Barack Obama, le crépuscule des Dieux (Götterdämmerung)?
Les fins de mandat sont comme des fins de vie : douloureuses, ingrates, désespérantes. Mais pour Barack Obama, elles le sont plus encore. Nous avons deux exemples de politique étrangère qui le prouvent à l’envi et dont toute la presse internationale parle : l’ouverture vers Cuba et les relations avec les états arabes du Golfe et l’Arabie Saoudite.
François Hollande s’est empressé d’occuper cette béance, cette place vide, et cela est de bonne guerre . Le chef de l’Etat français s’est sans doute souvenu de cette brusque et humiliante volte-face du locataire de la Maison Blanche qui, durant le weekend, change de braquet, ne veut plus bombarder la Syrie et laisse en plan, en rase campagne, son allié français qui avait déjà désigné à sa flotte de guerre les cibles à neutraliser… Cette manière de faire rappelait à la terre entière qu’on ne peut rien faire sans l’Amérique…
Barack Obama, on l’a déjà dit dans ces mêmes colonnes, n’a pas fait la bonne analyse des révolutions arabes, car il était effrayé par ces foules de manifestants qui lui rappelaient trop ce qui s’était passé à Téhéran, trois décennies auparavant. Du coup, le camp arabe modéré, avec à sa tête l’Egypte, se sent ulcérés par l’attitude d’un allié sur lequel ils pensaient pouvoir compter en toute circonstances et voilà que la spécificité des régimes politiques de la région lui échappait gravement.
Dans les deux cas, c’est la France qui s’est engouffré dans la brèche. Certes, le cas cubain porte moins loin mais tout de même, car quand bien même la France ne ramasserait que des miettes, sur le plan international, cette entrée en force a une valeur symbolique… Les Cubains savent que leur puissant voisin nord américain est incontournable et détient des atouts majeurs, mais la France peut aussi rendre quelques services.
Autrement plus grave est l’arrivée de la France dans les états du Golfe et l’Arabie. François Hollande a été l’invité d’une réunion de ces pays où le point en discussion n’était autre que la sécurité, en d’autres termes la survie de ces mêmes états, face à ce qu’ils considèrent être la menace iranienne… Ce qui se passe au Yémen voisin est un hors d’œuvre, une mise en bouche.
Les Saoudiens n’ont pas de véritable stratégie dans ce conflit et se contentent de bombarder à l’aveuglette pour retarder l’avancée des rebelles chiites. Et ceci cause des victimes civiles et créent ou va créer des catastrophes humanitaires. On sent, derrière ces tâtonnements , les hésitations US qui répugnent à s’engager dans un conflit régional, alors que B. Obama a déjà décidé de se désengager afin de se concentrer sur la menace que représente la Chine.
Stratégiquement, l’Asie est le continent de l’avenir, au niveau de sa démographie, de la richesse de son sous sol et du niveau de formation de ses habitants. Le Moyen Orient n’a plus la côte, en anglais US : it has outlived his efficiency… C’est la même phrase que les cyniques fonctionnaires du Département d’Etat avaient utilisée pour commenter l’assassinat de Sadate…
Un dernier élément motive la décision d’Obama : dans les prochaines décennies, les énergies fossiles ne seront plus primordiales et les monarchies du golfe auront perdu leur attrait. Les mêmes fonctionnaires US disent déjà que ces pays ne pourront même pas boire leur pétrole dont plus personne ne voudra car les énergies renouvelables auront pris la relève.
On peut cependant entrevoir une retombée positive dans la région, malgré tout le pessimisme ambiant : Israël multiplie les efforts pour ne dépendre de personne pour sa défense. Certes, l’allié US est indispensable mais chaque jour qui passe renforce la technologie de l’Etat juif. Et les Etats arabes modérés l’ont compris, même s’ils se refusent à le crier sur les toits. Les intérêts des uns et des autres convergent, selon l’adage bien connu : les ennemis de nos ennemis sont nos amis…
Mais quand tout cela se réalisera, le monde entier aura oublié un président US, probablement le plus impopulaire et le plus incompétent de l’Histoire.