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Cécile Berly, Guillotinées.  Marie-Antoinette, Madame Du Barry, Madame Roland, Olympe de Gouges. Passés / Composés, 2023

Cécile Berly, Guillotinées.  Marie-Antoinette, Madame Du Barry, Madame Roland, Olympe de Gouges. Passés / Composés, 2023

Cécile Berly, Guillotinées.  Marie-Antoinette, Madame Du Barry, Madame Roland, Olympe de Gouges. Passés / Composés, 2023

 

Encore un livre qui se lit très agréablement sur la condition féminine à l’poque de la Révolution. Il y a un même schéma récurrent : arrêtées, incarcérées, jugées, condamnées et enfin, si j j’ose dire,   exécutées. C’est un aspect repoussant de la Terreur où tout le monde finissait mal, la Révolution ayant la sordide réputation de dévorer ses enfants. Si je peux comprendre la mise à mort, et encore avec des réserves, de la meurtrière de Marat dans sa baignoire, je n’imagine pas la décapitation d’une femme. Encore moins celle d’une reine de France, même si on lui reprochait de graves défauts, voire des crimes.

 

L’auteure qui n’en est pas à son coup d’essai dans ce domaine souligne qu’elle ne livre pas un nouveau livre sur l’époque de la Terreur ; elle entend  simplement regarder de plus près l’action de quelques femmes qui ont pesé sur le développement de la politique et l’ont payé de leur vie

 

Chacune de ces quatre femmes est suivie dans les derniers jours (voire les dernières heures) de sa vie. Dans ces courtes biographies, consacrées aux derniers instants de vie, l’auteure retrace leur parcours assez émouvants.

 

On est particulièrement ému par le traitement indigne de Marie-Antoinette, reine de France déchue, qui doit négocier pied à pied avec le directeur de la prison où elle se trouve, pour conserver quelques bribes de ses anciens privilèges royaux. Cette même Révolution qui a aboli la monarchie, exécuté son représentant, ne la ménage guère. Désormais elle est la veuve Capet puisque son royal époux  avait perdu son titre et était devenu Louis Capet... C’est dire. On nous présente les tribulations en pleine nuit d’un lieu de détention à l’autre, rapprochant l’ancienne reine du couloir de la mort. Et je ne parle pas de la séparation d’avec son fils qu’on lui arrache pendant un certain temps...

 

On a droit au même récit concernant une autre femme de tête, Olympe de Gouges, épouse d’un ancien ministre de l’intérieur qui se laisse guider par une femme possessive et dominatrice. Aujourd’hui, on dirait que c’est une femme qui se bat pied à pied pour faire respecter ses droits et ceux de son faible époux.

 

Ces brèves  entrées en matière ont lieu aussi pour les deux autres femmes, devenues célèbres à cette même époque... Commençons par Madame du Barry, la favorite du roi Louis XV. La vie de cette aventurière se lit comme un roman : comment cette jeune femme, sortie de rien, prostituée dès son jeune âge, a-t-elle pu se retrouver dans le lit du roi ? On ne peut pas lui dénier une incontestable intelligence des situations, une fine connaissance de l’âme humaine, surtout des hommes et de leur faible résistance face aux appâts féminins. Elle triomphe de tous les obstacles ou presque, puisqu’elle finira mal. A la mort de son  royal    protecteur, elle est chassée de la cour mais Louis XVI, sensible à ce tragique changement de situation lui ouvre les portes du château de Louveciennes, près de Marly. Elle y vivra quelque temps dans un luxe tapageur, à l’abri du besoin, tout en cultivant les relations amoureuses les plus étendues. Malheureusement, un jour, alors qu’elle avait rejoint son amant et qu’elle avait décidé d’ passer la nuit chez lui, des voleurs bien renseignés font main basse sur les plus beaux objets du château. Issue des plus basses couches de la société, elle remue ciel et terre pour retrouver ce qu’on lui avait volé. Lorsque les autorités révolutionnaires font la liste des objets dérobés, leur haine des classes possédantes s’enflamme contre cette femme qui représente tout ce qu’ils haïssent. C’est donc son goût immodéré pour les somptueuses richesses de ce château  qui va la conduire à sa perte. Au terme de poursuites rocambolesques, tant en France qu’à Londres où les cambrioleurs avaient transporté leur butin, elle finira par être arrêtée...

 

On peut aussi lire les conditions de détention de la reine déchue, Marie-Antoinette. Avec la distance qui nous sépare de cette époque, on a du mal à imaginer la barbarie des révolutionnaires qui ont maltraité une reine de France, accusée des pires maux et de toutes les turpitudes que je souhaite  pas reprendre ici. L’auteur parle des brimades, des humiliations et des bassesses que la reine déchue a subies avant d’être conduite à l’échafaud... Certes, les époques ne sont pas comparables et il convient de se méfier de l’ anachronisme. Mais l’arbitraire révolutionnaire demeure patent. Rien ne saurait justifier les sanglants outrages infligés à une famille royale qui n’a pas plus démérité qu’une autre famille royale d’Europe, à la même époque. On lit dans tous les livres relatant l’exécution du roi Louis XVI que jusqu’au dernier moment, il a clamé son innocence ... Mais on se souvient de ce chef révolutionnaire qui a justifié ainsi l’exécution du roi ; tant que Louis est en vie, la Révolution est en danger. Ce fut donc une parodie de justice.

 

Le reste est bien connu ; je ne m’attarderai pas sur les vengeances d’une populace désireuse de voir de près le supplice d’une famille royale honnie. Il n’est pas question d’instruire ici le procès des outrances d’une Révolution à la dérive. Il est difficile de séparer le vrai du faux, le nécessaire du superfétatoire.

 

On comprend qu’un homme comme Clémenceau ait opté pour une formule ambiguë de cet héritage si contestable de la Révolution. Prendre tout en bloc est tout aussi critiquable que de faire un tri nécessairement arbitraire...

 

A propos de l’histoire, Hegel a eu l’idée de dire que les années de paix de l’humanité sont les pages blanches de l’Histoire. Triste vérité...

 

 

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