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Serge July, Dictionnaire amoureux de New York. Plon, 2023

Serge July, Dictionnaire amoureux de New York. Plon, 2023

Serge July, Dictionnaire amoureux de New York. Plon, 2023

 

Tout d’abord je tire mon chapeau à cette collection, géniale découverte de son inventeur qui a eu la riche idée d’associer le genre du dictionnaire à l’amour et non plus aux versions latines ou aux thèmes grecs. Cette collection fort intéressante est devenue un must, tout le monde veut en être et le présent volume sur New York en livre une preuve supplémentaire. Raymonde, franco-américaine en est tombée amoureuse et m’a cité la phrase suivante : if you make in New York, you can make it anywhere else... (Si vous avez du succès à New York, vous en aurez partout dans le monde). Et c’est vrai, c’est aussi ce que confirme ce volume imposant par sa taille et par l’étendue de sa documentation. Son auteur, qui n’est pas un inconnu, nous dévoile le mystère dune ville qui multiplie les paradoxes, ne dort jamais (comme Tel Aviv) et abrite la plus grande communauté juive au monde. Mais les juifs n’ont pas ce monopole, le sens de la communauté là NY ; le terme community est considéré comme légitime et non pas comme ce qui entrave l’unité nationale.

Je ne veux rien retirer au charme ni au charisme de cette ville-monde, mais je dois ajouter que pour bien y vivre, il faut être jeune, beau, riche et en bonne santé.

Ces développements de Serge July sur cette cité qu’il adule, me parlent à moi aussi, mais j’ai vu de l’appartement de Madison Avenue où je résidais des vieillards courir pour livrer des colis ; je dis bien : courir ! Dans le pays , la France où le  déficit de la sécurité sociale est endémique, sans que cela ne gêne personne, c’est un spectacle rare, voire rarissime. Pour une ville comme NY et ses habitants fortunés, bloquer le pays à cause d’un départ en retraite et si contesté, relève de l’impensé et de l’impensable...

Hormis ces quelques réserves, le livre de Serge July est remarquable à tout point de vue. Mais je ne sais pas par où commencer puisque le schéma est le même, la liste alphabétique. Mais commençons par des généralités, la ville-monde est celle qui a été fondée par des gens venus d’ailleurs, la ville-monde où tous se sentent chez soi et où les communautés finissent par fusionner même si vous avez de multiples little Italy ou autres. L’antisémitisme y est présent et aurait même tendance, ces dernières années, à s’y renforcer, mais il n’a pas les mêmes causes puisque rares sont ceux qui peuvent se prévaloir directement des Pilgrim fathers...

Par chance, SJ parle de l’ADN de la ville, fondée par des gens issus des Provinces-Unies dont la vertu majeure était de fuir l’intolérance religieuse et de favoriser le développement de la libre entreprise, sans la moindre différence entre les candidats. Or, c’était justement ce qui manquait à l’Europe chrétienne de 1650, date de la fondation de la cité de NY. Et à chaque fois qu’il en parle, l’auteur souligne l’existence de la tolérance religieuse : toutes les formations, toutes les entreprises sont ouvertes à tous, aucune clause raciale, religieuse ou confessionnelle ne  vient limiter les conditions d’adhésion. Et il me semble que l’auteur a bien sérié les problèmes : NY n’est devenu NY qu’en abattant les barrières séparant des hommes d’autres hommes qui ne demandaient qu’à gagner leur vie honnêtement. Pour une fois que l’ordre alphabétique sert les origines historiques.

 

 SJ a eu raison de parler de l’ADN des nouvelles institutions et des nouveaux venus... On met toujours en avant, le choix de la liberté, le refus de toute dogmatique et de haine religieuse. C’est le secret du succès de Nouveau Monde, s’éloigner des querelles théologiques et ne s’occuper que des facteurs d’unité et de progrès.

Ce dictionnaire fait la part belle tant aux personnalités qu’aux grands événements qui jalonnent l’histoire de NY et des USA dans leur ensemble.

Cette politique a été formatrice d’opinion et fondatrice d’identité. Les USA ont adopté une politique d’accueil des juifs sur leur territoire qui a connu quelques restrictions. Mais le facteur juif est  convenablement représenté ici. On trouve une notice sur le «Premier Juif», chargé par sa communauté religieuse de plaider leur cause auprès des autorités des Provinces-Unies. Le yiddish n’est pas oublié. Et en effet, que serait NY sans ses juifs et sans le yiddish dont certains termes se sont infiltrés dans le vernaculaire anglais ?

Lire ces 712 pages d’une seule traite est au-dessus des forces d’un lecteur même exercé... Mais ce livre a suscité en moi tant de joie car il m’a rappelé bien des choses sur NY.

Je conseille à tous de lire ce livre, lentement,  sans se presser, en s’arrêtant sur les sujets qui les intéressent...

 

 

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