L’Arabie saoudite et l’Iran
On avait déjà consacré un long blog à cette opposition de plus en plus violente et directe entre ces deux puissances régionales. Cette fois ci, on n’en est plus aux supputations mais aux constats : les ambassades et consulats saoudiens brûlent en Iran, lequel est coutumier du fait, souvenons nous de l’ambassade des USA à Téhéran, et les menaces se font de plus en plus évidentes. Il faut dire que l’Arabie a franchi toutes les barrières de la nature humaine : 47 exécutions le même jour, dont celle d’un cheikh chiite dont les Iraniens avaient exigé la grâce et cru l’avoir obtenue. Hélas, il n’en fut rien et les Iraniens avaient alors fulminé des menaces claires, allant jusqu’à parler d’un prix élevé que les Saoudiens auraient à payer après la décapitation du Cheikh…
Pour nous Occidentaux, de telles actions, en soi abominables, sont inimaginables. Mais pour les protagonistes, c’est monnaie courante. L’Arabie ne detient pas le triste monopole des condamnations à mort en place publique, avec exposition des cadavres des suppliciés. L’Iran a lui aussi un goût prononcé par les exécutions en place publique par pendaison. Bref, les deux ennemis se lancent des invectives et la tension a si fortement augmenté qu’une confrontation militaire directe n’est plus à exclure.
L’Arabie est très engagée en Syrie, au Yémen, à Bahreïn et plus discrètement en Irak. L’Iran, dans tous ces pays soutient les forces que les Saoudiens combattent. Un jour ou l’autre, ces deux pays qui luttent pour devenir la puissance hégémonique de la région, adoptent des positions absolument inconciliables. Même au plan économique, on peut déceler dans l’attitude des Saoudiens, des visées anti-iraniennes : Ryad préfère inonder le marché des hydrocarbures afin de contrecarrer les velléités de Téhéran de revenir en force sur la place mondiale et engranger des milliards de dollars dont il a bien besoin. Les Saoudiens savent que les USA et d’autres pays vont restituer les milliards de dollars bloqués en raison des sanctions de l’ONU et des USA. Cela va redonner de l’oxygène à une économie iranienne qui en manquait terriblement… Et si la manne pétrolière se surajoutait à cela, ce serait un encouragement aux Mollahs de Téhéran de jouer les grandes puissances, alimentant des foyers de tension.
L’Arabie préfère donc mener aussi une guerre économique, même si cela la pénalise en tout premier lieu. Que va t il se passer à présent ?
Au plan régional, dans la lutte contre Daesh, cela représente une brèche car l’Iran, d’un côté, l’Arabie, de l’autre, combattent l’EI, certes dans des coalitions opposées mais poursuivant le même objectif. Il y aura donc un affaiblissement.
Ce qui est prévisible, c’est que les USA vont devoir intervenir pour calmer les uns et les autres. Or M. Obama est doublement handicapé : d’une part, il rêve de se désengager du Proche Orient où les conflits sont insolubles, et d’autre part, il est en fin de mandat. Ce qui est une excellente nouvelle.
- Obama s’est mis à dos tous les alliés traditionnels arabes de l’Amérique, au point que même les Saoudiens ont pris des contacts informels à l’ONU avec les… Israéliens. Ne parlons pas des Egyptiens qui préfèrent acheter des armes aux Français alors que leur armée était équipée par les USA.
En conclusion, il ne faut pas s‘attendre à quoi que ce soit de nouveau, avant le remplacement d’Obama. Qu’elle passe vite cette année d’attente avant de pouvoir voir un visage nouveau à la Maison Blanche…