Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Marc-Antoine Gaveay, Gaëlle Jeanmart, Comment devenir un philosophe grec. Exercices pratiques. PUF, 2023.

Marc-Antoine Gaveay, Gaëlle Jeanmart, Comment devenir un philosophe grec. Exercices pratiques. PUF, 2023.

Marc-Antoine Gaveay, Gaëlle Jeanmart, Comment devenir un philosophe grec. Exercices pratiques. PUF, 2023.

 

En m’intéressant à cet ouvrage, ou plutôt à son titre avant de l’avoir en main et de le feuilleter, je me représentais un tout autre contenu. En fait, il s’agit d’aider nos semblables  à transcender leurs problèmes et de leur éviter de pénibles confrontations avec la réalité. Et pour ce faire, ils peuvent, selon les auteurs, en appeler aux maîtres de la philosophie grecque, sans exception aucune : les stoïciens, les sceptiques, les épicuriens et quelques autres. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre le sous-titre, exercices pratiques. On vous donne le savoir-faire, la façon de passer par-dessus les problèmes du quotidien ou plus encore, les problèmes existentiels...

 

Et dans un tel contexte, c’est l’aspect pratique de la philosophie et non son approche théorique qui retiendra l’attention. Ce n’est pas une affaire à traiter à la légère. Un simple coup d’œil sur la table des matières permet de prendre la mesure de l’ouvrage : une très longue liste de notions, de noms d’auteurs, de termes recherchés, une liste raisonnée de penseurs grecs les moins connus etc... D’où le titre, devenir un philosophe grec puisqu’on se sert de leurs recettes, si j’ose dire, pour régler nos affaires.

 

Ce qui m’a frappé de prime abord, c’est le passage de la théorie à la pratique. S’il existe une chose qui soit la quintessence de la théorie, c’est bien la philosophie. Pourtant, c’est cette mise en pratique qui est censée nous sauver , on ne se contente plus de prendre connaissance de ce que recommandaient les penseurs antiques, on applique leurs principes et on s’en trouve bien mieux.  Et le présent ouvrage se propose de nous prendre la main et de nous aider à pratiquer...

 

Les auteurs reconnaissent leur dette envers le grand helléniste Pierre Hadot qui nous a donné une nouvelle grille de lecture des penseurs antiques. Selon le grand maître, il doit y avoir une adéquation entre la valeur d’ une idée, d’un principe et le temps de son énonciation. En d’autres termes, une époque enfante des choses qui lui sont propres et qu’il convient de retrouver pour que cela marche. Cette thèse se laisse défendre mais présuppose une capacité d’assimilation et d’adaptation hors du commun : n’est pas Pierre Hadot qui veut. Le savant helléniste a passé le plus clair de son temps à relire les Anciens. Nos conditions de vie ainsi que le niveau d’expertise ne sont plus les mêmes... mais la méthode de Hadot est pratiquement la seule à garantir la survenue des transformations souhaitées. Si nous n’adoptions pas la bonne méthode de lecture, l’effet sera nul.

 

Cette mise en pratique des idées des Anciens peut nous aider à découvrir la vérité sur nous-mêmes ou à nous donner un autre type de gouvernement de soi. Cela peut aussi poser problème en ce qui concerne le milieu dans lequel nous vivons, les relations avec les autres : tout peut en être affecté et chacun n’a pas le même rapport à lé vérité puisqu’il lui manque le marque de l’universalité.

 

Quelle relation entretient la philosophie antique avec l’action, le mouvement, la volonté de changer le monde, le réel... Cet ouvrage montre que les penseurs anciens ne se contentaient pas de tenir de beaux discours sans agir. En effet, l’étude serrée de certaines œuvres pourrait le laisser croire. Pourtant, on peut aussi constater que l’action joue aussi un rôle non négligeable. L’action consiste à traduire dans les faits les acquis de la spéculation. C’est aussi le but du présent ouvrage.

 

En procédant à ces exercices dits spirituels, on peut changer, transformer la vérité sur soi, sur le monde et donc sur les autres. Faute de compétence et surtout de place, je ne peux pas entrer dans les détails. Ce serait trop compliqué. Il me semble , cependant, qu’une certains foi en l’efficacité de ces remèdes est requise, si l’on veut parvenir à des résultats tangibles. Je retiens aussi qu’une certaine adhésion au corpus philosophique antique est nécessaire pour que cela fonctionne. Il faut faire preuve d’une certaine patience qui va accompagner  le traitement si l’on veut que ce dernier aille jusqu’à son terme.

 

La philosophie peut faire fonction de thérapie. On se souvient du mot d’ordre d’un philosophe allemand contemporain qui eut son quart d’heure de gloire en parlant le thème de la parole qui guérit  ( das heilende Wort). Du coup, la philosophie agit comme un médicament qu’on prend à intervalles réguliers. Comme tout autre  traitement ou support médicamenteux.

 

En somme, il s’agit de se sentir mieux dans sa peau en puisant cette manne régénérative, reconstituante,  dans la philosophie antique. Reconnaissons tout de même qu’il faut disposer d’une certaine culture pour pouvoir tirer de ses lectures un certain profit. Mais ceci n’est  pas  donné à tout le monde, ce n’est pas le bien commun de la majeure partie du genre humain. Mais c’est encourageant. Chacun de nous rêve de mener une vie faite d’équilibre et d’harmonie. On serait tous prêts   à relire  nos classiques si le bonheur est à ce prix. Quel beau rêve  , le bonheur et la culture avançant d’un même pas...

Les commentaires sont fermés.