Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 9

  • Les Etats du Proche Orient sont-ils normaux ?

    Les Etats du Proche Orient sont-ils normaux ?

     

    Que l’on se rassure, ce n’est pas moi qui ai originellement posé la question. J’ai lu l’interview dans le journal Le Monde de l’ancien chef de la sécurité générale au Liban, un officier supérieur dont le nom m’échappe présentement mais que vous pourrez retrouver en vous reportant à l’interview parue au milieu de la semaine dernière. Certes, ce général est un fidèle soutien de Bachar el Assad et il a tenu des propos qui ne laissent pas d’étonner, allant jusqu’à assurer que le régime ne sombrera pas, qu’il résiste même plutôt bien puisque 18 mois d’émeutes et de luttes acharnées n’ont pas réussi à l’abattre… Et d’autres phrases du même tonneau qui laissent entrevoir qua dans l’ancien système sécuritaire libanais, les partisans de la Syrie sont encore nombreux.

     

    Mais je souhaite revenir ce matin sur une phrase de ce général qui a retenu mon attention. A la question de savoir si la Syrie est un Etat normal (verbatim) le général a fait cette réponse étonnante mais qui est très instructive : connaissez vous un seul Etat normal dans ce Proche Orient ?  C’est le seul point de son interview sur lequel je le rejoins. Dans cette région du monde, pas un Etat n’est normal au sens où nous l’entendons, nous Occidentaux.

     

    Pas même Israël qui demeure, malgré tout, le seul ilot de démocratie, de progrès et de puissance, bref un authentique Etat de droit (medinat hoq). Mais même ici, et je l’admets totalement, la religion n’est pas séparée de l’Etat puisqu’il s’agit d’un Etat juif.

     

    Cette remarque d’un ancien responsable sécuritaire de la région est instructive à biens des égards : la logique cartésienne, telle que nous l’entendons et qui se fonde sur les principes aristotéliciens de l’identité et de la contradiction (1 est 1 et n’est pas 2, 2 est 2 et n’est pas 1) ces vérités d’évidence ne sont pas (comme dirait Descartes en parlant du bon sens) la chose du monde la mieux partagée.

     

    Ce constat nous ramène vers le conflit du Proche Orient dont les chancelleries occidentales commencent à admettre le caractère absolument insoluble. Dès que l’on arrive en vue d’un règlement qui pourrait convenir à toutes les parties, survient alors un événement, le plus souvent un attentat ou une action inattendue qui remet tout en question. Et c’est le retour à la case départ.

     

    En fait, même si nous autres cartésiens refusons de l’admettre car cela remet en question les fondements de notre appareil logique et même épistémologique, ce conflit a des racines religieuses sur lesquelles l’entendement sain (pour parler comme Rosenzweig) n’a aucune prise. LA diplomatie internationale, ce n’est la pas la Loi et les prophètes. C’est le pragmatisme, c’est l’action intelligente et subtile de se détacher doucement mais clairement des mythes fondateurs. En une phrase, c’est tourner le dos au fondamentalisme, le plus souvent religieux.

     

    Considérez la situation socio-économique de la plupart des Etats de cette région : tous auraient besoin, et de manière pressante, d’un assainissement économique et d’une ouverture politique menant à une démocratie. Et que font-ils ? Ils se livrent à une course folle à l’armement au lieu de bâtir une société libre fondée sur le droit.

     

    C’est triste mais c’est ainsi. Le principe de réalité  conduit inéluctablement à faire un tel constat. A moins que la Grâce…

  • Les élections américaines

    Les élections américaines

     

    Ce que je vois des élections présidentielles aux USA m’a fait penser à une réflexion, peu amène, d’un homme politique français, disparu depuis des années, un fidèle lieutenant de Valéry Giscard d’Estaing, Michel Poniatowski dont le fils siège depuis quelques temps au Sénat. Cet ancien ministre de l’intérieur avait dit que les grands hommes d’Etat se trouvaient de ce côté ci, de notre côté de l’Atlantique…

     

    Avait-il raison ou a-t-il encore raison ? Je crois qu’il disait cela à propos de Jimmy Carter. Mais ne pouvons nous pas reprendre ce jugement pour Barack Obama, même si M. Romney ne vaut guère mieux . Pourtant, de cette élection dépendent tant de choses en notre bas monde puisque l’Amérique est la plus grande puissance, la seule qui compte vraiment, depuis la disparition de l’URSS.

     

    Qui de Romney et d’Obama va l’emporter ? Le président actuel est réputé pour son indécision, ses atermoiements, voire son irrésolution chronique. Il veut un second mandat pour parachever ce qu’il lui reste à faire. Mais justement, qu’a-t-il fait ?

     

    Les Américains reprochent à leur président actuel de s’être arcbouté sur la couverture maladie universelle (ce qui est à mes yeux une nécessité morale, une ardente obligation) au lieu de lutter de toutes ses forces contre le chômage. Les Américains veulent du travail et une relance de l’économie. Le reste doit venir après car là-bas les salariés sont tous leur caisse d’assurance maladie chez leurs employeurs. En France, la mentalité est autre… Ce qui signifie que si vous avez un emploi stable, vous êtes bénéficiaire de l’assurance maladie… Obama a donc commis une erreur.

     

    Est ce que M/ Romney est meilleur ? Est ce que sa promesse électorale de créer 12 millions d’emplois est crédible ? Je le souhaite. Mais voici un homme dont certains aspects de son activité restent un peu flous. Cela dit, même son inexpérience en politique étrangère ne saurait être un argument puisque Obama n’en avait aucune lorsqu’il fut élu.

     

    Il se pourrait fort que les USA optent pour le changement et la mobilité. Espérons qu’il feront le bon car comme le dit le vieux prophète hébreu du Vie siècle avant Jésus, de leur paix et de leur prospérité dépendent notre paix et notre prospérité.

  • Mais où va donc l’Egypte de Monsieur Morsi ?

    Mais où va donc l’Egypte de Monsieur Morsi ?

     

    C’est bien la question que tout le monde se pose depuis une bonne semaine. Si l’actuel président égyptien, adeptes des Frères musulmans, donc un islamiste, a procédé à des nominations dans la haute hiérarchie militaire sans provoquer, pour le moment, de réactions violentes, on peut dire que c’était prévisible. Mais petit à petite, il se livre à une sorte d’opération de grignotage qui risque, à terme, de provoquer des réactions dont nul ne peut prévoir l’intensité.

     

    Monsieur Morsi n’a aucune expérience politique, il n’a jamais rien dirigé et son élection est presque due à un hasard puisqu’il a remplacé au pied levé un autre candidat, invalidé par la commission électorale en raison d’une affaire de double nationalité. Il commence chacun de ses discours par des références à Dieu. C’est bien, c’est même touchant, mais ce n’est, hélas, pas Dieu qui détermine l’économie d’un pays de 90 millions d’habitants et où règne la désespérance économique…

     

    Or, Monsieur Morsi entend déplacer l’Egypte et sa politique étrangère vers d’autres centres de gravité. Certes, il ne fera pas d’étincelles, eu égard à la pauvreté de son pays. Mais il a commencé sa tournée à l’étranger par une visite aux Saoudiens, grands soutiens de l’économie égyptienne mais aussi alliés indéfectibles des USA dans la région. Il avait besoin de l’appui du royaume wahabite qu’il convient de ne pas mécontenter si l’on eut pouvoir compter sur sa manne financière. Ensuite, il s’est rendu à Pékin et, pour finir, il est allé à Téhéran, une capitale avec laquelle l’Egypte a rompu depuis l’avènement de Khomeyni en 1979. Cette dernière visite ne prête pas à conséquence et ne veut pas dire grand chose, d’autant que les Iraniens ont trafiqué la traduction du discours de M. Morsi qui s’est livré à une violente critique du régime syrien… Mais les Iraniens ont remplacé Syrie par Bahreïn où la minorité sunnite opprime la majorité chiite… Quelles mœurs !

     

    M. Morsi n’ira aux USA qu’après. Est-ce un signe, un symbole, un message ? Pas vraiment. Nous aurions tort de croire que le monde entier pense comme Descartes ou Aristote ou les Evangiles. Le principe de l’identité et de la contradiction, que votre oui soit un oui et votre non un non… Dans cette culture et cette région du monde, on s’engage dans plusieurs directions à la fois.

     

    Et le dernier signe contradictoire est l’apparition d’une journaliste voilée à la télévision égyptienne alors qu’une telle chose était impensable du temps du Pr Moubarak. Alors que penser de tout cela ? Rien. Tant que ces gens n’auront pas compris qu’il faut d’abord assainir l’économie, donner du travail aux gens au lieu de faire du bourrage de crâne.

     

    Mais voilà cela exige que l’on retrousse ses manches et que l’on se mette au travail. Et àa, c’est nettement plus difficile que des jacasseries politiques.