Que penser du jeu syrien ?
Les agences de presse se sont fait l’écho, ces derniers jours, de curieuses initiatives diplomatiques, non sans quelque embarras, tant elles leur paraissaient étranges et ambiguës. Elles ont pris connaissance, grâce à une communication du Premier Ministre turc Erdogan, de discrets pourparlers israélo-syriens visant à instaurer enfin une paix négociée entre deux pays en guerre depuis des décennies.
Ce qui frappe, c’est l’incongruité du puzzle quand on tente de le reconstituer : comment peut-on annoncer officiellement des pourparlers alors que le jour même, le Pentagone confirme le plus officiellement du monde, et photos aériennes à l’appui, l’attaque par Israël d’un site nucléaire syrien, construit à l’est du pays par les Nord-Coréens ? Comment expliquer le silence des Iraniens, ces nouveaux alliés de la Syrie alors que celle-ci s’apprête à négocier avec Israël ? Comment l’Etat juif exigera certainement en échange de retraits territoriaux du Golan une dénonciation de l’accord avec l’Iran et surtout avec le Hezbollah libanais, comment s’explique le mutisme de ce dernier ? Or, le passage syrien est le poumon de ce mouvement terroriste pour s’approvisionner en armes et en munitions… Et si l’on ajoute à cela la mort violente du terroriste Immad Moghniyeh en plein Damas, la perplexité atteint son paroxysme
De la à penser que la Syrie, lasse de son isolement et inquiète des menaces pesant sur son régime, s’apprête à changer de camp, il n’ y a qu’un pas que d’aucuns franchissent allégrement, tant la configuration est incompréhensible si l’on ne suppose un changement en cours…
En revanche, ce qui m’inquiète, ce sont les concessions faites à la Syrie pour qu’elle change de camp : comme ce qui compte le plus pour elle, c’est d’avoir les mains libres dans le pays du Cèdre, il serait immoral de lui offrir le Liban sur un plateau, nos amis libanais ayant déjà suffisamment souffert de l’occupation syrienne…
Qui disait donc que les Etats sont des monstres froids qui renversent les alliances, dénoncent les traits quand cela les arrange. Mais, de grâce, le Liban a assez souffert !