Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Jérôme Fourquet,  La France d’après. Tableau politique. Le Seuil, 2023

Jérôme Fourquet,  La France d’après. Tableau politique. Le Seuil, 2023

,Jérôme Fourquet,  La France d’après. Tableau politique. Le Seuil, 2023

 

D’après quoi, serions nous tenté de demander ? Eh bien, après  les résultats auxquels l’auteur est parvenu dans les précédents ouvrages consacrés à la situation dans notre pays.. Je les rappelle pour mémoire L’archipel français et La France dans les yeux... Le constat est clair , la France a changé, elle n’est plus la même ; le changement a été si violent qu’on a peine à se souvenir de que ce fut  le pays du temps de nos parents. Ce qui n’est pas une très longue distance. Pourtant, certaines traditions, aujourd’hui disparues, semblaient coulées dans le marbre... Comment s’explique ce changement brutal, et presque sans transition ? Voire, cette révolution ?

 

Ces vagues  de mutations ont commencé au milieu des années quatre-vingt et leur effet se fit sentir aussitôt. Comment mesure-t-on l’amplitude du changement ? Grâce aux sondages dont l’auteur est un grand spécialiste. Ce qui m’a frappé, en débutant la lecture de ce livre, moi qui ne suis  ni géographe ni économiste, c’est la récurrence du terme culture et de ses dérivés comme par exemple,  l’expression «couche culturelle»... Les régions, les territoires disposent toujours d’une certaine sensibilité, héritée des temps anciens, qui s’enracine plus ou moins profondément et détermine leur vie quotidienne, et, partant, leur vote. Et dans ce contexte précisément, on se demande comment une circonscription classée à  gauche depuis des années, rejoint les couleurs du Rassemblement National (RN) à l’autre bout de l’échiquier politique. A l’évidence, de telles évolutions conditionnent le tableau politique, font et défont les majorités politiques.

 

Jérôme Fourquet ne cherche pas à  nous éblouir par une supposée érudition, ce n’est pas le résultat  escompté.  Il poursuit d’autres objectifs.  Il montre comment le pays change, ce qui, au fond, est plutôt heureux, sinon on retomberait dans ce qu’une ancien ministre de éducation Nationale avait appelé une  « France moisie». Derrière tous  ces développements se cache un problème plus aigu, c’est l’immigration qui est en train de devenir une sibbolét (terme hébraïque trahissant dans la Bible lune appartenance tribale précise)… il y a tout juste quelques décennies peu de gens se souciaient de la préservation de l’identité nationale. La démographie aussi n’était pas préoccupante bien que Michel Debré, ancien Premier ministre, ait constamment a souligné l’importance d’une politique nataliste au sein du pays.. Aujourd’hui, le RN a réussi à imposer sa marque dans ce domaine et de larges fractions de citoyens le suivent dans la même direction. Cette mutation politique s’explique par la disparition de l’homogénéité de la population française. Des masses considérables de gens, des étrangers, s’installent dans le pays sans en partager les valeurs fondamentales. Avant, dans la France d’avant, les nouveaux-venus s’intégraient calmement à notre société civile, à notre approche de la vie (laïcité, éducation, statut de la femme, séparation de l’église et de l’État, etc...). Le multiculturalisme s’est imposé, à l’abri, on peut le dire pour le déplorer, d’une haine de soi assez sournoise  qui nous fait déconsidérer notre propre histoire nationale, nos mœurs, nos religions, comme si nous étions victimes d’un sentiment de culpabilité. Enfoui dans notre socio-culture

 

Enfin, les Français ont l’impression de ne plus être chez eux, chez eux. La coulure française, culture européenne par excellence, se retrouve sur le banc des accusés. On a parfois tendance à importer sans discernement dans l’Hexagone tout ce qui vient de l’autre côté de l’Atlantique, comme la cancel culture : on veut juger des évènements fort anciens à l’aune des valeurs de la société contemporaine. C’est un grave anachronisme.

 

Je ne peux pas m’arrêter sur chaque thème de ce substantiel ouvrage mais je dois opérer un choix et j’en viens donc à l’idée de renouvellement : l’auteur note la disparition de ce qu’on nommait jadis des fiefs électoraux... Le même homme (car c’était bien plus rare chez les dames) pouvait représenter la même circonscription au parlement durant des décennies, sans susciter le moindre questionnement. Depuis l’élection d’ Emmanuel Macron, l’attitude inverse s’est imposée. Durant le premier quinquennat de l’actuel président, il y eut une grand coup de balai, signant la fin de ces fiefs  imprenables. Des politiciens  chevronnés ont été renversé par des jeunes gens et des jeunes femmes, dépourvus de la moindre expérience politique.  Et je ne parle même pas  du tremblement de terre de 1981 qui s’explique tout de même, comme le cas de Jacques Chirac, par une solide implantation dans un territoire donné. L’arrivée d’E. Macron a tout changé puisqu’un inconnu a remporté la victoire. Les anciennes structures traditionnelles n’ont pas fonctionné. Ce fut le prix à payer pour un insupportable cynisme politique ;comment avons-nous pu réélire un homme politique qui a d dit que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Cela aurait dû  être inadmissible.

 

Ce fut une révolution puisqu’elle coïncidait avec le renvoi dans leurs foyers, ou à leurs chères études, les vieux titulaires des chasses gardées électorales. Ce fut la fin du système des notables : pour la première fois, un inconnu était élu par d’autres méthodes... Ajoutons néanmoins pour être juste que le peuple français en avait assez de  ces même têtes : il a donné ses voix à d’autres, peu importe de quel parti, avec quel programme. La mobilité, le renouvellement étaient à l’ordre du jour. Certaines scènes diffusées par la télévision ont montré comment de vieux caciques avaient été battus par des jeunes femmes de vingt-cinq ans !

 

Je ne dis pas que les pages sur la Sarthe m’ont passionné mais j’ai regardé avec attention le crépuscule des clans en Corse et ce que l’auteur appelle le palimpseste  alsacien. Ce sont là deux régions très particulières dans le paysage français, mais on pourrait en dire autant du pays Basque...

 

Comment juger la situation globale de la France en ce début de troisième millénaire ? Je me souviens d’une phrase assassine de Henry Kissinger selon laquelle La France st une grande puissance de taille moyenne... Or, la France est en décadence, ce n’est pas un scoop. Et cela remonte à la Première Guerre mondiale. Quelques décennies plus tard, le général de Gaule avec ses rêves de puissance et de grandeur a fait croire aux Français qu’ils avaient gagné la guerre... Depuis lors, ce pays se nourrit d’illusions. Il souffre d’une certaine langueur, sa population diminue et son ardeur au travail faiblit. Même en Europe, la France n’arrive plus à s’imposer, c’est l’Allemagne qui domine. C’est un fait.

 

On aurait besoin d’un Ernest Renan qui nous donnerait une leçon morale, Réforme intellectuelle et morale de la France. Mais ce livre va participer à la réflexion sur notre avenir immédiat. Il est riche de tableaux, de cartes et de graphiques qui permettent de saisir le réel en quelques coups d’œil. La même chose vaut des développements et des analyses. Très bon libre, à consulter absolument.

Commentaires

  • De la recension d'un livre par son critique dépend sa lecture qu'elle soit suggérée ou pas.
    Le champ du commentaire étant ouvert sur cette recension, il est donc permis l'expression d'une opinion fondée sur un vécu corroboré par ce constat.
    La culture d'une nation qu'elle soit historique, politique ou philosophique s'enracine dans le vécu du peuple qui la constitue et d'une histoire qui s'écrit pour se fixer dans une mémoire collective partagée. Celle ci vas se noyer dans une encre qui viendra sécher pour donner le livre. C'est ainsi que le peuple juif tire sa pérennité dans son statut de peuple de la lecture du livre.
    Cette profonde mutation socio culturelle de la France depuis une trentaine d'années a été porté par une volonté politique en l' adossant à la perversion sémantique devenue idéologie du multiculturalisme.
    La très forte poussée migratoire non maitrisée par les pouvoirs publiques a usé et abusé de cette aubaine idéologique. Au point que ce multiculturalisme vidé de son véritable sens de culture en est devenu un signe distinctif religieux; port du voile, baya et burkini.
    Cette révolution culturelle française subie et concomitante avec l'importation Anglo saxonne de la cancel culture a propulse l'acculturation de cette France d'aprés.

Les commentaires sont fermés.