même la papauté a recouru à leurs services jusqu’à l’époque actuelle où leur apport est devenu symbolique. La défaire de Marignan infligée par François Ier a calmé les ardeurs de ces mercenaires. D’aucuns relient cette défaite des Suisses avec la neutralité adoptée par la Confédération. Mais d’autres historiens considèrent que c’est un mythe forgé par l’historiographie suisse. Mon incompétence en la matière m’interdit de prendre parti.
Je dirai néanmoins un mot de Charles Quint et du mythe carolin. Charles fut couronné empereur en février 1530 à Bologne. Et cela a contribué à façonner l’image de l’Europe et de son avenir comme continent chrétien. C’est encore lui qui se trouva confronté à l’hérésie luthérienne, née dans son propre territoire. En sa qualité de «défenseur de l’église», Charles Quint devait réagir sur deux tableaux qui ne concordaient que très rarement : empereur chrétien, attaché à certains devoirs, et empereur, contraint de gérer son empire comme tout élément politique. O, ces deux impératifs appelaient des méthodes et des comportements fort différents.
Vu l’état du monde à cette époque, le XVIe siècle, l’empereur devait tenir compte de l’existence d’un rival, l’empire ottoman qui sillonnait les mêmes mers et les mêmes océans. Dans le camp chrétien, Charles était le seul à même de tenir tête à cette religion conquérante que les Castillans et leurs alliés avaient réussi à expulser du continent européen. C’est peut-être cela, le legs que l’empereur le plus puissant de la chrétienté à offert à la postérité .