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  • à la culture : A propos de l’interview donnée au Monde (12-12 février, p 15) par Madame Françoise Héritier

    De la civilisation à la culture :  A propos de l’interview donnée au Monde (12-12 février, p  15) par Madame Françoise  Héritier

    Claude Guéant n’imaginait certainement pas qu’une simple  phrase dans un discours de près de dix pages allait susciter un si large débat où, dernier mais non moindre, notre grand quotidien national, Le Monde, n’hésite pas à mobiliser une  de nos plus éminentes collègues du Collège de France, Me François Héritier. Avec tout le respect dû à la finesse d’analyse et à la grande compétence de cette universitaire de renom, je n’arrive pas me convaincre que le ministre de l’intérieur ait proféré des insanités, tenu un discours indigent ou émis des pensées impures. Après deux relectures attentives, je n’arrive pas à voir pourquoi on prête à  Claude Guéant de noires arrière-pensées qu’il n’a certainement pas. D’autant qu’il a maintes fois fait l’exégèse de ses propres propos : ne pas lui accorder le moindre crédit relève du procès d’intention.

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  • Pourim ou la défaite du premier antisémite de l’Histoire

    Ce soir la fête juive de Pourim ou la défaite du premier antisémite de l’Histoire

    En effet, ce soir s’achève le jeûne commémoratif de la reine Esther dont parle le rouleau du même nom, qui institue la fête de Pourim, une fête non prescrite par le Pentateuque, donc non-mosaïque, mais très prisée par les communautés juives, depuis son instauration. C’est un peu le carnaval juif, les rues de Tel Aviv et de Jérusalem sont exubérantes de joie, les enfants des écoles se déguisent, tout le monde est content, les enfants reçoivent des cadeaux… Bref, c’est l‘une des rares fois où le sérieux judaïsme reste au vestiaire !

    Pourquoi un jeûne avant les festivités ? C’est que la reine Esther, belle jeune fille juive devenue reine de Perse (devinez le contexte actuel de cette célébration avec Ahmaninedjad) apprend par son oncle Mardochée que le premier ministre, le méchant Haman veut exterminer tous les juifs de ses provinces. Son oncle lui demande de casser le funeste décret en intervenant auprès de son impérial époux, ce qu’elle consent à faire mais demande, au préalable, que tous les juifs de la capitale perse, Suze, se soumettent à une journée de jeûne et de contrition afin que D- lui soit propice et favorise la requête qu’elle doit adresser au roi.

    Curieux roman que cette affaire qui s’est introduite dans la tradition scripturaire hébraïque depuis des temps immémoriaux et qui pose, de manière romancée et partiale, le problème qui a toujours accompagné le peuple juif, celui de l’antisémitisme ou de la judéophobie.

    Le rouleau d’Esther se présente de la manière suivante : un puissant monarque, roi des Perses et des Mèdes, dirige 127 provinces, pas une de moins. Il donne une fête somptueuse que l’auteur hébraïque décrit avec force détails : vaisselle en or, nourriture et surtout boissons alcoolisées abondantes, et pour finir, lorsque le roi est de très bonne humeur, il ordonne à son épouse, la reine, de venir se produire (littéralement) devant ses invités afin que tout le monde puisse admirer sa beauté. Je me demande ce que ce roi, nommé Assuérus, avait à l’esprit en donnant un tel ordre à sa chaste épouse, mais toujours est-il que la reine refuse de se donner en spectacle, et sa désobéissance provoque la grande colère du roi.

    Quand il reprend ses esprits, il réunit son conseil qui décide de chasser la reine (et probablement de la faire exécuter) et lance un vaste concours pour lui trouver une remplaçante.

    Et c’est là que le roi Assuérus jette son dévolu sur la belle Esther, une jeune fille juive qui cache son appartenance religieuse, à la demande de son oncle Mardochée. Devenue reine, elle apprend le complot que Haman trame contre son peuple et réussit, avec l’aide du Ciel, à le déjouer et à faire condamner le méchant qui est pendu ainsi que l’ensemble de sa famille…

    En fait, c’est une belle histoire qui a plusieurs implications :

    a) les auteurs ont voulu montrer que l’on pouvait vivre en bon juif à l’extérieur des frontières du royaume d’Israël, voire même accéder à la royauté, ce qui n’est pas rien. C’est donc une novellæ de l’exil, une sorte de billet adressée aux frères restés dans la mère patrie pour leur dire que la vie est tout aussi agréable à l’extérieur qu’à l’intérieur du royaume juif.

    b) On a un autre exemple biblique du même genre : l’histoire de Joseph, vendu comme esclave par ses frères et devenu vice-roi d’Egypte, ayant épousé la belle Asénét, la fille d’un prêtre local, et qui lui donna deux fils, Manassé et Ephraïm. Même topo, même message que le rouleau d’Esther : on peut rester juif et réussir, en dehors des limites du territoire. Encore un plaidoyer en faveur de la vie en diaspora.

    c) Le troisième enseignement, le plus important, peut-être, est que l’antisémitisme peut jaillir à n’importe quel moment et n’importe où, un peu comme un violent orage après un grand ciel bleu… Mais la leçon est la suivante : avec un peu d’intelligence (le complot de Mardochée, la participation d’Esther) et surtout le concours divin (le jeûne et les prières) on peut réduire à néant le funeste décret…

    Ce rouleau exprime aussi le wishfull thinking de l’ancienne théologie juive qui veut croire en une défaite de l’antisémitisme et de ses promoteurs : car le motif invoqué par le Premier Ministre Haman, premier antisémite violent (i.e. génocidaire) de l’Histoire, est la différence, l’altérité incarnée par les juifs qui ne sont pas comme les autres. D’où sa volonté de les exterminer.

    Le célèbre spécialiste allemand de la Rome antique au XIXe siècle, Théodore Mommsen, un historien protestant cher à mon cœur, a écrit ceci : en apparaissant pour la première fois sur la scène de l’histoire mondiale, Israël n’était pas seul, il était accompagné d’un frère jumeau… l’antisémitisme !

    C’est bien vrai et l’ancien grand rabbin d’Israël, Rabbi Ovadia Yossef, avec lequel je ne suis pas toujours d’accord mais que j’assure de ma très respectueuse considération, a dit avant-hier que la Perse a un nouveau Hamman, qui se nomme aujourd’hui Ahmaninedjad…

  • Israël, les USA et l’Iran

    Israël, les USA et l’Iran

    En apparence, mais en apparence seulement, des divergences semblent se faire jour entre la voie à suivre concernant l’Iran. Il n’est pas sûr que cette apparence soit soutenue par des effets solides. Les USA et Israël sont si proches et si solidaires militairement que L’Iran aurait tort de croire qu’il peut mener ses petites affaires à l’abri de toute attaque.

    Il faut bien cerner la personnalité de Benjamin Netanyahou. Certes, ce n’est pas un intellectuel même si son père, centenaire, a été un excellent professeur de philosophie médiévale juive. Il a écrit une thèse (encore rééditée) sur Isaac Abrabanel, philosophe juif et homme d’affaires, contemporain de l’expulsion des juifs d’Espagne en 1402. Benjamin Netanyahou est surtout un homme d’action et un militaire, même s’il n’a pas aussi bien réussi dans l’armée que Ehoud Barak.

    Il n’est donc pas du tout exclu qu’il se lance seul dans l’aventure, sans l’aval, mais avec l’appui discret des USA, lesquels ne peuvent pas, pour l’instant, déclencher la foudre contre la république islamique laquelle a déjà fait savoir qu’en cas d’attaque, elle s’en prendrait aux intérêts US dans la région.

    Alors, à qui a servi cette visite officielle de Benjamin N. aux USA ? Probablement à mettre la dernière main à une stratégie restée secrète qui combinera sûrement des sanctions économiques et des actions subversives.

    J’écoutais hier soir une télévision satellitaire arabe qui croyait savoir qu’Israël envisageait de déclencher une attaque grâce à des drones predators. Qui sait ? On sait seulement qu’Israël est très avancé dans ce domaine et qu’il n’a pas tout dit concernant cet aspect des choses..

    Attendons pour voir car il n’est pas exclu que les sanctions économiques accomplissent enfin leur effet.